Au moment où la communauté internationale prépare une offensive militaire pour libèrer le Nord du Mali, une coalition de dix Ong tirent la sonnette d’alarme sur les graves conséquences humanitaires qui nécessitent la mise en place des mesures d’anticipation en faveur de la population civile.
Après le vote de la résolution autorisant, le déploiement d’une force militaire internationale pour restaurer l’intégrité territoriale du Mali par le Conseil de Sécurité, des organisations humanitaires exhortent la communauté internationale à la mise en place des mesures pour contenir les conséquences humanitaires.
Les dix Ong demandent au Conseil de sécurité d’accorder une priorité à la recherche d’une solution pacifique au Mali, de façon à permettre la stabilité à long terme dans le pays. Pour elles, il est également essentiel que toute action militaire s’accompagne de mesures pour réduire les risques humanitaires dans le nord.
«Le déploiement d’une opération militaire pourrait avoir d’importantes conséquences humanitaires, alors que beaucoup de familles sont déjà très affectées par l’insécurité et par la grave crise alimentaire. Nous craignons que toute intensification de la violence ait des répercussions sur les civils, et engendre par conséquent une augmentation des besoins humanitaires et des déplacements de populations supplémentaires. Tout au long du processus de décision, le Conseil de sécurité doit s’assurer que toute planification militaire prenne en considération les aspects humanitaires afin de limiter les maux infligés aux populations civiles, et ce à toutes les étapes de l’intervention», explique Michael Quinn d’Oxfam au Mali.
Selon le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés, 412 000 personnes ont déjà été contraintes de fuir leurs foyers. Ce chiffre comprend les quelques 208 000 réfugiés actuellement disséminés entre l’Algérie, le Burkina Faso, la Guinée, la Mauritanie, le Niger. S’ajoutent à ces réfugiés les 204 000 Maliens qui sont déplacés à l’intérieur du pays. Ces déplacés vivent dans des conditions difficiles et dépendent de l’aide humanitaire ainsi que de la solidarité des communautés d’accueil.
«Les femmes et les enfants comptent parmi les groupes les plus vulnérables lorsque des opérations militaires sont lancées. Nous recevons des informations inquiétantes à propos de violences sexuelles à l’encontre des femmes et des filles dans certaines zones du Mali. Nous devons protéger les droits des personnes, en particulier des femmes, des enfants, des personnes en situation de handicap et des personnes âgées, qui sont les plus vulnérables», affirme Chance Briggs, Directeur National de Vision Mondiale Mali.
Dans une déclaration commune, les Organisations signataires: Care International, Christian Aid, Handicap International, Internal Displacement Monitoring Centre (IDMC), International Rescue Committee, Oxfam, Norwegian Refugee Council, Refugees International, Tearfund, Vision Mondiale Internationale invitent l’Onu à mettre en œuvre une série de recommandations.
Il s’agit notamment d’accorder une priorité à la négociation d’une solution pacifique à la crise, et lier toute autorisation de déploiement d’une force armée à une stratégie de long terme, claire et réalisable, visant à la construction de la cohésion sociale et d’un système de gouvernance incluant toutes les communautés du Mali ; d’exiger que toute force militaire autorisée par l’Onu reçoive une formation sur le droit international humanitaire, le droit applicable en matière de Droits de l’Homme et le droit des réfugiés, et prenne les mesures nécessaires pour prévenir les dommages infligés aux civils ; d’appeler les pays donateurs à accroître leur soutien en matière d’aide humanitaire afin de répondre aux besoins urgents déjà identifiés, estimés à hauteur de 214 millions de dollars. Etc…
Nouhoum DICKO
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