Insalubrité et dégradation du cadre de vie :rnL’alternative par le changement de comportement

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Au moment où Bamako abrite les travaux de la campagne internationale pour l’eau, l’assainissement et l’hygiène, notre pays fait face, malgré les nombreux efforts, à d’énormes défis environnementaux qui affectent sérieusement son développement harmonieux. Et tout porte à croire que populations et autorités communales ont toutes leur grande part de responsabilité dans la dégradation de notre cadre de vie, dont l’impact est des plus dangereux sur notre santé. Les chiffres sont inquiétants et des actions d’urgence sont recommandées face à la menace.

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Avec un accroissement annuel des centres urbains de plus de 5%, on assiste désormais à un développement anarchique des quartiers spontanés et au non respect des schémas d’aménagement et des plans d’urbanisation. En clair, selon le constat amer, il en résulte, tant à Bamako que dans plusieurs capitales régionales,  une prolifération de dépôts des déchets liés à l’absence d’un système organisé de collecte et de traitement, une absence de gestion des rejets des industries et des artisans, une pollution des eaux souterraines des puits par les contaminants des égouts et des latrines mal situés. Dans nos villes, de plus en plus les espaces verts et les places publiques changent de vocation pour être des dépôts  d’ordures, des habitations, des lieux de commerce, écoles et maisons de culte, etc. Ce, au grand dam, malheureusement, des vertus de l’environnement qui offrent aussi un bon-vivre, et qui constitue la substance de notre existence. 

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A Bamako, selon le rapport 2005 sur l’état de l’environnement, 434 places ont changé de vocation sur un total de 708, soit plus de 60% ; il y a 134 occupations de bas-fonds  et 70 dépôts anarchiques ont changé de vocation de juillet 2004 à juin 2005. « La récupération des déchets et leur recyclage posent de sérieux problèmes à cause du manque de technologie sur place. La valorisation des déchets est de l’ordre de 20 à 30% de la production. Sur les 17.089 tonnes de plastics produites ou importées, seulement 1.355 à 1.720 tonnes sont recyclées » souligne ledit rapport. Qui précise que la production des eaux usées domestiques est de 74.874 m3 par jour pour les villes de Bamako, Kayes, Koulikoro, Ségou et Gao.

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L’une des principales raisons de cet état de fait, nous expliquent les techniciens de l’environnement, est que les ouvrages d’assainissement individuels ou collectifs sont, dans la plupart des cas, mal conçus et/ou mal construits, et deviennent par conséquent des sources de pollution. A Bamako, par exemple, ces eaux de production domestique sont utilisées dans les activités de maraîchage dont les produits deviennent ainsi plus une source de maladie que d’amélioration de l’alimentation. L’on comprend ainsi aisément que l’action de l’homme sur son environnement est véritablement à la base d’une menace qui pèse sur lui-même. Entre les exigences du monde nouveau, en pleine industrialisation, et la nécessité de sauvegarder le socle de notre existence, le choix est difficile à faire. Y a-t-il une alternative ? s’interroge-t-on désormais. En réponse à ce problème, les spécialistes de la chose environnementale répondent par l’affirmative, recommandant un véritable changement de comportement quotidien vis-à-vis de l’environnement et la rationalisation de l’avancée industrielle.  

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Bref, l’insalubrité et la dégradation croissante de notre cadre de vie, dont les conséquences sont inestimables sur notre santé, relèvent de la responsabilité de tout un chacun. Si au niveau des populations, l’incivisme, l’analphabétisme et le manque d’information favorisent le phénomène, (notamment en ce qui concerne l’assainissement), au niveau des autorités communales ce sont surtout la négligence et l’irresponsabilité qui sont à décrier. L’illustration la plus parfaite de ce constat amer est donnée, parmi d’autres exemples, dans le District de Bamako. En commune III, comme beaucoup d’autres communes, l’insalubrité a atteint un niveau inacceptable. Par exemple, sur la route Kati, à l’entrée du quartier de Samé, le dépôt d’ordures (légal) a envahi la route au grand dam des populations et des voyageurs de l’axe Bamako-Dakar qui s’interrogent sur le bien-fondé de l’existence de la voirie de la localité, tant le cadre de vie s’est détérioré : odeurs nauséabondes, présence de moustiques et de mouches dangereuses, et autres espèces vivant dans les ordures qui sont une sérieuse menace pour la santé.

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Les Communes II et VI, n’échappent nullement à ce constat alarmant. Dans ces communes, comme partout d’ailleurs, le spectacle est désolant. Les tas d’ordures poussent à travers les quartiers comme des champignons. Malgré les multiples efforts entrepris jusqu’à ce jour, les résultats escomptés sont en deçà des espérances. Les sessions de formation à l’intention des ménages, la mise en œuvre d’initiatives de transformation des déchets solides, les campagnes de sensibilisation entreprises jusqu’ici, ne produisent pas les effets souhaités.

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Bref, l’aboutissement des efforts de lutte contre l’insalubrité et la dégradation du cadre de vie en appelle non seulement à l’esprit de civisme des citoyens à travers un changement responsable de comportement, mais également au sens de la responsabilité et au patriotisme  des autorités communales, à travers les services de la voirie, qui doivent nécessairement se soucier de la santé des populations. Ce, conformément à l’Article 15 de la constitution de notre pays qui garantit à chaque citoyen le droit à un environnement sain. La prise en compte de la dimension environnementale est un passage obligé  dans le processus de l’essor socio-économique de tout pays, notamment ceux en voie de développement comme le nôtre.

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Issa Fakaba SISSOKO

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