Le gouvernement ne se dérobera pas de ses missions. L’Etat jouera, malgré le contexte difficile, sa partition, dans la mesure du possible, pour soulager les commerçants victimes de l’incendie du marché central de Kayes, le 27 mars 2013.
C’est le message qu’a apporté le ministre du Commerce et de l’Industrie, en visite de terrain dans la Première région. Abdel Karim Konaté était venu aussi témoigner de la solidarité du gouvernement avec les commerçants sinistrés.
Dépêché par le gouvernement le 30 mars 2013, le ministre du Commerce et de l’Industrie, Abdel Karim Konaté, accompagné du Directeur National du Commerce et de la Concurrence, Modibo Keïta, du Président du Collège transitoire de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Mali, Mamadou Tiény Konaté, et des représentants de la Direction Nationale des Industries, a sillonné le grand marché de Kayes, situé au quartier Plateau, durant près de trois heures, pour s’imprégner de l’ampleur des dégâts causés par l’incendie.
Le constat est triste. Les flammes ont complètement ravagé le marché, faute essentiellement de voies d’accès au cœur du marché pour les Sapeurs pompiers. «Si les voies d’accès au marché n’étaient pas obstruées par des kiosques, peut être qu’on n’aurait pas assisté à une telle ampleur des dégâts» a lancé dans la foule un commerçant, au passage du ministre devant ce qui reste de sa boutique, située au cœur du marché. Si les causes de l’incendie restent encore à déterminer, en revanche les dégâts sont estimés à plusieurs centaines de millions de nos francs.
Quant aux commerçants victimes de l’incendie, une Commission de recensement a été mise en place pour évaluer leur nombre. Dirigée par Sambou Sylla, cette commission a recensé, à la date du 02 avril 2013, plus de 538 commerçants sinistrés. Pour parer au plus pressé, le ministre du Commerce et de l’Industrie a offert 10 millions de FCFA. A cette somme s’ajoutent également les gestes de la Chambre de Commerce et d’Industrie et de certains particuliers.
La remise de ces montants a eu pour cadre le Gouvernorat de la région. Au cours de cette cérémonie, le ministre Abdel Karim Konaté a annoncé la venue prochaine à Kayes d’une mission du Projet d’appui aux commerçants détaillants, dont la troisième phase vient d’être validée par le Gouvernement. Ce projet prévoit, dans cette phase, des appuis financiers aux commerçants et la réalisation d’équipements marchands. Il peut donc être très bénéfique pour Kayes après le sinistre du 27 mars 2013. Avec les commerçants et opérateurs économiques de la Première région, la mission permettra certainement de faire face à certains besoins urgents.
Le ministre Abdel Karim Konaté, qui s’est montré très attristé par l’ampleur des dégâts, s’est tout de même gardé de faire des promesses creuses aux commerçants. Mais, a-t-il assuré «l’Etat ne se dérobera pas à ses missions. Nous sommes venus vous témoigner la solidarité et la compassion du Gouvernement. Le Mali vit une situation particulièrement difficile. Mais rassurez-vous, l’Etat jouera toute sa partition pour soulager les commerçants» a déclaré le ministre, avant d’inviter les commerçants à une réflexion globale pour parer dorénavant à de pareils sinistres.
Des discussions à bâtons rompus à la Chambre Régionale de Commerce et d’Industrie, il ressort que les flammes sont parvenues à consumer totalement le marché, à cause essentiellement des occupations anarchiques. Toutes choses qui n’étaient pas de nature à faciliter le travail des soldats du feu, qui ont eu de la peine à venir à bout des gigantesques flammes. Il a même fallu l’intervention, sur demande du Gouverneur de la région, des agents de l’ASECNA et de la Protection civile de Nioro du Sahel pour sauver ce qui pouvait l’être. Autre grief des intervenants, l’absence de points de ravitaillement en eau des Sapeurs pompiers dans le marché. Bien qu’existant physiquement sur le terrain, les quatre points ne sont pas connectés au réseau d’adduction d’eau. Parmi les autres risques dénoncés, la présence dans le marché d’une station d’essence, la station PARE, et le morcèlement et la mise en vente à des particuliers du patrimoine foncier du marché.
