Journée internationale de la femme rurale : Plaidoyer pour la transformation des produits locaux

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Celle-ci va minimiser le gâchis, améliorer les revenus des productrices et contribuer à la mutation de leur statut

Notre pays, à l’instar de la communauté internationale, a célébré samedi la 16è édition de la Journée internationale de la femme rurale. Le village de Bagoundjé dans la commune rurale de Gounzoureye (cercle de Gao) a accueilli les festivités cette édition présidée par le Premier ministre, Mme Cissé Mariam Kaïdama Sidibé. Plusieurs membres du gouvernement dont le ministre de la Promotion de la Femme, de l’Enfant et de la Famille, Mme Konaré Mariam Kalapo, ainsi que la présidente de la Fédération nationale des femmes rurales du Mali (FENAFER), Mme Niakaté Goundo Kamissoko, le vice-président de l’APCAM, Mahamoud Ag Hattabo, le gouverneur de Gao, Mamadou Adama Diallo, ainsi que les autorités administratives, politiques et les notabilités de Bagoundjé, étaient présents.

La célébration de la Journée internationale des femmes rurales est une recommandation de la Conférence mondiale sur les femmes tenue à Beijing en septembre 1995. Elle permet d’exposer les problèmes auxquels les femmes rurales sont confrontées notamment en termes d’éducation, de santé, d’économie, d’accès à la terre, etc. Globalement, la journée est une opportunité pour la planète de réfléchir à la situation des femmes des communautés rurales et pour celles-ci de s’exprimer, de s’informer et surtout de se former. Partout dans le monde, les femmes rurales jouent un rôle important et méconnu dans la sécurité alimentaire tout comme dans le développement et la stabilité des campagnes. Le thème international retenu cette année est « Revendiquez votre droit à la terre et à la succession ».

Cependant, compte tenu des préoccupations nationales, notre pays a choisi le thème : « Genre, paix et sécurité, socle pour la production et la transformation des produits locaux ». En résumé : promouvoir la filière de la transformation dans un environnement sécurisé. A l’ambition globale de la paix, se superpose le souci de résoudre la question du gâchis d’une quantité importante des produits frais (légumes et fruits) non commercialisés faute de transformation. Les revenus des femmes productrices s’en trouvent réduits d’autant. Il y a donc nécessité de valoriser et de mieux commercialiser les produits exportés et de procéder à leur labellisation et leur certification.

Le thème de la Journée, note Mme Cissé Mariam Kaïdama Sidibé, cadre avec l’ambition du gouvernement de faire de l’agriculture le levier de la croissance économique et d’élever notre pays au rang de puissance agricole. Le choix du thème traduit aussi la volonté des pouvoirs publics de placer la question du genre parmi les priorités de sa stratégie de croissance accélérée grâce à la reconnaissance de la contribution des femmes au développement économique. Cette reconnaissance doit déboucher sur l’insertion des femmes dans les circuits productifs et sur la garantie d’un accès égal aux opportunités d’emploi et aux facteurs de production conformément aux objectifs de la politique nationale du genre adopté en novembre 2010.

Au regard des défis de la mondialisation, ceux de la sécurité dans la zone sahélo-sahélienne et des changements climatiques, le thème retenu est plus que d’actualité, a jugé le Premier ministre. Les femmes rurales sont, en effet, des actrices incontestables et incontournables de l’économie, du développement local et de la production agricole. Elles sont ainsi plus de 60 % à travailler dans le secteur primaire au Mali. Présentes tout au long de la chaîne agricole, du travail de la terre jusqu’à la transformation et la commercialisation, les femmes rurales contribuent pour plus de 75 % aux activités de production agricole. Elles produisent plus de 80 % de la production alimentaire et assurent quotidiennement la satisfaction des besoins nutritionnels de la famille.

Cependant, en dépit de leur forte implication et participation aux activités agricoles, les femmes rurales se heurtent, et ceci malgré les efforts du gouvernement et de ses partenaires, à nombre de contraintes qui empêchent leur production et leur productivité de se hisser à la mesure de leurs efforts. Entre autres contraintes, on peut citer les freins à l’accès, au contrôle et à la propriété de la terre, aux moyens de production (intrants, équipement), aux crédits, l’insuffisance des infrastructures, la faible formation aux techniques rurales et la commercialisation. Pour faire évoluer cette situation intolérable, le chef du gouvernement propose de sortir d’une logique d’assistanat proposé aux femmes rurales dans de nombreux programmes pour faire d’elles de véritables opératrices économiques, chefs d’entreprises du secteur agricole, capables d’apporter une valeur ajoutée à la croissance économique du pays. Cette mutation est possible par une mise à leur disposition de l’ensemble des outils méthodologiques, techniques, juridiques et financiers nécessaires au développement de leurs activités.

Mme Cissé Mariam Kaïdama Sidibé n’a pas laissé l’occasion de réitérer son message en direction des Maliennes dans le cadre des grandes échéances électorales et référendaires de 2012. Le poids démographique de la Malienne est un atout politique qui ne saurait être négligé ou instrumentalisé, a-t-elle soutenu en invitant les femmes à une mobilisation massive le jour du vote. Face aux multiples problèmes culturels auxquels les femmes rurales sont confrontées, la marraine de l’événement, Mme Haïdara Aïssata Cissé, député à l’Assemblée nationale, a invité les hommes à plus de compréhension. Les femmes, relève-t-elle, ne veulent surtout pas heurter en revendiquant leurs droits à la terre et à la succession. Cette demande qui doit se faire dans le respect, est cependant légitime, a-t-elle indiqué.

La présidente de la Fédération nationale des femmes rurales du Mali (FENAFER), Mme Niakaté Goundo Kamissoko, s’est référée au thème choisi pour estimer que le respect du genre dans un environnement de paix et de sécurité ne peut qu’assurer les conditions d’une meilleure production et transformation des produits locaux. Elle a cependant attiré l’attention des pouvoirs publics et de la population sur le respect de leurs droits de citoyenne à part entière et de par leur contribution au développement économique et social du pays. Le président de l’APCAM, Bakary Togola, qui était parrain de l’événement a remis aux femmes rurales un million de francs et des équipements maraîchers. Le gouvernement a offert 3 millions Fcfa et des équipements aux associations et groupements de femmes. Mme Haïdara Aïssata Cissé a aussi offert un million de Fcfa. Remise d’attestations aux femmes rurales les plus méritantes, expositions des produits locaux, sketches et conférence débat ont été les temps forts de cette 16è édition de la Journée internationale de la femme rurale cette année.

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DES DOLEANCES BRÛLANTES

En marge de la célébration de la Journée mondiale des femmes rurales, les autorités administratives et politiques de la Cité des Askia ont présenté au chef du gouvernement l’urgente nécessité de construire des salles de classe, d’assurer l’équipement et le fonctionnement normal et régulier des infrastructures sanitaires, notamment dans les villages. Ils appellent aussi de tous leurs voeux le désenclavement du cercle de Ménaka, la construction d’infrastructures pour abriter les services déconcentrés de l’Etat et le renforcement des capacités de forces de sécurité. La satisfaction de ces doléances permettra à la Cité des Askia de lutter contre la mortalité maternelle et infantile. Elle accroîtra également le taux de scolarisation et permettra de lutter contre l’insécurité grandissante à Gao. Le Premier ministre a promis l’appui du gouvernement dans la mesure des moyens de l’Etat.

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