Violence sexuelle et migration : Le corps au supplice du chemin de l’eldorado

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Guidées par le pressant désir de mieux être et de mieux vivre sous d’autres cieux, elles sont de plus en plus nombreuses les femmes à se lancer sur le chemin périlleux de la migration. En s’embarquant sur le long trajet de la migration, elles sont à dix mille lieux de s’imaginer la dangerosité dans laquelle elles s’embarquent. En effet, pour la quasi majorité de ces femmes le trajet de la migration a rimé entre viols, abus et violences sexuelles qu’elles peinent à relever par peur de représailles, par honte et même par culpabilité. 

De récentes données sur la migration notamment la forme irrégulière de la migration montrent une féminisation du phénomène ces dernières années. A l’image des hommes, les femmes se lancent sur le long trajet non moins dangereux de la migration pour tenter de gagner l’Europe, l’Amérique ou les Moyens Orient. Du pays de départ ou d’origine en passant par le trajet, aux frontières qu’au niveau de la destination ces femmes sont confrontées à de multiples violences, abus et agressions  sexuelles  tout au long du voyage vers l’eldorado. « Je peux vous raconter l’histoire de ma copine. Selon elle, leur trajet a été très difficile, ils ont quitté le Mali pour rejoindre l’Europe en passant par le Maroc. Elle affirme qu’une fois au Maroc, c’est un certain Monsieur qui  est venu les accueillir pour les amener dans une maison où ils ont pu prendre une douche et se restaurer avant d’emprunter un train qui les a conduit dans un endroit isolé où toute leur équipe ont dû descendre dans un grand souterrain recouvert de  cartons à ce lieu précis , hommes  et femmes sont enfermés durant des jours sans manger ou boire , à cet endroit , les femmes subissent les pires agressions sexuelles , viols, pire que tout ce que vous pouvez imaginer. Aussi pour pouvoir se nourrir les gens étaient obligés de sortir se prostituer afin de s’offrir un bout de  pain et de l’eau », c’est ma copine qui explique ainsi son calvaire, témoigne F .C une survivante à la migration résidant  dans un pays européen. Et d’ajouter « Toujours selon elle, on les faisait sortir pour rejoindre le  bateau, le chemin est long et dangereux dans les embarquements les femmes  impuissantes sont abusées par les chefs des embarquements et par d’autres hommes, la même chose se passe dans les trains où les passagers sont forcés à patienter souvent 3 à 4 jours ». Les témoignages d’agressions sexuelles, de viols sont contés  et attribuer par les femmes à une compagne de voyage ou à une amie par pudeur ou par crainte de représailles. « Le trajet de la migration est cruel et les viols et agressions  sexuelles sont courants. Personnellement j’ai été victime de plusieurs abus, je suis venu d’un pays voisin pour transiter au Mali avant de chercher la route de l’Espagne.  L’adresse que j’avais m’a conduite au nord du pays précisément à Gao où j’ai été hébergée par un contact qui devait s’occuper de ma traversée. Déjà j’ai été obligée d’encourager les légèretés  de mon protecteur. Avais-je le choix ? J’étais loin de mon pays, dépendant de lui et je voulais atteindre mon objectif c’est à dire aller en Europe », témoigne M. K, une jeune dame ressortissant d’un pays voisin désormais établie en Europe.  Selon  M. C, tout au long du trajet elle s’est vue dans l’obligation de s’offrir à différents hommes soit pour s’assurer une protection, soit pour s’attirer des faveurs du passeur.  Pour M. C,  les femmes qui ne bénéficiaient d’aucune protection masculine, étaient exposées aux viols et abus sexuels d’autres voyageurs ou passeur.

Le Prix de la protection, un abus qui n’en dit pas son nom ! :

Oumar Kéïta  de l’association ARTD (retour –travail-dignité), un candidat à la migration, rescapé  des tirs  sur les migrants   en 29 septembre 2009  aux frontières espagnoles, témoigne ceci : « Je pense qu’il y a autre forme de violence sexuelle sur les femmes, pire que les viols dont on parle peu  malheureusement.  Il s’ agit de cette pression taciturne faite sur les femmes lors des traversées du Sahara pour gagner les destinations , les femmes sont obligées de se trouver protection auprès d’un homme pour se préserver des viols et pression des hommes en masse » dénonce M. Kéïta . Et d’enchaîner : « une femme qui se retrouve dans un groupe d’homme, soumise à des pressions d’hommes, harcelée par des hommes et voulant se protéger des viols et autres abus sur elle, et se voit proposer une protection par un homme  en contre partie d’accepter des relations sexuelles avec ce dernier, pouvons nous dire qu’elle agit de son propre chef ?», argumente M. Kéïta.  Qui affirme que cette pratique est très courante sur la route de la migration irrégulière.  Ses propos sont soutenus  par  A. K qui déclare : « Je m’étais confiée à un compagnon de route, un sénégalais parce que j’étais harcelée par certains  hommes du groupe, nous étions une soixantaine  de personnes dont seulement 3 femmes. Malheureusement pour moi celui qui était sensé me protéger des autres, s’est mis à me  harceler sexuellement et il voulait m’offrir à d’autres, c’est là que j’ai eu la chance de chercher protection auprès de  Oumar  Kéïta qui m’a protégée  en me présentant comme sa sœur. Si moi j’ai eu la chance d’échapper à ces abus ce n’est pas le cas de toutes, beaucoup de femmes sont obligées d’accepter les conditions d’un pseudo protecteur  au risque d’être abusées par plusieurs hommes durant la traversée du Sahara ».   Abusées, violentées, violées, abusés sexuellement ou psychologiquement et  rançonnées sur leur corps, les candidates à la migration irrégulière sont victimes de nombreux sévices  sur le trajet  surtout celles qui empruntent la traversée du Sahara. Les survivantes à l’épreuve peinent à briser le silence et témoigner à visage découvert soit par honte, regret et culpabilité elles sont rares à briser le silence sur les supplices qu’ont subi. Médecin sans frontière (MSF) dans un rapport publié en mars 2010 sur  la corrélation de la violence sexuelle et la migration notamment les femmes subsahariennes en partance en Europe  arrêtées au Maroc,  indique : ‘Entre mai 2009 et janvier 2010, une femme sur trois prise en charge par MSF à Rabat et Casablanca, a admis avoir subi un ou plusieurs épisodes de violence sexuelle, que ce soit dans son pays d’origine, pendant le processus de migration ou une fois sur le territoire marocain. Ce chiffre pourrait être plus élevé puisque certaines femmes ont refusé de parler ou n’ont pas reconnu ce que leur propre témoignage mettait en évidence. L’usage de la violence sexuelle devient ainsi une des pratiques violentes les plus courantes subies par les femmes dans le contexte des migrations.’

Khadidiatou SANOGO/Maliweb.net

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2 COMMENTAIRES

  1. Elles n’ont pas d’autre choix que de fuir l’enfer cree par l’exploitation capitaliste et imperialiste de nos pays par la maudite France.

  2. 👤BOB MARLEY EST LE VRAI PROPHETE DE L AFRIQUE! LES CHANSONS DE BOB SONT DES VRAIS PRIÈRES POUR LES NOIRS! 👤

    😎KADIDIATOU SANOGO! C EST BIZARRE NON? UNE FEMME SUR LE CHEMIN DE MIGRATION EN EUROPE PARMI DES GROUPES IMPORTANTS D HOMMES? OU BIEN?😎

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