En manchette des canards cette semaine des échauffourées à Yirimadjo, mettant en scène des conducteurs furax contre une flicaille vexée et une populace opportuniste qui déverse son trop-plein, d’une part, et, d’autre part, une mystérieuse affaire de prétendus assassinats de deux jeunes, par la Gendarmerie, à Konna, sujette à des déclarations aussi aberrantes que vindicatives. Pendant ce temps, le sportif en chef se démène dans une mythomanie sans fard.
À l’INTOX fertile, nous opposons la DÉSINTOX.
Voici pour vous les croquantes PÉPITES de la semaine.
Les bagouts
INTOX
Selon le confrère ‘’Le Républicain’’, le président du Conseil malien des transporteurs routiers (CMTR), Youssouf TRAORE, suite aux violents incidents qui ont opposé populace et flicaille, à Missabougou, et qui auraient fait un mort et trois blessés : « les policiers accordent moins de considération pour les transporteurs. Les transporteurs sont toujours victimes de vexations (…) ».
DÉSINTOX
Il n’est pas à exclure que les deux partenaires ne s’estiment et ne se respectent pas particulièrement. L’hypothèse est même très probable, à en croire les bagouts qui ne sont pas toujours dénués de tout fondement. Dans ce je t’aime, moi non plus, il semble que les transporteurs rentiers sont vexés par le manque de considération de la part de la flicaille de la circulation routière. À l’inverse elle aussi est vexée par les conducteurs qui refusent d’obtempérer. Entre les deux qui dit vrai ? Il paraît qu’aucun des deux n’a jamais dit vrai, parce que cela n’est pas dans leur ADN de dire la vérité. Bon, on ne change pas la nature par un coup de baguette magique. Donc, l’équation risque de rester entière même à la clôture de l’enquête si elle ne se plantait pas en cours de route à l’instar de beaucoup d’autres par le passé.
« (…) Il est nécessaire de matérialiser les carrefours de contrôle ».
Il n’était pas nécessaire d’attendre un incident grave pour rappeler au bon souvenir des autorités la nécessité de matérialiser les carrefours de contrôle. Il y a là une défaillance du Conseil malien des transporteurs rentiers. Après ce qui s’est passé à Baguinéda, Yrimadjo et le week-end dernier à Missabugou, le défi devrait être de matérialiser les carrefours et d’œuvrer à la professionnalisation des chauffeurs pour qu’ils sachent leurs droits et devoirs et sortir des petits arrangements qui ne les arrangent pas sur le long terme et gangrènent chaque jour davantage le secteur des transports. Les rentiers eux-mêmes commençant à être plombés par les balles de la flicaille.
L’incivisme
INTOX
« Selon les témoignages de la victime, un policier s’est présenté aux environs de 11 heures pour lui retirer son cahier du véhicule sous prétexte qu’il aurait refusé d’obtempérer. Selon lui, c’est ainsi que ses collègues se sont rués sur lui en le frappant provoquant le mécontentement des autres usagers qui sont venus à son secours ».
DÉSINTOX
Les flics, sous nos cieux, ne sont pas des modèles de sainteté. Tant s’en faut, et ce n’est d’ailleurs un secret pour personne. Ils sont réputés se livrer au racket, à des abus de pouvoir par moment, à des tracasseries sur les usagers de la voie publique… Cela ressemble à leur tare congénitale. Ils sont précédés d’une très sulfureuse réputation, en raison de leur délicatesse avec le fric bien ou mal acquis. L’âpreté au gain est leur crête, leur signe fonctionnel qui les conduit à de nombreux écarts et abus.
Par ailleurs, certaines violences seraient exercées au niveau des Commissariats de Police pour obtenir des aveux, selon les organisations de défense des droits de l’homme.
Ce qui est moins pertinent, c’est que pour un refus de donner son cahier, plusieurs agents s’acharnent sur un chauffeur, au point de nécessiter l’intervention de badauds. Le Mali n’est pas, pour le moment, le Far West où Diango tire le premier.
Pis, la chronologie des faits n’est pas à l’avantage du chauffeur. Elle montre, en effet, que celui-ci s’est d’abord rendu coupable d’incivisme, de désobéissance à l’autorité. Quand un agent, dans l’exercice de ses fonctions, demande un cahier, on le donne. En serait-on jamais arrivé là si la victime avait obtempéré comme tout bon citoyen ? Assurément non. Il faut arrêter de jeter de l’alcool à brûler sur des plaies pas cautérisées. Le Mali n’est pas encore totalement stabilisé.
En ce qui est de la réaction de la populace, elle n’est que la résultante d’une antipathie vis-à-vis de la Police à qui l’on reproche beaucoup de dérives et un message fort à l’endroit des autorités : la moindre étincelle peut mettre le feu aux poudres. Il y a comme une poudrière qui peut exploser à tout moment. Attention aux signes des temps.
