Le mercredi 28 août 2013 l’émotion était à son paroxysme dans notre pays où des fortes précipitations ont endeuillé plusieurs familles. Les fortes pluies qui se sont abattues ce jour sur la ville de Bamako ont, outre des dégâts matériels importants, occasionné la mort de plus d’une trentaine de personnes.
Les deux communes I et IV ont été les plus durement éprouvées. Suite à cette tragédie, des voies se sont élevées, presque de partout pour dénoncer la gestion foncière de nos mairies qui, disent certains, ne respectent plus aucune norme pour la sécurisation des populations. Pour beaucoup, en effet, certains maires et élus communaux, poussés par le seul réflexe de renflouer leurs caisses, morcellent à tour de bras. Ils morcellent jusqu’à étouffer les collecteurs (naturels) par où passent les eaux de ruissellement. Avec les décès enregistrés à Banconi et Lafiabougou, certains excités sont allés jusqu’à inciter les victimes et parents de victimes à entamer une procédure judiciaire contre les maires qu’ils accusent d’avoir vendu des lots sur des sites qui mettent la vie des occupants en danger.
Notre propos n’est nullement de disculper quelque maire que ce soit. Mais, surtout de préciser que nous sommes bien face à une affaire où la responsabilité va au-delà de la seule cupidité des maires. Quid de ces citoyens, (les premiers concernés) qui acceptent, malgré les risques que cela présente pour eux et leurs siens, d’acheter des lots à usage d’habitation à certains endroits qu’ils savent pourtant inappropriés, surtout quand il s’agit du chemin naturel utilisé par les eaux de ruissellement.
Comment comprendre l’attitude passive des populations lorsqu’un quelqu’un a érigé son entreprise au cœur du collecteur naturel à Banconi. «Yan ni Ka djigui i bin yoro là, djigui i talon yoro là» (au lieu d’accuser là où tu es tombé, accuse plutôt l’endroit où tu as trébuché).
Que dire aussi du comportement de l’Etat ? Peut-il être exempte de toutes critiques dans ce qui est arrivé? Après les inondations, nous avons assisté à un grand déploiement des membres du gouvernement (de transition) dans les différents quartiers, particulièrement dans les deux communes touchées. Des enveloppes ont été distribuées en guise de solidarité envers les victimes. A cette occasion, certains membres du gouvernement, ont quasiment voulu jeter l’anathème sur les collectivités dont la gestion est mise en cause par certains membres de l’exécutif. Pourtant, l’autre réalité qui est connue de très peu de gens, c’est que l’Etat, lui-même a une part de responsabilité dans ces inondations, pour avoir négligé le curage des collecteurs et des caniveaux, et cela deux ans de suite, en 2011 et 2012.
Conséquence : le sable et des détritus de tous ordres ont eu suffisamment le temps de s’entasser et de gripper caniveaux et collecteurs qui permettent d’évacuer les eaux de pluies. C’est un fait qui vient d’être attesté par un cadre du service étatique chargé de cette dimension, à savoir la direction nationale de l’assainissement et du contrôle des pollutions (Dnacpn). Selon ce responsable, beaucoup de choses ont été dites suite à cette inondation. La cause première, selon ce cadre, c’est le fait l’Etat, depuis 2 ans n’a pas curé un seul collecteur, encore moins un caniveau.
Faute, semble t-il, de ressources financières. Pour ce cadre, le secteur de l’assainissement est couvert à 80% par l’aide extérieure. Et, naturellement avec le retrait des bailleurs de fonds, suite à la crise sécuritaire et institutionnelle, le secteur s’est totalement arrêté. Ce qui est tout à fait prévisible pour un pays qui attend tout de l’extérieur. Cette direction vient de bénéficier de son premier appui poste crise : il s’agit d’une subvention d’une valeur de 300 000 000 de F CFA, que la structure entend mobiliser pour les premiers travaux de curage…
Aujourd’hui, il s’agit donc d’interpeller chacun par rapport à ses responsabilités. Car c’est seulement lorsque chacun (citoyens, Etat, collectivités) s’acquittent correctement de ses devoirs et obligations, que les populations pourront être protégées contre de tels évènements …douloureux.
Source : Papa Sow pour maliweb.net
Mr. Sow merci de la franchise dans vos propos. Ce que moi je ne comprends pas dans tout ca: pourquoi nous aimons accuser les autorites alors que si elles s’opposaient a ces constructions irresponsables, nous les taxerions de tout sauf du bien. Tout le monde sait qu’au Mali il est difficile et presque impossible de refuser des permis d’occuper ou de construction car si ce n’est pas le cousin du frere de la mere de X au sommet, c ‘est l’ami de la femme de l’oncle de Y. Mais comme on le dit si bien chez nous: “Ni y ma mogow ta men, y be Allah ta men.” Ces sinistres ont beaucoup la chance grace a la grande presence de la communaute Internationale au Mali. Je pense que les uns et les autres vont tirer les enseignements de ce qui s’est passe. Au moment ou nous forcons les mains a tout le monde pour etre satisfait, nous nous disons capables. Certains aiment meme a le dire: ” Mali te va” parce que il suffit d’avoir un lien avec quelqu’un au sommet. Nous devons assumer nos responsabilites.
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