Les autorités municipaux et certains prestataires sont pointés souvent du doigt sur la problématique d’insalubrité de certaines villes du Mali dont Bamako, la capitale. Alors que ce sont les populations, elles-mêmes, qui participent activement à la détérioration de leur cadre de vie.
Dans les quartiers de la capitale malienne, les populations cohabitent avec les ordures ménagères et autres déchets de toute sorte, sans fournir le moindre effort pour assainir leur environnement. Des actes d’incivisme pouvant entrainer des effets inéluctables sur la santé et sur la sécurité des habitants.
Avec une population estimée à 2 529 300 d’habitants en 2020, Bamako est confrontée ces derniers temps à des problèmes d’assainissement sérieux. Caniveaux bouchés, ordures ménagères en pleine rue, c’est parfois le spectacle désolant qu’offrent les six communes qui constituent la ville. La situation est alarmante, il suffit juste de sortir faire un tour dans un des quartiers de la capitale malienne pour constater la dégradation inquiétante de ce phénomène au vu et au su de tous.
La population est la première responsable de l’assainissement de la ville, mais à Bamako, on constate que la population ne sait même pas du danger qu’elle coure en jetant des déchets partout où elle va.
« Il faut une longue campagne de sensibilisation pour éradiquer cette situation, sinon les malien sont tellement pressé qu’ils ne se soucient de rien. On ne respecte pas les instructions on jette partout où on veut, tout le monde s’en fiche mal », a déploré Mohamed khemesso, un habitant à Magnambougou.
Insuffisance des poubelles, irrégularité des collectes d’ordures, opérations de nettoyage et de curage des fossés évoluant à pas de tortue, entre autres. Ce sont là, quelques manquements imputables à l’Etat dans la gestion de la ville, à l’origine de l’insalubrité dans certaines villes du Mali et plus particulièrement à Bamako. Seulement, les autorités à elles seules ne sauraient porter ce fardeau.
En effet, à Bamako par exemple, il n’est pas rare de rencontrer des citoyens qui jettent leurs ordures en pleine rue, ou par la fenêtre d’un taxi, d’un bus ou de leurs véhicules personnels. Les caniveaux sont transformés en décharge d’ordures, bouchant la circulation des eaux en temps de pluies.
Selon Moustapha, un étudiant «Au Mali les gens ne respectent pas les poubelles, ils jettent leurs ordures partout et n’importe quand. Une fois j’ai l’habitude de dire à une personne de ramasser ce qu’elle a jeté sur terre, elle ne m’a même pas regardé. Elle a juste tourné son regard et continuer son chemin comme si de rien n’était ».
L’incivisme des populations constitue l’une des causes d’insalubrité au Mali, c’est un fait. L’insalubrité et l’incivisme règnent en maîtres dans tout le pays avec comme conséquence la dégradation du cadre de vie. A mesure que les années passent la situation devient préoccupante à tel point que le phénomène n’est plus caractéristique des seuls quartiers dits populaires.
Pour y remédier, le gouvernement et les collectivités locales devraient engager des campagnes d’information et de sensibilisation citoyenne à la propreté. Le service d’hygiène par exemple, avec l’aide des autorités de commandement, devrait pouvoir infliger des amendes aux auteurs des incivilités.
L’insalubrité est une source d’insécurité. Dans un communiqué datant de 2016, l’OMS révélait d’ailleurs que 12,6 millions de personnes à travers le monde sont décédées en 2012 « du fait d’avoir travaillé ou vécu dans un environnement insalubre ». Il faut dire que la santé des citoyens est étroitement liée à l’environnement dans lequel ils vivent. Parmi les maladies liées à des facteurs environnementaux, l’OMS note entre autres le paludisme, les infections respiratoires, les cancers et les accidents vasculaires cérébraux.
Oumar Sawadogo