Concernant ce dernier point, les commerçants n’entendent pas se laisser faire. Ils ont déclaré au ministre Konaté qu’ils «n’accepteraient jamais cette situation», avant de lui demander, ainsi qu’aux responsables de la région, de tout mettre en œuvre pour recaser dans les plus brefs délais les commerçants sinistrés.
En réponse à ces sollicitations, Abdel Karim Konaté a réaffirmé l’engagement du Gouvernement à venir en aide aux commerçants et a prêché la solidarité et l’entente entre eux.
Yaya Samaké, Envoyé spécial à Kayes
Ils ont dit:
Souleymane Diarra, Président du Synacodem
Je remercie le ministre pour avoir pris l’initiative de venir nous rendre visite après ce sinistre. Les gens ne travaillent pas honnêtement. Si on avait travaillé dans l’intérêt du pays et des commerçants, je pense que nous n’en serions pas là. Le marché central de Kayes est vendu. Nous avons tout fait contre cette mesure. Personnellement, j’ai vu des gens la nuit, au environ de 00 heures, en train de mesurer les alentours de ma boutique. Si rien n’est fait, il y aura une révolution à Kayes.
Youssouf Koné, vendeur de boucles d’oreilles
Le véritable problème du marché de Kayes c’est l’accès. Il n y pas de voies d’accès. S’il y en avait eu, peut être qu’on n’allait pas assister à de tel dégâts. On a installé n’importe comment les gens. Je demande à la Mairie de tout faire pour dégager les voies d’accès. Il ne faut pas que ce travail soit le seul fait de la Police, parce que certains agents ne cherchent que l’argent. Ils en prennent à gauche et à droite et installent les gens anarchiquement. C’est vraiment un problème. Il faut que cela cesse. Je demande au Gouvernement de nous venir en aide, nous avons tout perdu. Personnellement, l’incendie est intervenu au lendemain de mon retour de Bamako avec mes achats.
Moussa Camara, vendeur d’ustensiles de cuisine
Le marché est complètement bondé. Il n’y a aucune voie d’accès. Les sapeurs pompiers n’avaient aucun accès au marché. Cela a entrainé tout ces dégâts. Je demande aux autorités de s’impliquer dans la gestion du marché, qui ne doit pas être le seul fait de la mairie. Il faut que le marché soit organisé de telle sorte que les agents de la Protection civile et autres agents deSécurité puissent avoir facilement accès aux coins et recoins du marché avec leurs véhicules. Normalement, les Sapeurs pompiers doivent avoir une place dans le marché. Je demande aussi au Gouvernement de nous aider, parce que nous avons tout perdu.
Diaby Doucouré, Président de la Cambre régionale de Commerce et d’Industrie
Ce que nous avons vécu, nous ne sommes pas en mesure d’y faire face seuls. Nous remercions le Gouvernement pour la célérité avec laquelle il est venu nous témoigner sa solidarité et sa compassion. Je pense qu’il est dans son rôle. Le marché central de Kayes est surpeuplé. Toutes les voies d’accès sont occupées. La mairie devait envoyer le surplus sur les marchés secondaires. Aujourd’hui, la priorité est de trouver des places pour les victimes. Il faut retaper les bâtiments qui ont été sérieusement endommagés. Je pense que le gouvernement doit intervenir rapidement.
Propos recueillis à Kayes par Yaya Samaké
Monsieur le ministre du commerce et de l’industrie avec tout le respect que je vous doit je vous dis merde car on a pas besoin de sortir de l’école polytechnique pour se rendre compte que tous les marchés maliens dans leurs conceptions présentent un risque d’incendie énorme.C’est honteux qu’en 2013 notre pays ne peut pas se targuer d’avoir un marché au norme de sécurité irréprochable.Vous et d’autres doivent répondre devant la justice car votre mission première c’est la sécurité des personnes et des biens.Le ton est peut être dur mais certains ne verront plus leurs maris ,femmes et enfants et d’autres en ce temps de crise ,avec la perte de leurs activités perdront leurs vies de couple ou seront contraints de s’exiler.Il doit bien y avoir une réglématation en la matière
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