Pendant la période de soudure (de juin à août 2018), plus de 4,3 millions de personnes, soit plus d’1/4 de Maliens, auront besoin d’aide humanitaire.
Parmi ces personnes, près de 885 000 seront en phase de crise et environ 48 000 en phase d’urgence.
Tandis que, les projets du plan de réponse humanitaire (PRH) couvrant le secteur de la sécurité alimentaire sont, à ce jour, financés qu’à hauteur de 6%, soit 6 millions de dollars mobilisés sur une requête de 103 millions.
L’amer constat ressort du dernier bulletin du bureau de coordination des actions humanitaires (Ocha-Mali).
Selon l’Ocha-Mali, les projets du plan de réponse humanitaire (PRH) couvrant 7 secteurs : la santé, la nutrition, EHA (eau, hygiène et assainissement), abris et biens non alimentaire, l’éducation, protection et la sécurité alimentaire, sont, à ce jour, financés à hauteur de 17%, soit 44 millions de dollars mobilisés sur une requête de 263 millions de dollars lancée par la communauté humanitaire au début de l’année 2018.
Actuellement, selon le système des nations unies, sur les sept secteurs de l’assistance humanitaire Intégrés dans le plan de réponse humanitaire, la santé est financée à hauteur de 30%, la nutrition 24%, l’EHA 16%, l’abris et biens non alimentaires 0%, l’éducation 5%, protection 6% et sécurité alimentaire 6%.
Ce faible niveau de financement, selon les acteurs humanitaires, contraste avec l’accroissement des besoins humanitaires observés dans le pays notamment dans les secteurs de la sécurité alimentaire et de la malnutrition où le nombre de personnes dans le besoin a connu une nette augmentation.
A titre d’exemple déplore l’Ocha-Mali, comparée à la période de soudure de 2017, la population en insécurité alimentaire (phases de crise et urgence) a connu une hausse de plus de 300 000 personnes cette année.
Aussi, les cas de malnutrition aiguë sévère (MAS) et ceux de malnutrition aiguë modérée (MAM) sont passées respectivement en 2018, de près de 163 000 à 274 000 et de 470 000 à 582 000.
En somme, sur le plan national, le taux de MAS qui est de 2,6% reste au-dessus du seuil d’urgence tandis que celui de malnutrition aiguë globale dépasse le seuil d’alerte, soit 10,7%.
Pour les humanitaires, les causes de la hausse de malnutrition sont liées à l’accès limité aux services d’eau, d’hygiène et d’assainissement (EHA) adéquats, aux soins de santé, à une alimentation de qualité et à l’éducation.
A cela s’ajoutent, le manque d’infrastructures et d’équipements appropriés en EHA et des pratiques nutritionnelles et hygiéniques inadéquates.
Le système des Nations Unies signale également que l’assistance apportée aux personnes en insécurité alimentaire et aux producteurs agropastoraux reste insuffisante au regard de l’urgence de la réponse et de l’ampleur des besoins identifiés.
Selon les humanitaires, davantage de ressources sont nécessaires immédiatement pour éviter que la situation alimentaire ne devienne encore plus alarmante.
Pour cause, signalent-ils, 3,4 autres millions de personnes actuellement sous pression pourraient basculer dans la phase de crise en cas de chocs affectant leurs moyens de subsistance.
Djibril Kayentao