Interpellation du Premier ministre devant le CNT : Choguel a-t-il rompu avec ses partisans extrémistes ?

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Au moment ses plus fervents soutiens tablent sur la rupture totale avec la France colonisatrice, le renvoi de la MINUSMA après le retrait de la force Barkhane, le Premier ministre Choguel Maïga a assuré que ces options ne sont pas à l’ordre du jour.

maliweb.net – Visiblement, le Premier ministre, Dr Choguel Kokalla Maïga a opté pour la realpolitik, après une analyse approfondie des capacités réelles de l’Etat. Ce qui transparaît de ces explications devant le CNT, le jeudi 21 avril dernier. Le chef du gouvernement qui était attendu pour ses diatribes habituelles à l’endroit de la France colonisatrice, a ajouté de l’eau à son bissap. Il a plutôt assuré que le Mali ne va pas quitter la CEDEAO, que le pays ne pourra pas aller à sa propre monnaie, que la France parviendra bientôt à un accord de défense revisité avec l’Etat malien et que le mandat de la MINUSMA sera renouvelé. Alors que nombreux sont ses fervents admirateurs qui exigent que le Mali doit quitter la CEDEAO et les autres options dites « souverainistes ». Le Premier ministre a-t-il finalement fait un rétropédalage ? N’avait-il pas laissé entendre les possibilités comme le départ de la MINUSMA à laquelle il avait aussi reproché une certaine duplicité dans la gestion de la crise sécuritaire ? Le locataire de la primature n’avait-il pas fait croire à ses plus fervents partisans que le Mali est un Etat souverain en mesure de prendre son destin en mains au plan sécuritaire mais aussi économique et financier? L’autonomie ou l’indépendance financière ne suppose-t-elle pas que le Mali peut revenir à la création d’une monnaie nationale, symbole fort de la souveraineté et l’indépendance vis-à-vis de la France, dépositaire exclusive de la monnaie coloniale qu’est le franc CFA ?

Selon plusieurs observateurs, le locataire de la primature a dû évaluer avec moins de passion et avec les expertises avisées ces questions pour se rendre que le pays court un risque certain d’effondrement en adoptant ces options maximalistes.

En effet, avec ses défis sécuritaires, géographiques et socioéconomiques, le Mali n’est pas en mesure de rompre les amarres avec ses partenaires et voisins de la sous-région, du moins à brève échéance. Comment en saurait-il autrement avec la conjoncture mondiale obligeant les Etats à fédérer davantage leurs énergies en vue d’aller vers des politiques communes dans plusieurs domaines ? C’est donc à la lumière de ces réalités que le PM Choguel Kokalla Maïga s’est ravisé à la politique de ses moyens, faute de moyens de sa politique de rupture.

Or, cette realpolitik n’est pas sans conséquences sur son aura personnel, mais aussi sur le capital-confiance qu’il détient auprès du président de la Transition. C’est ainsi qu’en avouant que le Mali ne doit pas quitter la CEDEAO, dans le contexte actuel, Choguel Maïga s’inscrit dans la ligne d’un dirigeant qui ne va pas au bout de sa logique. Il apparaîtra alors, surtout aux yeux des plus extrémistes de ses partisans, dans la posture du dirigeant qui a floué le peuple. Il pourrait être assimilé au leader qui a fait nourrir de faux espoirs aux populations ayant cru en sa témérité « révolutionnaire ». Ce qui provoque une certaine déception dans les rangs des milliers de jeunes des « associations de soutien à la transition » voyant en le chef du gouvernement un héros pour sortir le pays du joug de la France.

En outre, le Premier ministre laissera certainement un goût d’inachevé au sein de la vox populi, qui l’aura surestimé son caractère de « fusible » du chef de l’Etat. Et, celui-ci pourrait s’interroger sérieusement sur la ténacité de son allié, « grand stratège politique » qui est à la tête du gouvernement. Il n’est donc pas exclu que des adversaires politiques de tout bord saisissent la balle au rebond pour convaincre les militaires, véritables dépositaires du pouvoir, d’entrevoir un plan B de réajustement de la transition. Celui-ci pourra envisager renouer le dialogue au point mort avec plusieurs partenaires et organismes de coopération avec le pays. Une option qui ne jouera pas en faveur du Premier ministre Choguel Kokalla Maïga, dont le discours a longtemps suscité des réserves au niveau de plusieurs chancelleries.

Boubou SIDIBE /maliweb.net

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