A l’occasion de la Journée internationale de sensibilisation au problème des mines et l’assistance à la lutte antimines, célébrée chaque année le 4 avril depuis 2006, la cérémonie officielle de lancement du Portfolio de lutte antimines 2016 s’est déroulée à l’Hôtel Onomo lundi dernier.
Elle a eu lieu sous l’égide de la Commission Nationale de lutte contre la prolifération des armes légères et de petit calibre (CNLPAL), en présence de sa Présidente, Mme le Général Kany Diabaté, et de Mme Mbaranga Gasarabwe, Coordinatrice Humanitaire du Système des Nations Unies (SNU) au Mali et Représentante Spéciale Adjointe du Secrétaire Général des Nations Unies.
Le premier responsable au Mali de l’entité des Nations Unies chargée de la lutte antimines (UNMAS), le Général Philippe Renard, a présenté à l’assistance l’état des lieux des besoins dans ce secteur dans notre pays, dressé le bilan des interventions de l’UNMAS, qui intervient au Mali depuis 2013 et appelé l’auditoire, les représentants des médias surtout, à s’impliquer fortement dans la sensibilisation des populations sur les dangers présentés par les mines, les autres restes explosifs de guerre et les engins explosifs improvisés, selon la terminologie consacrée.
En effet, dans beaucoup d’endroits du monde, les belligérants en conflit laissent encore derrière eux des dispositifs explosifs dangereux. Le Nord du Mali en est aujourd’hui le triste exemple. En outre, comme l’a souligné le Général Kany Diabaté, la circulation d’armes légères et les trafics transfrontaliers créent eux aussi de l’insécurité, à un niveau d’ailleurs souvent minimisé.
La Présidente de la CNLPAL précisera d’ailleurs que, contrairement à une idée fort répandue, les risques majeurs en matière de prolifération des armes légères au Mali sont plus liés à la fabrication d’armes artisanales sur toute l’étendue de notre territoire qu’à l’importation de produits de l’étranger, avant de mener un vibrant plaidoyer pour l’appropriation par les médias des stratégies de lutte mises en œuvre dans notre pays, l’information et la communication étant des éléments-clés pour atteindre les objectifs visés.
Mme Mbaranga Gasarabwe a, dans son discours, cité le Secrétaire Général de l’ONU, qui a, se référant au thème international 2016 de la Journée «La lutte antimines est une action humanitaire», attiré l’attention sur les conséquences particulièrement redoutables des mines dans les pays en crise, et prôné l’intensification des actions de déminage, de formations d’experts et des campagnes médiatiques sur le thème «Les mines tuent», afin de permettre aux personnes dans le besoin de recevoir une assistance et aux déplacés et aux réfugiés de retourner chez eux en toute sécurité.
Selon les statistiques collectées par l’UNMAS, depuis 2012, ce sont 93 incidents relatifs aux restes d’explosifs de guerre qui ont été recensés, faisant 178 victimes civiles, des enfants pour 60% d’entre elles. Quant aux engins explosifs improvisés, ils tuent de plus en plus, avec 515 victimes depuis juillet 2013, dont 95 morts, des Casques Bleus de la MINUSMA pour la plupart, suivis des soldats des FAMa et des civils (29%).
Les actions menées par les acteurs, au premier rang desquels l’UNMAS et l’UNICEF, dans la lutte antimines ont permis d’engranger des résultats appréciables en 2015. 104 restes explosifs de guerre ont été détruits, 438 939 mètres carrés de superficie déminés, 401 454 civils ont été sensibilisés aux risques explosifs lors de campagnes d’éducation au risque, 160 personnes handicapées ont été aidées en termes de réinsertion socio-économique et 224 patients ont été pris en charge psychologiquement et, en termes de physiothérapie, de rééducation et de dotation en prothèses.
Les forces armées et de sécurité ont bénéficié de formations ad hoc et 10 armureries et un centre de stockage de munitions ont été réhabilités, en même temps que des stocks d’armes obsolètes étaient détruits. Mais la lutte antimines est largement sous financées. Ainsi, pour 2016, il faudrait 8,7 millions de dollars pour mettre en œuvre 9 projets prioritaires dans les régions de Kidal, de Tombouctou, de Gao, de Mopti et de Ségou, montant sur lequel 7,5 millions sont encore recherchés.
Signalons que la célébration de la Journée internationale de lutte antimines s’est déclinée en de nombreuses activités, avec des matches handifoot, des courses de tricycles, des activités de sensibilisation à la menace explosive, des expositions de photos et des projections de films, sans oublier les briefings sur les activités humanitaires menées pour cette lutte au Mali, à Bamako comme à Gao, Tombouctou, Mopti, Kidal et Tessalit.
Ramata Diaouré