Situé dans le cercle de Dioïla, arrondissement de Banco, Diogo est un vieux village créé depuis le temps du royaume de Ségou avec comme fondateur Bassakoro Coulibaly. Le village est respecté pour sa tradition, son unicité et sa culture. Sa chefferie est assurée par la lignée des Coulibaly, fondateurs du village.
L’intronisation du chef de village se fait dans une atmosphère générale de fête et obéit à un certain nombre de principes traditionnels inviolables. C’est dans cet esprit que les fils et les filles de Diogo ont, le dimanche 8 novembre 2015, intronisé Madou Coulibaly, 22ème chef du village, succédant ainsi à Adama Coulibaly décédé le 27 septembre 2015.
Trois mois après le décès du chef de village, un nouveau chef est intronisé. Mais avant, la transition a été assurée par le chef de village par intérim choisi dans la lignée des Diarra, Togola ou Mariko comme l’exige la tradition. L’intérim est assuré de façon tournante et peut choir même à un enfant de 15 ans si son tour arrive et ses décisions sont respectées de tous. Cet honneur était revenu à Chaka Diarra qui a cédé le trône, ce 8 novembre, à l’héritier légitime en la personne de Madou Coulibaly, (appelé par ses petits fils Madoudjan et Bamadou par ses fils) qui l’a reçu avec les honneurs dignes d’un roi.
Au cours de cette cérémonie, toutes les étapes de la tradition ont été respectées. Du port du bonnet mystique, le ‘’Tjilamini (une phase mystique de l’intronisation du chef de village), à la procession autour des tombeaux en hommage aux anciens chefs, etc. Ce fut une grande fête qui a été prise d’assaut par les ressortissants de Diogo à l’intérieur et à l’extérieur du pays et les populations des villages environnants.
Madoudjan intronisé sous des centaines de coup de fusils
L’intronisation du chef de village de Diogo n’est pas seulement une fête en soi, elle est entourée de beaucoup de mystères. Avant son intronisation, le futur chef du village fait un bain de foule au cours duquel il offre des cadeaux constitués de cauris, de colas, d’argent etc. Selon la tradition, ces cadeaux portent bonheur. Il est accompagné à cette occasion de son potentiel successeur au trône.
A 14 heures, tous étaient au rendez-vous sur la place publique pour l’occasion.
Le bonnet, l’insigne du pouvoir
Le bonnet magique porté par le nouveau chef n’est pas un bonnet ordinaire, il représente les charges qui lui incombent. A cet effet, il nous est revenu que ce bonnet pèserait très lourd sur la tête du chef et que son poids pourrait faire écrouler son porteur. C’est l’insigne du pouvoir qui autorise le chef à assumer.
Madoudjan, accompagné d’une grande foule composée de chasseurs, d’artistes, de ses fils et petits fils, a été conduit sur la place publique sous des coups de fusils. Selon la tradition, ces coups de fusils permettent d’alléger le poids du bonnet sur la tête du chef, c’est pourquoi, ils sont si intenses. De la place publique, le nouveau chef fait trois fois le tour des tombeaux de ses prédécesseurs avant de s’asseoir sur son trône.
Au nouveau chef, le chef d’arrondissement de Banco, Sékou Touré a demandé de mieux gérer le village en mettant notamment un accent particulier sur la sécurité, l’éducation, la santé etc. « Vous avez toutes les qualités d’un bon chef », a-t-il affirmé.
Conscient de ses charges, le nouveau chef de village de Diogo, Madoudjan a sollicité l’accompagnement de tout le village pour la réussite de sa mission.
Drissa Togola *Envoyé spécial à Diogo*
Bassakorobougou, comme un site touristique !
Le tombeau de Bassakoro Coulibaly, fondateur de Diogo entouré par une case appelée Bassakorobougou est de plus en plus visité par les étrangers. Ils s’y rendent pour émettre des vœux qui sont le plus souvent exaucés. Selon la légende rapportée par un vieux du village interrogé par nos soins, c’est un mystère. « Bassakoro Coulibaly était un saint bambara. Personne n’a ni vu son corps, ni l’enterré. Mais, avant sa mort, il avait informé sa femme que lorsqu’il disparaitra, elle verrait sa flèche plantée sur son tombeau. C’est ainsi qu’à sa disparition une flèche a été retrouvée plantée à un endroit que les habitants ont supposé être son tombeau et y ont construit une case tout autour. Le lieu est devenu un endroit où les gens viennent émettre des vœux qui sont pour la plupart exaucés. En retour, les visiteurs déposent des cadeaux qui peuvent être emportés par n’importe quel habitant du village ».