Le mardi 16 août 2022, le gouvernement malien, à travers un arrêté interministériel a interdit la consommation, l’importation ainsi que la commercialisation de la chicha sur toute l’étendue du territoire malien. Le communiqué précise que toute personne prise essayant d’importer du narguilé sera emprisonné d’un à 10 jours et le payement d’une amende allant de 300 à 18000 F CFA. En ce qui concerne la détention et l’usage de la chicha, la personne est passible de 1 à 10 jours d’emprisonnement ainsi que le paiement d’une amende allant de 300 à 10000 F CFA. Et chacune de ces sanctions implique la confiscation et la destruction de la chicha.
Pour Tidiane Coulibaly chef de famille, cette interdiction de la chicha vient à point nommé, « la chicha est presqu’une nourriture pour la jeunesse aujourd’hui. Malgré que ce soit très mauvais pour la santé, les jeunes continuent de consommer soi-disant que c’est bon. Je ne laisse jamais mes enfants en prendre. Pour moi, cette interdiction faite par le gouvernement malien, est une bonne chose. La chicha est en train d’affaiblir cette jeunesse malienne, le pire c’est que les jeunes mélangent d’autres produits avec la chicha», dit-il.
Même son de cloche chez Mme Traoré Djénèba Tangara, pour elle, cette décision de notre autorité est vraiment salutaire « C’est vraiment une bonne chose l’interdiction de la chicha. Il y a très longtemps, je l’ai interdit à mes enfants car d’après les médecins, la chicha serait très mauvaise pour la santé. Une amie m’a même dit que la chicha est un moyen pour les jeunes de prendre des stupéfiants sans risque de se faire prendre », a-t-elle expliqué.
« Cette interdiction vient mettre fin à l’une de nos activités les plus rentables ici », ainsi s’exprime Zoumana Traoré, gérant d’une alimentation ayant en son sein un chicha club, un endroit où les gens viennent fumer de la chicha. Il poursuit. « Par jour, si on a beaucoup de clients, on peut avoir les 100 000 F CFA rien qu’avec la chicha. Et s’il y a peu de clients, c’est 60 ou 50 000 F CFA en une journée. Pour une utilisation de la chicha, c’est 5000 F CFA. C’est vraiment une grande perte pour nous », regrette-t-il. Aux dires de M. Traoré, certains clients ne vont là-bas qu’à cause de la chicha.
Pour Amadou Diallo vendeur de chicha, c’est la fin de son commerce. « Avec cette interdiction, je me retrouve directement au chômage. Dans ma boutique, je vends des chichas et accessoires. Le prix de chicha varie selon la qualité, ici on a des chichas à 10 000, 15 000, 25 000 voire même 40 000 F. Même si dans le communiqué on dit que nous avons 6 mois pour nous mettre en règle, qu’est-ce que nous allons bien faire de nos marchandises ? » Déplore-t-il. Il renchérit que cette situation ne fera qu’augmenter le taux de chômage dans un pays qui n’arrive pas à donner de l’emploi à ses citoyens.
Ces complaintes individuelles de vendeurs de chichas ont été précédées mercredi d’une assemblée générale de revendeurs et importateurs de chicha, réunis au sein d’une association. Le regroupement a dénoncé cette mesure du gouvernement.
Aly Diabaté
(stagiaire)