Dans un couple, le choix politique appartient à chacun

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Dans un couple, le mari et la femme peuvent-ils  faire des choix politiques différents ? Cette interrogation suscite sûrement des débats dans une société où la femme doit obéissance et respect à son époux, alors qu’en politique, ce n’est pas évident : chacun est libre de choisir son parti politique sans contrainte. Et aucune loi ne s’érige contre cette liberté.

Dans notre société, il est rare de voir un couple où la femme et l’homme militent dans des partis différents. C’est un phénomène qui n’est tout simplement pas apprécié par notre société car d’aucuns prétendent que la femme est obligée de suivre son mari partout où il va. Dans un couple, la femme et l’homme sont complémentaires. Dans le Code des personnes et de la famille, il est dit que la femme doit obéissance et respect  à son mari. Si cela est une réalité, ce ne sera pas facile pour les femmes de militer dans un parti politique différent de celui de son mari. Toutefois, le Mali étant un pays démocratique, chacun est libre de choisir le parti qui lui  convient, qu’on soit homme ou femme.

On se rappelle encore que sous l’ère du Président Alpha Oumar Konaré, il y avait un couple qui vivait en parfaite harmonie, mais qui militait dans des partis politiques différents. Le mari, lui, ne voyait aucun inconvénient à cela. Mais l’entourage ne le supportant pas,  il obligea le mari à faire pression sur sa femme pour qu’elle change de parti et adhère au sien. Mais le mari refusa catégoriquement, ce qui  surprit grandement ses voisins. En fait, le plus souvent, c’est cet entourage (c’est-à-dire les voisins) qui jettent du feu ou du fiel dans le ménage d’un couple, surtout si ses membres s’entendent à merveille. Dans un couple, la femme peut donc bien militer dans un parti autre que celui de son mari, et cela ne les empêche nullement de vivre en parfaite harmonie dans leur foyer. Puisque le Mali est un pays démocratique, il est bien possible pour les couples de choisir les partis qui leur semblent importants.

A chacun son avis

Mme Kadissa Kouréssi, présidente des femmes du CNID, estime que c’est la démocratique et que la femme et l’homme peuvent militer dans des partis différents. La preuve : elle ne milite pas dans le même parti que son mari. Elle va plus loin en disant : « Même dans une famille, le père, la mère et les enfants sont libres de choisir le parti qui leur convient ». Mme Mariko Korotoumou Théra du parti SADI, Coordinatrice-Régisseur UGIP/PADESC, pense que c’est un sujet très délicat qui mérite une analyse approfondie. «Dans des couples opportunistes, tout est possible. Le couple peut même décider de jouer à ce jeu au détriment de l’intérêt de leurs formations politiques. La question n’est tout simplement qu’un jeu d’intérêt pour eux », a dit Mme Mariko. Selon elle,  un couple où c’est l’homme qui a jusque-là mené des activités politiques, il est difficile que la femme fasse d’autre choix que celui de son mari si elle décidait aussi de s’engager politiquement, pour la simple raison que c’est le cas du « mâle dominant qui décide de tout ».

Toujours selon Mme Mariko Korotoumou Théra, dans un couple militant, cela n’est pas impossible, mais à condition que les deux conjoints se soient déjà engagés dans des formations politiques différentes avant de se connaître. « Par contre, si les conjoints ont par exemple un passé de lutte politique commune, la logique voudrait donc qu’ils militent dans le même parti puisqu’ils ont la même vision politique. Si par malheur ce n’est pas le cas, et qu’au fil du temps les idées du couple ne convergent plus, alors chacun peut rester sur sa position en défendant ce en quoi il ou elle croit : dans ce cas de figure, la vie de couple devient difficile. Tout dépend du point de départ du couple », a précisé Mme Mariko Korotoumou Théra. C’est dire que la société n’intervient que lorsque le couple est incapable de gérer lui-même son choix

Quand à Aminata dite « Niamoto » Diakité, présidente de l’Union des femmes du parti humaniste « Adamaden Ya Ton » et candidate à la prochaine élection présidentielle, elle indiquera que militer dans un parti est un choix personnel pour tout le monde. Elle estime qu’elle n’a pas de problème car selon elle, son mari n’est pas très politique, c’est-à-dire qu’il n’est pas dans la structure d’un parti politique. « Mais nous avons des échanges à la maison sur la politique, et on apprend chacun l’un de l’autre. Il est bien possible qu’une femme milite dans un parti différent, c’est une question de conviction, et la loi ne l’interdit pas», précise la candidate.

Une obligation morale et un choix pour les couples

Mme Aminata dite « Niamoto » Diakité pense que tant qu’on n’a pas perdu ses droits civiques, on peut militer dans le parti de son choix. Elle ajoute qu’il y a des femmes ministres,  ambassadrices, qui œuvrent dans des organisations internationales et sont des femmes exemplaires avec des foyers stables. «Socialement, c’est une obligation morale : tel est mon cas. Mon mari n’a jamais milité dans un parti politique. Aujourd’hui, nous sommes dans le même parti, même s’il n’est pas d’une structure du parti humaniste. Et tout ce que je fais sur le plan politique, social ou professionnel, c’est avant tout avec son accord et ses conseils », a-t-elle conclu. Par ailleurs, cette jeune femme est catégorique : elle n’acceptera jamais de suivre son mari dans son parti politique ! Elle explique que c’est d’abord une question de cœur et que dans un couple, personne ne peut obliger l’autre à militer dans le parti de l’autre. En tout cas, militer dans le même parti politique que son mari est avant tout une question de conviction, mais encore faut-il que vous ayez  les mêmes visions politiques.

 Salimata Fofana

 

 

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