Insécurité routière : Les permis de la mort

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L’insécurité routière au Mali est un drame dont la responsabilité incombe autant aux citoyens qu’à l’Etat.

Hélas, nos autorités en charge des Transports et de la Protection Civile, par leur laxisme, participent à l’aggravation de la situation.

Circuler à Bamako est un véritable parcours du combattant ; tant le parc automobile de la capitale malienne devient de plus en plus important.

Ainsi, tout le monde (ou presque) “sait” conduire une voiture. Et, la plupart de ceux qui sont, au quotidien, au volant, dans la circulation, à Bamako et dans plusieurs villes de l’intérieur du pays, disposent de permis de conduire. Cependant, combien sont-ils, ceux dont les fameux documents ont été obtenus après les tests et les examens requis ?

La question a tout son poids, quand on sait que, au Mali le permis de conduire se vend et s’achète comme n’importe quel objet.

En effet, aussi bien dans la procédure de délivrance du permis de conduire que dans celle du contrôle technique des véhicules, l’argent est la seule chose qui compte. Cela, à tous les maillons de la chaîne. Par exemple à l’ONT

La première impression qu’on a, une fois devant l’Office National des Transports (ONT) est que tout y est permis.

Pour cause, dans la cour et les couloirs de l’ONT, des démarcheurs et autres affairistes, vraisemblablement en terrain conquis, proposent leurs services même aux plus désintéressés.

Là, en effet, le tripatouillage est à peine voilé.

Le jeu se fait pratiquement, cartes sur table.

Autrement dit, les tarifs conventionnels sont connus par les habitués qui font très souvent économie d’un inutile marchandage.

Une fois le marché conclu, pour mettre le client en confiance, le démarcheur le met immédiatement en contact avec son « chef ».

Ce dernier n’est autre qu’un agent de l’ONT qui confirme les engagements du démarcheur, avant d’empocher les sous.

Pour ce qui est du permis de conduire, les plus « honnêtes » agents de l’ONT confient le « client » à une auto-école.

Dans cette hypothèse, le promoteur de l’auto-école est aussi associé au coup et gagne par conséquent sa pitance.

Ce dernier ne peut se plaindre, (quel que soit le montant qu’on lui attribue), puisqu’il s’agit d’un « mariage sans divorce ». Et, à chacun son tour….

Au bout d’une semaine, ou dix jours maximum, le « client » est présenté aux différents tests auxquels, il est, du reste, prédestiné à passer.

Les bons comptes faisant les bons amis, le permis provisoire est sur le champ délivré.

Quelque temps plus tard, « le client » retournera prendre l’original de son permis délivré en bonne et due forme.

En revanche, lorsqu’il s’agit d’un « client » qui se « débrouille » ou qui a des affinités avec certains agents de l’ONT, la procédure est particulièrement expéditive.

En l’espace de 72 heures, voire 24 heures (lorsque le client est prêt à payer des « suppléments d’honoraires »), le permis provisoire lui est délivré.

Idem pour le contrôle technique des véhicules dont les reçus sont délivrés à certains, sur leur lit.

Conséquences logiques : à Bamako, comme partout dans le pays, les accidents de la circulation se multiplient avec leurs cortèges de morts et de blessés.

 

Malick Camara

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