Dans son analyse intitulée «Sauver Gao pour sauver la République» et publiée sur le site de la Fondation Friedrich Ebert (FES) M. Abdourhamane Dicko (directeur de programmes de ladite Fondation) balise des pistes de réponses très réalistes. Et à la fin, ce brillant expert formule des recommandations fort pertinentes pour circonscrire la violence dans les régions de Gao et Ménaka. Nous les partageons avec vous ici.
«La lutte contre les discours de haine et les stigmatisations doivent être pris en compte dans le package de solutions (à la crise multifonctionnelle que le Mali travers depuis 2012) car elles entretiennent la méfiance entre les populations déjà éprouvées par des conditions climatiques peu favorables et une insécurité rampante depuis une dizaine d’années», conseille Abdourhamane Dicko dans sa tribune intitulée «Sauver Gao pour sauver la République». Et de rappeler, «ces populations ont besoin d’un fort portage politique des préoccupations de leurs territoires/régions dans le récit national».
La situation est si dramatique qu’elle mérite une réponse rapide et bien appropriée. En intellectuel responsable et engagé, M. Dicko ne s’est pas seulement contenté de s’appesantir sur cette insécurité, ses causes et ses effets ; il a aussi balisé des pistes de solution dans dix commandements, pardon, dix recommandations pour conclure sa tribune. Les voici !
1-Renforcer les services sociaux de base (santé, éducation, alimentation) au sein des communautés d’accueil des populations déplacées afin de réduire la pression et les risques de conflits ;
2-Renforcer la présence de l’Etat et de l’administration en multipliant les patrouilles militaires permanentes sur les axes routiers, notamment Gao-Ansongo-Ménaka et Gao-Bourem en assurant aussi l’effectivité des services techniques dans les localités sécurisées ;
3-Renforcer la collaboration des forces vives (populations et communautés) avec les Forces de défense et de sécurité (FDS) à travers des actions concrètes ne nécessitant pas forcément l’apport d’un quelconque partenaire au développement (cadre d’échanges permanents avec les communautés à travers les organisations de la société civile (Fédération des organisations de résistance civile/FORCG, Cadre de concertation).
4-Faire du lobbying en faveur du maintien de la Minusma ;
5-Multiplier les rencontres intercommunautaires de manière à permettre aux populations de ne pas se sentir abandonnées des autorités ;
6-Renforcer et moraliser les contrôles de police sur les grandes artères de la ville de Gao et les étendre à l’intérieur des quartiers de la ville de Gao tout en veillant au respect des droits des personnes ;
7-Intégrer les mouvements d’autodéfense dans les missions de l’armée afin de permettre des ratissages loin des axes routiers pour occuper l’espace et pallier le vide que pourrait laisser le retrait des contingents de la MINUSMA (Royaume-Uni, Côte d’Ivoire, Allemagne, Bénin…) ;
8-Réinstaurer la veille citoyenne par l’activation des brigades de vigilance de la FORCG dans/et autour de la ville de Gao comme en 2017 sous la coordination des forces de défense et de sécurité ;
9-Promouvoir le dialogue citoyen national à travers la participation des acteurs et actrices des régions d’insécurité aux cadres d’échanges et de discussions à Bamako et ailleurs en vue d’une lecture partagée de la situation sociopolitique et relayer ou porter les préoccupations des populations voire préparer le retour d’un État utile ;
10-Mettre en place ou renforcer des réseaux informels d’information dans toutes les localités, qui doivent se coordonner (dans la discrétion et le professionnalisme, c’est-à-dire la protection de l’identité des informateurs ou lanceurs d’alerte) avec l’armée de manière à permettre une action rapide et sécurisée des FAMa en cas d’attaques ou d’enlèvement, de destruction ou de menaces d’enlèvement et de destruction de biens.
Des recommandations fort pertinentes qui méritent d’être connues de tous les acteurs impliqués dans la lutte contre l’insécurité (terrorisme et banditisme) dans notre pays, notamment dans les régions du centre (Ségou et Mopti) et du nord (Gao et Ménaka). Ce sont des pistes balisées avec une grande objectivité qui doivent désormais nourrir la réflexion sur les voies et moyens de stabiliser le Mali.
Moussa Bolly
Bonjour,
J’admets que ce sont des mesures raisonnables et explicites à leurs applications. De fait, il a toujours été de coutume en Afrique de ne jamais appliquer des recommandations surtout d’ordre sécuritaire. J’avoue carrément être en phase avec DICKO et hâtons nous à les appliquer si possible !!!
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