Journée des communes : La dynamique de decentralisation en marche

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Le président de la République soumettra cette semaine à l’Assemblée nationale un projet de loi portant la création de nouvelles régions administratives et économiques.

Notre pays a perçu très tôt le principe de la décentralisation comme étant le système le plus adéquat d’organisation administrative. Il l’a inscrit en lettres d’or dans la Constitution de 1992. Le président de la République, Amadou Toumani Touré qui a été un acteur-clé de cette vision partagée des responsabilités (pour avoir dirigé la Conférence nationale) a présidé samedi la cérémonie d’ouverture de la 12è Journée nationale des Communes. Le terrain de basket-ball du Stade du 26 mars qui a accueilli l’événement a refusé ce jour du monde : responsables des Institutions de la République, membres du gouvernement, représentants du corps diplomatique, parlementaires, maires et autres conseillers communaux ainsi qu’une centaine d’invités de la coopération décentralisée venus principalement de la France avaient répondu à l’appel de l’Association des municipalités du Mali. Les femmes conseillères communales venues de tout le pays ont participé à la cérémonie après le Forum des femmes élues locales qui s’était ténu deux jours plus tôt. La particularité cette 12è édition de la Journée des communes est qu’elle s’est organisée concomitamment avec les assises de la coopération décentralisée qui ont porté sur le bilan et les perspectives d’une décennie de coopération dans le contexte de la décentration dans notre pays. Au cours des travaux, les élus municipaux et leurs partenaires ont développé des thèmes d’une brûlante actualité.

La question cruciale de la sécurité qui grève l’économie touristique de notre pays, en particulier dans le Septentrion, a occupé une place de choix dans les débats. Ils ont aussi parlé de la signature de l’acte additionnel portant création du Conseil des collectivités territoriales de l’UEMOA au mois de mai dernier par Amadou Toumani Touré, président en exercice de l’Union. Le rôle de la diaspora dans le développement de notre pays à cause de l’immense apport financier qu’elle apporte qui dépasserait le volume global de l’aide au développement a occupé une place de choix dans les débats dans l’ordre du jour. Le président de la République a remercié les invités de la France, du Canada et des autres pays pour avoir fait le déplacement. De même que les organisations non gouvernementales et les associations qui ont contribué et soutenu le développement de notre pays par la réalisation d’infrastructures de base dans plusieurs localités. « Nous avons fait des progrès mais nous avons également des défis à transcender car les attentes sont grandes », a estimé le chef de l’Etat pour qui la décentralisation est « un processus irrévocable que rien, ni personne ne peut arrêter ».

Le président de l’Association des municipalités du Mali, Boubacar Bah, a indiqué pour sa part que ces assises constituent un champ privilégié pour débattre de sujets d’intérêt commun, de partages d’expériences, d’évaluation de l’existant, de définition de nouveaux axes, permettant de faire de la coopération décentralisée un outil au service du développement. Pour corroborer cette analyse, le président du Haut conseil des collectivités, Oumarou Ag Ibrahim Haïdara dira que « cette rencontre offre des opportunités de la mise en place d’un « stock taking » d’interventions des différentes collectivités dans le cadre de la coopération décentralisée ». Ces rencontres se tiennent à quelques mois d’évènements importants et exceptionnels dans la vie de la nation. Il s’agit du référendum constitutionnel et des élections présidentielle et des législatives. Sur ces sujets, le chef de l’Etat a ténu à apporter quelques précisions. « Les reformes institutionnelles ont été initiées et proposées pour permettre à celui qui viendra au pouvoir de mieux conduire les destinées de notre pays. Elles vont lui rapporter quelque chose, pas en tant que président de la République mais en tant citoyen ». Pour ceux qui pensent que le président de la République aura plus de pouvoir dans la nouvelle Constitution, ATT a ténu à réaffirmer son intention de quitter le pouvoir dès que son mandat arrive à terme. « Je finis mon mandat et je souhaite bon vent à celui qui viendra après moi », a-t-il dit.

SANS DEVELOPPEMENT, PAS DE SECURITE. Le président Touré a également expliqué sa vision de la situation sécuritaire dans la bande sahélo-saharienne (8 millions km 2, soit ¼ du continent) aujourd’hui devenue un terrain de chasse des terroristes d’Al Qaeda pour le Maghreb islamique et des réseaux de trafiquants de tous genres. Pour le président de la République, seule une union des forces du Niger, de la Mauritanie, de l’Algérie et du Mali peut stopper durablement les agressions terroristes et le banditisme dans la bande sahélo-saharienne. Aussi, le chef de l’Etat a insisté sur le développement des régions du Nord de notre pays pour mettre les populations à l’abri du besoin et, du coup, à l’emprise des terroristes. « Sans développement, pas de sécurité », a insisté le chef de l’Etat pour qui l’occupation totale et durable du Septentrion est une nécessité. Le président Touré a révélé qu’il soumettra cette semaine à l’Assemblée nationale un projet de loi portant la création de nouvelles régions administratives et économiques. Le chef de l’Etat est convaincu que cette relecture de la carte nationale et un nouveau découpage du territoire permettront « de résoudre beaucoup de difficultés ». Le président Touré a expliqué que depuis plus de 50 ans le découpage territorial n’a pas fondamentalement changé, exceptions faites du District de Bamako, démarqué de la région de Koulikoro, la région de Gao qui a été éclatée pour donner naissance à la région de Tombouctou ou encore Kidal qui a créé pour des raisons politiques et de sécurité. Amadou Toumani Touré trouve l’actuel découpage administratif désuet au regard de la démographie galopante. En effet, en 1960, notre pays ne comptait que 4 millions d’habitants, aujourd’hui, nous sommes plus de 14 millions.  L’actuelle région de Kayes sera découpée en trois entités : les nouvelles régions de Nioro du Sahel, Kita et Kayes. Pour ce qui concerne la région de Sikasso, il y aura la région de Koutiala, la région de Bougouni et celle de Sikasso. La région de Ségou aussi sera divisée : la région de San et la région de San. L’actuelle région de Mopti sera éclatée en trois nouvelles régions : Bandiagara, Douentza et Mopti.

Le découpage de la région de Tombouctou a conduit à la création de la nouvelle région de Taoudéni pour prendre en compte cette bande désertique de notre territoire. Quant à la région de Gao, elle sera partagée entre les nouvelles régions de Ménaka et de Gao. Kidal gardera sa configuration actuelle. Le chef de l’Etat n’a pas oublié le District de Bamako. Mais à ce niveau, la reforme interviendra au niveau de l’élection du maire de Bamako qui se passera par les urnes comme à Dakar, Abidjan et autres. L’autre mesure importante annoncée par le Président Touré est la reforme judiciaire qui concernera spécifiquement le statut du Juge de paix à compétence étendue. C’est une seule personne qui instruit, qui juge et qui condamne. Il peut se tromper, estime-t-il. Il s’agit donc de reformuler la carte judiciaire avec la création de plusieurs structures comme les tribunaux de grandes instances, de cour d’appel, des tribunaux du travail et des tribunaux pour enfants. Cette mesure, dira le Chef de l’Etat, permettra de rapprocher davantage la justice des justiciables et de corriger certaines imperfections. Comme à l’accoutumée, le président de la République a échangé une chaleureuse poignée de mains avec chacun des participants à la rencontre. La traditionnelle réception offerte aux élus locaux n’a pas eu lieu cette année au Palais de Koulouba, mais au Parc national.

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