Les Ministères de la justice, de la sécurité et de la protection civile, de la santé, de l’économie et des finances, de l’industrie et du commerce, et de la jeunesse et des sports, ont rendu public, le 15 août 2022, un arrêté interministériel portant interdiction de la consommation, l’importation, la distribution, la vente et l’usage de la chicha au Mali. Si certains se réjouissent de cet arrêté qui interdit la chicha, d’autres ne manquent pas de manifester leur inquiétude.
Les autorités maliennes ont annoncé, dans un communiqué, le lundi 15 août 2022, l’interdiction, à partir du 15 août 2022, de l’importation, la distribution, la vente et l’usage de la Chicha ( Narguilé ) ou tout autre appareil similaire sur toute l’étendue du territoire national. « Toute personne qui se rend coupable de la production ou l’importation de la chicha ou tout autre appareil similaire, est punie d’un emprisonnement de 1 à 10 jours et d’une amende de 300 à 18 000 francs F CFA », peut-on lire dans le communiqué, qui précise que les personnes qui possèdent ou qui vendent de la chicha disposent de six mois pour en évacuer.
Une jeune dame, de la région de Mopti, préférant garder l’anonymat, explique qu’elle fume de la chicha depuis un an. Elle indique qu’elle rend malade. « Parfois, quand je fume de la chicha, je sens directement l’effet. Souvent elle me rend malade et provoque de terribles maux de tête qui peuvent durer 3jours. La chicha nuit vraiment à la santé, mais mes parents ne savent pas que je fume. Lorsqu’on est habitué, c’est très difficile de la laisser, car j’ai essayé à plusieurs reprises de la laissé, mais l’envie me dépasse et je ne peux pas m’en empêcher », indique-t-elle. Le conseil que je peux donner aux autres jeunes, ajoute-t-elle, c’est de se méfier de la chicha, car une fois qu’on y goûte, ça devient une habitude.
Selon Mariétou Coulibaly, une dame résidant à Sénou, la chicha nuit gravement à la santé. Pour elle, dès que la chicha entre dans le corps, elle cause des effets nocifs. Selon Mariétou, la chicha a les mêmes effets que la cigarette ou même pire. « Ce que je peux donner comme conseil aux jeunes, c’est de s’abstenir de la consommation de la chicha, parce que toute chose qui peut nuire à ta santé dans l’avenir est à éviter, surtout quand on est jeune », dit-elle.
Un jeune homme de Djalakorodji, âgé de 32 ans, et ne fumant pas de la chicha, trouve que les avis se divergent quant à ses effets. « Certains pensent qu’il n’y a rien de mal et trouvent que c’est bon même pour la santé, d’autres pensent le contraire », précise-t-il.
Par ailleurs, pour Cheick Mohamed Kanté, résidant à Kalaban coro, l’interdiction de la consommation de la chicha est une très bonne décision. « Les gens pensent que la chicha est différente de la cigarette, en réalité la chicha tue plus vite que la cigarette, mais certains disent que c’est juste de la vapeur alors que c’est quelque chose qui nuit à la santé. Il faut s’en méfier », conseille-t-il.
Du point de vue de cet homme sous anonymat, la mesure d’interdiction de la chicha peut paraître salutaire pour certains en raison de ses effets nocifs sur les jeunes. « Mais moi j’analyse autrement. Tout comme la tabac ou l’alcool, il s’agit d’excitants qui ne sont pas illicites dans la plupart des pays en raison de leur fort impact économique même s’ils sont nuisibles », dit-il. Avant d’ajouter que la création des chichas clubs génère des sources de revenus pour les propriétaires de ces lieux. « Le gouvernement aurait dû interdire la consommation de la chicha dans les lieux publics. Que deviendront ces clubs, leurs employés ? Aussi, cette mesure ne va-t-elle pas pousser les jeunes à une consommation clandestine qui risque de présenter plus de risques ? », s’interroge-t-il.
Enfin, pour ce jeune homme de nationalité sénégalaise, sous l’anonymat, « la décision d’interdire la chicha à la jeunesse malienne est une décision légitime, si le gouvernement malien, après des investigations, a trouvé que cela représente un danger pour les consommateurs, surtout chez les jeunes ».
Kadidia Youssouf Diarra, stagiaire