La paIuvreté se fait ressentir dans le sang anémié des parents et enfants. Et la saison hivernale qui pointe à l’horizon en rajoute aux inquiétudes mal contenues des ménages qui assistent impuissant au retour de nouvelles bouches de la Côte d’Ivoire voisine et de la Libye en proie à des convulsions internes.
On ne voit pas encore les visages squelettiques dans les familles, ni de ventres gonflés qui choqueraient le monde. Mais une faim insidieuse étreint la population. Du fait de la baisse drastique du pouvoir d’achat des ménages, consécutif au mouvement haussier enregistré ces derniers temps mois sur les produits de grande consommation. Cette valse des étiquettes est intervenue dans un contexte de difficultés économiques marqué par la flambée du prix du baril de pétrole dans une proportion de 1 à 10, entraînant la montée vertigineuse du cours des produits de première nécessité, notamment le lait en poudre, le riz, le sucre ,l’huile, entre autres, dont l’apport en calories est non négligeable dans le développement humain. Des facteurs endogènes ne sont guère à écarter. Contre toute attente, l’initiative riz conçu au départ comme une réponse à la flambée des cours de cette céréale sur le marché mondial n’a pas produit les effets escomptés. L’espoir d’un riz meilleur marché s’est envolé, laissant place à des doutes et des suspicions sur la conduite de l’opération. L’argent du contribuable a-t-il été jeté par la fenêtre ou a-t-il pris des chemins détournés à en juger par le rapport de l’ex-Vérificateur général, Sidi Sosso Diarra ?
De l’eau gardée sur le feu pour tromper le voisin curieux
Les Maliens ont suffisamment de blé à moudre pour se torturer longtemps la cervelle sur les responsabilités à situer. Peinés qu’ils soient à bouillir la marmite que voilà de nouveaux soucis émergés. De nouvelles bouches à nourrir ont fait irruption dans les familles. En provenance de la Côte d’Ivoire voisine et de la Libye en proie à des soubresauts politiques. Mais comment ouvrir grand les portes des cuisines et exciter les papilles avec les saveurs de bien chez nous et d’ailleurs ? Jusque-là le cousin ou le fils qui travaille à l’étranger assurant la subsistance de la famille a sauvé du chaos généralisé. A défaut d’améliorer l’ordinaire, on s’organise pour que la fumée s’échappe de la cuisine. Quitte à rogner sur les dépôts en banque et dans les institutions de microcrédit. Qui connaissent un taux de dégradation de leur portefeuille. D’autres moins fortunés gardent durablement sur le feu de l’eau, histoire de faire croire au voisin curieux qu’un repas est en cours de préparation.
Personne ne pronostique une amélioration de la conjoncture. La saison hivernale réputée très difficile pointe à l’horizon. Avec à la clé, une habituelle remontée des prix de céréales sèches et d’autres denrées alimentaires. Rien n’indique que les autorités qui ne donnent pas l’impression de contenir la montée des prix pèseront de tout leur poids pour rendre soutenable le coût de la vie. Les populations gardent à l’esprit des mesures annoncées rarement suivies d’effet. Assorties de promesse de contrôle des prix au résultat discutable. Une ou deux saisies opérées sur « des petits poissons » et plus rien. Entre le dire et le faire, le rallye est possible. Une conclusion à laquelle beaucoup de citoyens sont parvenus.
G TRAORE