Balayer devant sa porte est une bonne habitude que les Bamakois, voire les Maliens, ont perdu aussi bien au sens propre qu’au figuré. Nous sommes tellement habitués à fouiner dans la maison des autres, à lorgner dans la case du voisin pour mieux découvrir ses défauts que nous oublions d’entretenir notre propre jardin. À force de négligence, Bamako est devenue une ville très sale, même trop sale en de nombreux endroits avec des monticules d’ordures. Mais nous sommes tellement habitués à cette insalubrité qu’elle est maintenant invisible à nos yeux, donc «normale». Heureusement que nos hôtes et les Maliens de la diaspora, de retour au bercail, nous le rappellent sans cesse.
«Bamako est une ville est sale. Et tous ceux qui veulent le changement, doivent comprendre qu’un pays sale ne peut pas se développer. C’est impossible !» déplorait une amie bloggeuse habitant Atlanta (Géorgie, USA) et présentement en vacances à Bamako. Tout processus de changement et de développement commence «par un environnement propre et sain». Et comme elle le dit si bien, la propreté ce n’est pas seulement l’hygiène corporelle, se parfumer, balayer sa chambre. C’est aussi vivre dans un environnement assaini. On ne peut se revendiquer propre quand la devanture de sa maison est sale, quand les caniveaux sont remplis de pourritures et de déchets… Malheureusement, à Bamako, on s’en accommode. En témoignent ces nombreux Grins de vieux et surtout de jeunes, ces gargotes et autres vendeuses de frites et de brochettes qui cohabitent avec des caniveaux débordants et nauséabonds. Et les clients viennent, achètent, mangent, causent et s’en vont, sans se soucier de cet environnement insalubre à la source de nombreuses maladies comme le paludisme, la fièvre typhoïde, les maladies diarrhéiques dont les victimes silencieuses ne se comptent plus. Ne vous obstinez surtout pas à leur rappeler les risques sanitaires auxquels ils s’exposent. Et il faut vraiment être audacieux pour aborder avec eux leur responsabilité dans l’assainissement de leur environnement. De quoi je me mêle !
Pour tous ces gens, l’assainissement de leur cadre de vie est une mission exclusive de la mairie, des autorités nationales… Eux, se contentent de balayer leurs maisons pour venir déposer les ordures dans la rue. À la mairie de s’organiser pour les ramasser. Une mission incertaine d’autant plus que la majorité des GIE initiés pour le ramassage des ordures ont fait faillite, parce que les ménages ne payaient pas leurs services. Ces ordures finissent dans les caniveaux, avant d’être drainées par les collecteurs dans le fleuve Niger, cette source vitale pour des millions de personnes riveraines.
Un engagement citoyen de la jeunesse
Pourtant, ce ne sont pas les autorités municipales et le gouvernement qui vont directement assumer les conséquences, comme les ordonnances et les frais d’hospitalisation à notre place. Réapprenons donc à balayer devant notre maison, dans tous les sens du terme. Comme dans le temps, les jeunes peuvent s’organiser dans les rues, les quartiers pour trouver un jour dans la semaine ou une date dans le mois pour assainir leur cadre vie. Il est vrai qu’on ne peut pas trop compter sur les élus communaux pour les équipements et le ramassage. Mais nous sommes convaincus que de telles initiatives bénéficieront toujours du soutien de certaines bonnes volontés. Aujourd’hui, il n’y pas un engagement plus citoyen et un choix plus judicieux que l’implication civique de la jeunesse dans la protection de l’environnement ainsi que l’amélioration du cadre de vie des citoyens.
Comme le dit Cheick Oumar Doumbia, président de l’Association Youth For Change Mali (YFC/Mali), «Plus qu’une nécessite, c’est l’obligation». Une prise de conscience qui amène aujourd’hui Youth For Change Mali à lancer son projet d’assainissement. Une initiative qui vise non seulement à ramener la propreté au sein de nos localités, mais aussi enseigner les bonnes pratiques et inclure la jeunesse dans le processus de maintien d’un cadre de vie sain pour chaque Malien.
Comme l’a toujours prêché Martin Luther King, «nous pouvons tous être merveilleux, car nous pouvons tous servir». Et comme le souhaite Youth For Change-Mali, soyons meilleurs en servant nos villes et embellissons-les ensemble. Gage de notre bonne santé, notre cadre de vie est trop précieux pour que son environnement soit laissé à la volonté d’autorités qui se soucient très rarement des citoyens ordinaires.
Moussa BOLLY