Vers un bras de fer entre les administrateurs civils et leur ministre de tutelle. Le Syndicat autonome des administrateurs civils et le Syndicat libre des travailleurs du ministère de l’Administration territoriale appellent tous les représentants de l’État à regagner «les localités plus sécurisées jusqu’au rétablissement de la sécurité dans leurs lieux de service». Cet appel intervient au moment où plusieurs attaques sont enregistrées dans plusieurs localités au centre du pays.
Face à l’insécurité chronique dans la région de Mopti, le Syndicat autonome des administrateurs civils (SYNAC) et le Syndicat libre des travailleurs du ministère de l’Administration territoriale (SYLMAT) ont appelé, le lundi 17 juin 2019, tous les représentants de l’Etat au centre à rejoindre Mopti où les localités sécurisés les plus proches. Selon les deux syndicats, cette décision est motivée par «une dégradation de la situation sécuritaire des représentants de l’Etat de la région de Mopti.»
«Les représentants de l’Etat ne bénéficient d’aucun dispositif adéquat de sécurité dans l’exercice de leur fonction», expliquent les deux syndicats. Le mercredi 19 juin 2019, dans un communiqué, le ministère de l’Administration territoriale a riposté contre la décision. Les membres du corps préfectoral qui ont la qualité de fonctionnaires de l’Etat sont, selon le ministère, vis-à-vis de l’administration dans une situation statutaire et réglementaire.
«La seule réponse que le Ministère de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation donne aux responsables de ce communiqué, sont les prescriptions de l’Hymne National du Mali «Au dedans ou au dehors, Debout sur les remparts, Nous sommes résolus de mourir», l’une ces prescriptions fait de chacun de nous des soldats de la République.», explique, dans son communiqué, le ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation.
Le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, poursuit le communiqué, rappelle aux membres du corps préfectoral que tout manquement d’un membre du corps préfectoral à ses devoirs, dans le cadre ou en dehors de l’exercice de ses fonctions, l’expose à une sanction disciplinaire.
Les militants du Synac) et du Syltmat sont indignés par les propos du ministre. Ils l’ont fait savoir au cours d’une conférence de presse, samedi 22 juin, à la Bourse du travail.
«Informer l’opinion sur la réalité de la situation sécuritaire des représentants de l’Etat sur l’ensemble du territoire national et faire une mise au point suite au communiqué du 19 juin du ministre de l’Administration territoriale». Le menu de la conférence et le ton des conférenciers annonçaient la gravité du moment. Promesse tenue, pendant une demi-heure, Ousmane Christian Diarra, Secrétaire général du Synac, s’est efforcé à détailler le quotidien difficile des représentants de l’Etat dans les zones d’insécurité.
Suite à l’appel du Synac et du Sylmat à leurs militants, se sentant en insécurité, de rejoindre la ville de Mopti, le ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Boubacar Alpha Bah, a énergiquement réagi. Le ministre rappelle aux représentants de l’Etat les paroles de l’Hymne national : «Debout sur les remparts, nous sommes résolus de mourir».Par ailleurs, le ministre indique que tout manquement, sous le couvert du syndicalisme, sera sanctionné. Des propos jugés «méprisants et moralisateurs» par les Comités exécutifs nationaux (CEN) des deux syndicats.
Les conférenciers informent le ministre que les administrateurs civils n’ont pas à être les premiers à braver le danger alors qu’ils sont les derniers à occuper les postes auxquels ils doivent légitimement prétendre: celui de Gouverneur de région.
Ainsi, face à l’insécurité dans la région de Mopti, les CEN du Synacet Sylmat font fi des menaces du ministre et demandent à leurs militants, se sentant en insécurité, de rejoindre la ville de Mopti.
Paul Dembélé