Insécurité au Mali : L’air du temps à Bamako

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Le dimanche à Bamako comme dans les villes de l’intérieur, continue d’être le jour des mariages. Sans crainte ? Personne ne peut le jurer.

De nos jours, l’insécurité préoccupe toutes les populations maliennes. Les grand-mères, les mères,  les filles sont toutes perturbées. Toutes celles qui donnent la vie dans ce pays sont soucieuses. De quoi demain sera-t-il fait ? Les sourires  fleurissent toujours sur les lèvres dans les causeries à deux ou en groupe au marché et sur les lieux de rassemblement pour les cérémonies sociales.  Ne traduisent –ils pas plutôt de la politesse envers son vis-à-vis ?

Les familles du nord et du centre du Mali étaient déjà fortement ébranlées par le chômage galopant des enfants en âge de travailler. L’invasion des hordes  islamistes et les attaques asymétriques quotidiennes dans les villages et contre les postes de sécurité des forces armées sèment le désarroi dans les âmes. La capitale Bamako reçoit tous les jours un flux massif de ruraux. Le dépeuplement de la campagne s’est accéléré. Du nord comme au sud, toute la population vit désormais sur le qui-vive.  C’est dans cette optique que notre équipe de reportage a fait un tour  dans certains quartiers du district pour toucher du doigt la réalité.La vendeuse de pagnes au marché de Kalaban coura, Mme Samaké Oumou Samaké, estime qu’il est vraiment temps que cette insécurité cesse, car il y a eu trop de morts. Tout le monde vit dans l’angoisse de Kayes à Kidal. L’insécurité, affirme Mme Samaké est un véritable frein au développement du pays. Prêchant pour sa chapelle, elle constate que les commerçants   en payent le prix fort. « Actuellement nos voyages sont très risqués. On a peur de se faire braquer par des malfaiteurs en cours de route. Nos biens sont en péril », a-t-elle conclu.

Cette mère de famille déplore l’augmenation du chômage, car aucun investisseur ne viendra mettre sa vie en péril. L’occasion faisant le larron, poursuit-elle, certains jeunes diplômés  sans emplois s’adonnent au banditisme ». Pour Mme Samaké Oumou Samaké, tous les Maliens doivent s’unir derrière le slogan « le Mali est un et indivisible », et dénoncer les individus suspects. Chaque  ménagère dans le quartier ou les places publiques doit avoir le réflexe d’appeler les numéros verts pour sauvegarder sa vie et celles des autres.  Elle a lancé un appel aux dirigeants maliens, de veiller à l’approvisionnement correct des veuves et des orphelins des soldats tombés sur le champ de l’honneur. Mme Samaké Oumou Samaké a formulé ce vœu ardent en bambara : «Allah ka teni tigui bè niuma segui so». Ce qui donne  en français : « Que tous les soldats nous reviennent sains et saufs ». La  dame Touré Djouldé Barry est arrivée au cours du mois de Janvier de la région de Mopti. Elle soutient que c’est très effrayant de voyager en cette période d’insécurité. Les bandits sont susceptibles d’attaquer n’importe où, à tous les moments de la journée. Elle passe de longs moments isolée dans un coin de la cour de sa maison d’accueil à Ouezzinbougou. Toutes ses pensées sont tournées vers les proches restés au village dont la quiétude a été perturbée.

La commerçante au détail, Fanta Sacko, habite à  Sabalibougou. Elle affirme que depuis l’éclatement de la crise au nord du Mali, les Maliens ne connaissent plus la tranquillité du cœur à la tombée de la nuit. « Souvent, on a même peur de tarder en ville à cause de cette insécurité », a-t-elle confié. Les femmes maliennes constituent les couches les plus vulnérables  dans ce contexte d’insécurité. Comme solution, la vendeuse de beignets salue les efforts des dirigeants maliens pour renforcer la sécurité dans le pays.

Le regard de l’épouse de soldat, Mme Diata Koné  récèle  une tristesse fixe. Elle soutient que cette crise est la source de tous les malheurs des maliens. «Nous sommes inquiètes pour la stabilité du pays mais aussi pour nos maris  ou nos enfants», a confié Diata.   Elle suit tous les jours les informations à la radio. Elle est convaincue que notre pays doit solliciter de l’aide à l’étranger afin de renforcer les capacités des soldats, car  le Mali ne peut pas faire face seul à ce défi.

La ménagère Mme Touré Setou  domiciliée à Senou témoigne  que « l’insécurité est  un phénomène mondial. Aucun pays n’est à l’abri » . Elle conseille aux animateurs des réseaux sociaux de «  cesser de poster les images des corps de nos soldats.  Cela blesse beaucoup leurs parents ».

A son avis, la peine des malfaiteurs doit être très lourde afin de les décourager. « Tous les maliens doivent jouer la police afin de booster ce phénomène hors du Mali » témoigne-t-elle.

D’après Fatoumata Bah, secrétaire de bureau, les soldats maliens sont insuffisants car même si on rassemblait les soldats de toutes les régions du Mali pour sécuriser la ville de Bamako seulement, ce serait insuffisant. L’état doit obligatoirement augmenter le quota des soldats lors des recrutements, leurs donné des formations de qualité et les doter en munition. Ceci permettra  également de réduire le chômage dans le pays.

L’enseignante du premier cycle  Sitan Traoré, travaille dans une école de Niamakoro.  Elle félicite l’Etat malien d’avoir multiplier les patrouilles  et poster des policiers aux carrefours sensibles dans le district de Bamako et dans toutes les régions du Mali. Mais elle invite « le gouvernement malien à multiplier les check-points autour des villes et des villages.

MARIAM F. DIABATE 

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