La Covid-19 n’est pas létale que pour les humains seulement ; elle s’attaque aussi à des industries entières. Le cas de l’hôtellerie au Mali est emblématique de cela quand on sait qu’après leurs prestations (confinement des Maliens rapatriés après l’éclatement de la crise sanitaire), les hôteliers font l’objet de ping-pong de la part des services de l’Etat censés payer leur reliquat estimé à 3 milliards de F CFA, c’est-à-dire la moitié du coût de l’opération. Ils sont entre l’enclume de l’Etat et le marteau des banques auprès desquelles ils se sont endettés pour assurer le service. Une posture pour le moins insoutenable.
Les acteurs de l’industrie hôtelière continuent de s’étrangler avec les factures impayées des opérations de rapatriement des Maliens bloqués à l’extérieur dans le cadre de la gestion de la maladie à Covid-19.
Dans une correspondance adressée au Premier ministre, en date du 5 mai 2021, le ministre des Maliens de l’extérieur et de l’Intégration africaine demandait la mise à disposition de 3 milliards de F CFA pour le règlement définitif des factures impayées dans le cadre de la gestion de Covid-19.
En réponse à la correspondance n°0672/PM-CAB du 26 avril 2021, le ministre des Maliens de l’extérieur et de l’Intégration africaine a rappelé que dès le début de la crise consécutive à la propagation de la maladie à Covid-19, son département avait demandé et obtenu du conseil des ministres du 30 avril 2020 la mise à disposition de la somme de 6 milliards de F CFA.
Le ministère de l’Economie et des Finances, poursuit la correspondance, a mis à la disposition du ministère en charge des Maliens de l’extérieur la moitié du montant, soit 3 milliards de FCFA.
A en croire la correspondance, le Premier ministre d’alors avait créé une commission présidée par son chef de cabinet militaire pour gérer en lieu et place du département des Maliens de l’extérieur la crise. Tous les marchés ont été attribués par cette commission qui ne comprenait que le seul chef de cabinet des Maliens de l’extérieur.
En application des instructions du Premier ministre, mentionne la correspondance, la régie du département des Maliens de l’extérieur payait toutes les factures consécutives aux marchés alloués par la commission jusqu’à épuisement des 3 milliards de FCFA.
Contre ordre
Au vu des marchés passés par la commission, qui dépassaient largement les 3 milliards de FCFA, le département des Maliens de l’extérieur a fait une demande de crédit auprès du ministère de l’Economie et des Finances des 3 milliards de FCFA restants pour le règlement des dépenses. Jusque-là, cette requête est sans suite favorable.
Après plusieurs démarches, le directeur général du budget a informé le ministère des Maliens de l’extérieur de l’existence d’une lettre qui informe que contrairement à ce qui avait été décidé par le conseil des ministres, le département n’avait finalement droit qu’aux 3 milliards de F CFA.
“Cette situation fait que le département ne peut plus payer les prestataires dont principalement les hôteliers qui nous assiègent tous les jours pour le règlement de leurs factures. Nous avons transmis les dossiers relatifs à cette situation au président de la commission par lettre n°000041/MMEIA-SG du 29 janvier 2021. Pour un règlement définitif de cette situation, il est nécessaire de mettre à la disposition de mon Département, la somme de 3 milliards FCFA restants”, conclut la correspondance.
En réponse à la correspondance du ministre des Maliens de l’extérieur et de l’Intégration africaine, le Premier ministre a saisi le ministre de l’Economie et des Finances afin que ce dernier fasse le point des blocages actuels dans le paiement de certaines factures relatives aux opérations de rapatriement des Maliens bloqués à l’extérieur.
Les prochains jours seront déterminants dans le traitement de ce dossier afin d’abréger la souffrance des acteurs de l’industrie hôtelière qui se sont endettés auprès des banques de la place pour la mise en œuvre des opérations de rapatriement des Maliens bloqués à l’extérieur dans le cadre de la gestion de cette crise due à la propagation de la pandémie de la Covid-19.
Boubacar Païtao