Si le ministère français de l’Immigration et la représentation diplomatique française à Alger ont réagi à la publication du rapport de la CIMADE, à Bamako, c’est plutôt un silence mystérieux quand bien même le sulfureux rapport classe les demandeurs maliens parmi les premières victimes expiatoires de la méthode aujourd’hui dénoncée.
"A compter du 5 mars 2011, tous les refus de visa de court séjour seront motivés, en vertu d’une obligation introduite par le Code communautaire des visas". C’est la réponse du ministre français de l’Immigration suite à la publication du rapport de la CIMADE, intitulé "VISA REFUSÉ".
Pour sa part, l’Ambassade et le Consulat de France à Alger ont conjointement animé une conférence de presse non pour se blanchir, mais, diront-ils, dans le souci de donner plus amples informations sur le sujet.
Selon le rapport, l’Algérie vient en tête des " visas refusés " avec une moyenne de rejet d’environ 45 %, le Ghana 35,5 %, la Côte d’Ivoire près de 29 % et le Mali plus de 27 %.
Il existe cependant une spécificité à Bamako. Les critères d’obtention de visas comportent des points pour le moins obscurs. Pour rejoindre le conjoint, le demandeur doit disposer de ressources financières, d’un contrat de location et d’une couverture sociale. Des critères qui ne figurent pourtant pas dans les "conditions légales" d’obtention de visa. La loi française exige seulement dans ces conditions, l’absence de fraude, la vérification du mariage et sa transcription s’il a été célébré à l’étranger, précise le rapport.
Aussi, poursuit le témoignage de la CIMADE, le consulat exige des documents administratifs dont l’acquisition s’avère impossible dans le délai légal dévolu à la délivrance du visa. De la surenchère !
En France, pareilles accusations auraient nécessité une vive réaction des accusés dans les instants qui suivent. Mais c’est tout l’air comme si les représentations diplomatiques occidentales en Afrique vivent à l’image du pays hôte et dont les autorités gardent le plus souvent un silence dédaigneux face aux pires allégations et scandales les concernant. En clair, ces ambassades et consulats ne sont pas différents des pouvoirs publics locaux.
S. Diarra