L’euphorie aidant et la fougue sans doute aidant, des Maliens perdent la tête au mauvais moment et au mauvais endroit la tête. C’est le moins que l’on puisse dire en les voyant autour du rond-point de l’Indépendance piaffant d’impatience pendant la montée des couleurs ou vice-versa. En ce moment crucial, ils ignorent, sans doute, que le drapeau national est sacré. Il s’agit là d’une hérésie. C’est à la limité, un attentat à un symbole de la République du Mali.
Le drapeau du Mali, légalement défini, après l’éclatement de la Fédération du Mali, arbore trois couleurs. Il s’agit du vert, jaune et rouge. Ces barioles ont toute une signification chargée d’histoire.
Les historiens savent au moins que la couleur rouge faillit être la bannière de la France plutôt que le tricolore. C’est-à-dire le bleu-blanc-rouge. C’est un discours de Lamartine qui en décida autrement.
Récemment, après l’éclatement de la défunte Urrs, une des premières mesures prise par Boris Elstine consista à bannir le drapeau rouge estampillé d’un marteau et d’une faucille remplacé par les couleurs de la Russie des Tsars de Catherine II et de Boris Goudonov.
Il y a lieu de rappeler que du temps de la Fédération du Mali, il y avait un symbole sur son drapeau, le Kanaga tiré d’un masque. ATT ne nous démentira pas. Le symbole cela signifie comme dirait Rolland Barthes ou André Martinet.
Pour faire mal aux Américains, les Iraniens tapissèrent une rue de Téhéran des couleurs nationales américaines piétinées tous les vendredis, à l’heure de la prière, par des fanatisés.
Chaque jour que Dieu fait, on voit à la télévision des foules hystériques brûler le drapeau américain. c’est le cas à Bagdad et ailleurs.
Après avoir défait le dictateur Moussa Traoré et libéré les Maliens d’un joug de 20 ans, le président ATT, en bon soldat est en droit de rappeler que le drapeau n’est pas un morceau de tissu, un chiffon ou une serviette publicitaire. Mieux que cela, il doit apprendre aux Maliens qui ne sont pas passés sous le drapeau ce que signifie ce symbole pour la nation. Car, le drapeau et l’hymne sont, rigoureusement parlant, des équivalents au plan symbolique.
Jimmy Hendrix, le fameux guitariste noir américain eut des déboires pour avoir tout juste joué et magnifié l’hymne de ceux qui sont appelés avec mépris des Yankees. Il en fut de même en France avec Serge Grainsbourg qui eut l’audace de donner une version iconoclaste de la Marseillaise.
Le drapeau de la République démocratique du Mali indépendant, ce n’est pas que du tissu ou un symbole de la «rue publique», pardon… République.
Joe BATHILY
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