L’impunité
INTOX
« À l’en croire, quelques instants plus tard, le Commandant CCR est arrivé sur les lieux. (…) le Commandant aurait lui-même compris la gravité du comportement adopté par ses agents et aurait enlevé cinquante mille francs CFA de ses poches pour donner à la victime pour des premiers soins ».
DÉSINTOX
Geste humanitaire, prime à l’impunité ou fuite en avant. L’acte du Commandant CCR peut être diversement interprété. Qu’il dégaine immédiatement 50 000 FCFA pour les premiers soins du chauffeur blessé prête à confusion. Cela peut être compris comme une tentative de corruption de la victime : tu passes voir les toubibs et puis on passe l’éponge sur l’affaire. Ni vu ni su. De la part d’un représentant de la Loi, cela représente une faute grave. Ce qui est attendu de lui, c’est de faire la lumière sur ce qui s’est passé est d’infliger des sanctions si nécessaire pour que de tels actes ne se répètent plus. Parce que le seul drame dans le bled est l’impunité qui est le lit fécond aux pratiques répréhensibles.
Un autre aspect de la générosité intéressée du flic en chef, c’est que lui, à son niveau, ne tire pas le diable par la queue pendant que beaucoup de Maliens ont arraché cette queue à force de tirer dessus. À moins que la CCR ne soit vraiment une vache laitière. C’est en tout cas, ce que laissent croire les conducteurs de transport en commun qui doivent quotidiennement mettre dans la cagnotte un montant précis. Est-ce une partie de cette contribution involontaire qui alimente le fonds social dont vient de bénéficier, ironie de l’histoire, un conducteur ? Dans ce business, beaucoup de cas de figure sont envisageables.
Le plaidoyer pro domo
INTOX
Le confrère RFI rapporte : « selon un collectif qui réclame justice, les deux jeunes natifs de la localité de Konna, au centre du Mali (présumés assassinés par la Gendarmerie), revenaient du Nord où ils avaient vendu des bœufs ».
DÉSINTOX
Franchement, ce plaidoyer pro domo est un peu trop tiré par les cheveux. Il est possible qu’il y ait eu une bavure qui a conduit à la mort des deux jeunes en question. Cela arrive même aux armées les plus professionnelles du monde. Mais il y a deux choses qui interpellent.
La première est qu’ils n’étaient pas les seuls occupants du car duquel ils ont été descendus et pour être conduits au Poste de gendarmerie. Il y avait bien d’autres qui, après avoir montré patte blanche, n’ont nullement été inquiétés.
La seconde chose, qui heurte le bon sens élémentaire, est d’affirmer la vente de bœufs au Nord qui est la partie la mieux lotie en matière de cheptel. La Fédération nationale du groupement interprofessionnel de la filière bétail viande au Mali (FEBEVIM), au cours d’une conférence de presse, en 2012, disait qu’avec un cheptel estimé à 9 millions de bovins et 32 millions d’ovins-caprins, l’élevage occupe une place très importante dans l’économie malienne. Et d’affirmer que 50 % de ce cheptel se trouvait au Nord. On voit mal que le bétail de Konna est vendu au Nord. D’ailleurs, au Nord où précisément ? Parce qu’il s’agit tout de même de trois régions.
Subsidiairement à ces deux observations, le Nord n’est pas la meilleure destination en raison de l’insécurité qui y règne.
Mieux, traditionnellement c’est au Sud que le bétail est vendu. Et proche de Konna, c’est Fatoma qui est la plaque tournante de la vente d’animaux. Qu’est-ce que les deux fameux jeunes, dont le sort semble susciter autant d’émotion, sont-ils allés foutre au Nord avec leurs bœufs ? Évidemment qu’il y a des zones d’ombre que des informations discordantes dissipent. Selon elles, les jeunes en question s’étaient fondus dans la nature en même temps que les djihadistes qui avaient temporairement occupé Konna, à la suite de la débâcle de ces derniers. C’est quand la situation s’est tassée qu’ils auraient tenté de rentrer, candidement, chez eux. La Gendarmerie n’a pas été assez naïve pour laisser passer des personnes soupçonnées de terrorisme. Ce qui ne justifie cependant nullement une exécution extrajudiciaire qui devrait également être formellement établie.
Fausse allégation
INTOX
Baba NDAO, conseiller communal de Konna, suite à l’exécution présumée de deux jeunes, défend sur les antennes de RFI : « évidemment ce ne sont pas des jihadistes. Ce sont des jeunes qui sont nés et ont grandi à Konna ».
DÉSINTOX
Le très cher conseiller, ne fait pas dans la dentelle dans la défense de ses deux administrés, en affirmant tout de go qu’ils ne sont pas des djihadistes.
