Elles sont nombreuses, ces femmes dont les maris ont choisi l’étranger comme terre d’accueil. Vivant dans la solitude et l’angoisse, elles ne savent quoi faire, sinon prendre leur mal en patience, souvent avec les caprices de la belle-famille.
« Veuvage », tel est le nom que l’on peut attribuer à la condition de vie de ces femmes mariées. Toutes n’affichent qu’un sourire à la question de savoir comment elles supportent l’absence de leurs époux. L’immigration a ceci de négatif qu’elle livre des femmes à elles-mêmes, condamnées à vivre dans une attente dont elles ne connaissent point la fin.
La plupart du temps, ces « veuves » sont accusées de tous les péchés d’Israël et traitées de tous les noms d’oiseaux. On les colle souvent des accusation d’adultère, juste pour une sortie ou pour un coup de fil « suspect ». Elles sont obligées de vivre sous l’œil sournois des beaux-parents.
La jeune D. n’a que 13 ans. A ses dires, sa rencontre avec son homme n’a eu lieu que quelques jours avant leur union célébrée le ramadan dernier. Son mari est donc reparti juste après la semaine nuptiale. Elle nous explique en ces termes : « Après le départ de mon mari pour le Congo, je suis partie vivre dans ma belle-famille à Banankabougou. ». Enceinte d’un mois et vivant dans cette « grande famille », la petite D. exécutait de durs travaux ménagers jusqu’au jour où elle tomba malade. « Quand je suis tombée malade, ma mère a demandé à ce que je revienne à la maison pour me soigner et apprendre à mieux faire la cuisine. Donc, mon mari envoyait chaque mois de l’argent mais cet argent servait plutôt à d’autres fins car mon père est au chômage et nous sommes en location… ». C’est donc grâce à Dieu que cette innocente accoucha d’un petit garçon qui fut immédiatement mis sous alimentation artificielle compte tenu de l’état de santé de sa mère.
Contrairement à la majorité des femmes, c’est le jeune âge de D. qui est à plaindre. Les nombreuses campagnes de sensibilisation ne lui ont pas permis d’échapper à un mariage précoce, enfermée trop tôt dans un piège dont elle ne connaît l’issue, causé par la cupidité de ses parents.
Qu’il s’agisse d’une journée ou de plusieurs années, ce que ressentent toutes ces femmes est pareil. C’est du moins l’avis de A. âgée de 24 ans. Son homme à elle erre depuis des années au Cameroun cherchant un moyen pour atteindre la Guinée Equatoriale. A l’en croire, ce sont ces beaux-frères et belles-sœurs qui lui assurent son quotidien.
Que pendant les premiers mois suivant le départ de l’homme, les appels téléphoniques étaient habituels avant de diminuer en fréquence et en minute. Que faire ?
Certaines, « femmes de parole » se replient sur elles-mêmes en observant le sablier de l’attente. Quant à d’autres, elles préfèrent trouver « satisfaction et compagnie » ailleurs en attendant le retour du monsieur « déserteur ». Elles n’y voient aucun inconvénient et préfèrent se contenter de ce qu’envoie l’aventurier.
L’attitude de ces dernières est-elle à blâmer?
« Ce sont mes belles-sœurs qui me disent souvent de divorcer si je ne veux pas rester ainsi, car je suis jeune et je dois profiter de ma vie. Elles sont sincères dans leurs propos et je sais aussi qu’elles le disent pour que je ne me livre pas à l’adultère… Elles le disent pour moi et pour leur frère», nous confie A. Mais combien sont-elles à bénéficier de cette sympathie venant des beaux-parents ?
De plus, il faudrait que ces immigrés prennent conscience du mal-être de ces femmes. Réfléchir à deux fois avant de se lancer dans ce genre d’union ; et pour l’homme et pour la femme.
Fanta Sissoko, elle, opta pour le divorce. Son ex mari partit pour l’Algérie avant même la fin des noces et jusqu’à présent, il n’est pas de retour. Le départ de celui-ci remonterait à Janvier 2000. Selon les propos de la bonne dame, il se plaignait de n’avoir pas de papiers et elle, s’estimait trop jeune pour vivre seule.
Quant à R. , elle a préféré fuir le domicile de ses beaux-parents car ceux-ci l’obligeaient à avoir des relations intimes avec le frère de son époux.
Et le comble est que certains hommes, dans cette situation se plaisent à devenir polygames laissant derrière eux femmes et enfants.
Il est donc temps que les uns et autres prennent conscience de ces états de fait et essayent de faire en sorte que les unions, qu’elles soient à distance ou pas donnent le sourire à tous les deux partenaires.
Saly KANE