Après Ouagadougou et Dakar, Bamako a accueilli hier 12 décembre 2013, un atelier national sur le thème « sécurité alimentaire : Quels enjeux pour les petits producteurs dans l’irrigation à grande échelle autour des barrages au Mali ? ». L’atelier qui s’est tenu à l’hôtel Mandé, a permis de partager les expériences nationales.
L’atelier d’hier faisait suite à l’atelier régional sur le même thème organisé à Ouagadougou les 10,11 et 12 juillet 2013, qui a permis de consolider les messages issus de 3 études de cas menées au Burkina (barrage de Bagré), au Mali (barrage de Sélingué) et au Sénégal (barrage de Niandouba).
Il a regroupé une cinquantaine de participants représentant les structures concernées par l’irrigation à grande échelle au Mali : organisations de producteurs, Directions nationales, recherche, société civile, organisations régionales, bailleurs, etc. Organisé par l’Office de développement rural de Sélingué en partenariat avec la Globale water initiative (GWI) au Mali, la rencontre d’hier consistait à partager les expériences et échanger sur les aspirations, les contraintes de production et les enjeux autour de la sécurité des moyens de subsistance des différentes catégories d’agriculteurs présents sur les grands périmètres irrigués. Les débats se sont appuyés sur la restitution de l’étude de cas du barrage de Sélingué au Mali réalisé entre mars et juin 2013 dans le cadre de la GWI.
En ouvrant les travaux, le Commissaire à la sécurité alimentaire, Cheick Sidi Yaya Diaby, a souligné que « comme dans la plupart des pays de l’Afrique subsaharienne, l’économie malienne repose essentiellement sur l’agriculture. Elle emploie 75% de la population et contribue au Produit intérieur bruit (PIB) à hauteur de 40% ».
Il a ajouté que « la culture du riz, principal aliment de l’alimentation quotidienne des Maliens, contribue à elle seule pour environ 5% du PIB du pays. Sa part dans la valeur ajoutée augmente avec l’intensification des flux commerciaux vers les zones urbaines. Néanmoins, malgré l’augmentation croissante de la production, le Mali est obligé de faire recours des importations pour couvrir ses besoins en riz.
Ainsi, 45% du riz commercialisé sur le marché national proviennent des importations. Une situation qui justifie l’attention particulière dont jouit la riziculture dans les politiques nationales en matière de sécurité alimentaire ».
En effet, au Mali, comme ailleurs en Afrique de l’Ouest, la politique nationale de la riziculture cherche à combiner deux objectifs à savoir l’augmentation de la production pour satisfaire aux besoins nationaux en riz et réduction de la pauvreté.
Une volonté politique qui n’empêche cependant pas que la riziculture, devenue principale culture vivrière irriguée ne soit confrontée à de nombreuses difficultés. Celles-ci ont pour noms aléas climatiques, faiblesses des investissements dans le secteur, mauvaises pratique culturales, pression foncière, manque d’infrastructures… pour ne citer que celles-là. L’accès et la sécurité des moyens de subsistance des populations rurales reparties en plusieurs catégories d’usagers, reste un problème épineux. La question de la maitrise de l’eau, en particulier, est cruciale, pour une culture comme celle du riz. La politique nationale prône l’utilisation des grands barrages pour stocker l’eau et permettre, en plus de produire de l’électricité le cas échéant, une irrigation à grande échelle en double culture. Les pays du basin du Niger envisagent ainsi de quadrupler les investissements dans l’irrigation à grande échelle pour couvrir 2 million d’hectares d’ici 2020.
Une étude de cas du barrage de Sélingué au Mali dans le cadre de la globale water initiative a démontré que les producteurs de riz de l’Office de développement rural de Sélingué font face à un certains nombres de contraintes tant dans la gestion de leur exploitation que de celle du périmètre irriguée dont la production est bien inférieur aux résultats escomptés.
La gestion du périmètre autrefois centralisée au niveau des services techniques commence à connaitre une participation des exploitations mais cette tendance nécessite d’être poursuivie. Renforcer les relations entre l’Etat gestionnaire et les producteurs au tour d’un objectif commun permettrait, de révéler les défis d’une riziculture intensive en tenant compte des spécificités et des besoins des différents types de producteurs toute au long de la chaine de valeur (de l’obtention des crédits pour les intrants jusqu’au marché). C’est dans cette voie s’inscrit le partenariat entre l’Office du développement rural de Sélingué (ODRS) et la Globale water initiative (GWI) au Mali.
Youssouf Coulibaly