Pourtant, ce n’est pas parce qu’ils sont nés et ont grandi à Konna qu’ils n’en seraient pas un. La preuve est qu’Iyad Ag Ghaly est bel et bien né à Boghassa, dans la région de Kidal, au Mali. Il n’en est pour autant pas moins le chef sanguinaire d’Ansar Eddine (les défenseurs de la religion) et plus récemment de Jamaat Nasr Al Islam Wa Al Mouslimin, une fusion d’AQMI au Sahara, Ançar-Dine et le Front de libération du Macina (ou katiba Ansardine Macina). C’est cet Iyad qui est l’initiateur de l’offensive lancée sur le Sud. Le 9 janvier 2013, il dirigea personnellement l’assaut de la ville de Konna qui est conquise. Ce sinistre individu qui est la figure emblématique du djihadisme dans notre pays n’est pas venu d’ailleurs. Il a vu le jour ici et c’est ici qu’il sème terreur et désolation par des attaques qui n’épargnent même plus les civils. Pourtant, il est des nôtres. L’appartenance à une ville ne met pas à l’abri de velléités djihadistes, comme on l’a vu à Gao ou Tombouctou pendant la période de l’occupation avec des natifs qui revêtent la tenue de chef de la Police islamique. Ces obscurantistes étaient les pires tortionnaires de leurs propres frères. La prudence doit être de mise quand on défend des gens au passé obscur à l’instar de ces jeunes qui auraient disparu, si l’on en croit ce conseiller aux penchants mythomanes.
« Ce sont des gens qui ne savent même pas ce que ça veut dire le terrorisme ».
Il faut arrêter de prendre les gens pour des benêts. Terrorisme, c’est le terme le plus prononcé dans ce pays depuis une dizaine d’années. Ce n’est pas qu’une expression, une science-fiction, mais c’est une réalité presque quotidienne à laquelle les gens sont confrontés. L’attaque de Konna dont sont issus les deux jeunes qui auraient été assassinés nuitamment n’était ni plus ni moins qu’un acte terroriste, tout comme les véhicules civils et militaires qui sautent sur les mines antipersonnel. Un ressortissant de cette localité ne peut pas prétendre n’en rien connaître. À la décharge des jeunes, c’est l’avocat du diable qui le dit, non les personnes concernées. Parce qu’au regard de certaines révélations, il serait injurieux pour l’intelligence collective de soutenir une telle position.
La mystification
INTOX
Selon le ministre des Sports, Housseyni Amion GUINDO, dans un one man show sur les antennes de Canal +, au cours du débat ‘’talents d’Afrique’’, affirmait : « Il n’y a pas eu de manifestations pour me demander de revenir sur ma décision, parce que tout simplement les gens en avaient marre de la crise ».
DÉSINTOX
Ah ! Malhonnêteté intellectuelle quand tu nous tiens ! Il est exact que des individus manipulateurs de l’opinion et qui n’ont jamais pu se faire une place à l’ombre de Baba DIARRA, le président de la FEMAFOOT, soutiennent la décision du ministre. La preuve est ce meeting tenu le samedi 15 avril dernier en soutien au comité de normalisation dirigé par Sidy DIALLO, au Pavillon des Sports.
Une autre preuve est la marche programmée hier de ses partisans, pour soutenir les décisions très controversées du ministre-président de club. Il s’agit des décisions n° 2017-0011/MS-SG du 08 mars 2017 et n+2017-0012/MS-SG du 14 mars 2014 portant respectivement dissolution du Comité exécutif de la FEMAFOOT et mise en place d’un Comité de normalisation du football malien (CONOR).
Mais ces soutiens perlés et opportunistes ne suffiront pas à cacher la forêt des manifestations contre les décisions de Poulo considéré par nombre d’amateurs et d’acteurs du foot comme le fossoyeur du football malien, semble-t-il, pour des intérêts sordides. Lesquels comprennent l’avenir immédiat de notre sport roi.
Contre Poulo, en effet, il y a le Collectif des supporters des 13 clubs de la ligue I et les 6 ligues régionales de football qui ont organisé, le 9 mars dernier, au terrain Sakaly de la commune II du district de Bamako, un meeting géant pour manifester leur mécontentement par rapport à la situation actuelle du football malien. Il s’agissait aussi pour eux de demander au ministre des Sports de revenir sur sa décision de dissoudre le Comité exécutif de la Fédération malienne de football dirigée par le Général Boubacar Baba DIARRA. Cette manifestation faisait suite à un meeting tenu le 22 mars dernier, sur le terrain de l’AS Réal de Bamako, par le même Collectif des supporters des 13 clubs de la ligue et les 6 ligues régionales de football.
Ces manifestations sont la preuve, s’il en était besoin, que les décisions footballticides de Poulo sont aussi arbitraires qu’impopulaires.