SAINT-LOUIS (AFP) – dimanche 17 décembre 2006 – Vingt-cinq Sénégalais, qui tentaient de rejoindre clandestinement l’Espagne en pirogue, ont été sauvés samedi par des pêcheurs à Saint-Louis (nord), et 102 autres étaient portés disparus en mer, a-t-on appris de sources hospitalières et auprès des rescapés.
Les 25 rescapés ont été secourus en mer par des pêcheurs locaux, et transportés samedi en début d’après-midi avec l’aide des sapeurs-pompiers à l’Hôpital régional de Saint-Louis.
Ils paraissaient très faibles. Certains avaient des plaies ouvertes aux jambes ou à la hanche.
"Ils sont arrivés fatigués et déshydratés. (…) Visiblement, ils avaient faim et soif", a déclaré le docteur Demba Dieng, un responsable du service des urgences. Selon lui, leur vie n’est pas en danger mais ils devraient rester hospitalisés quelques jours.
Ils souffrent de diarrhée "du fait de la consommation excessive d’eau de mer pendant une dizaine de jours", mais aussi de "blessures et de plaies", a-t-il expliqué.
D’après des témoignages recueillis auprès des rescapés, au total 127 hommes – des jeunes pour la plupart – venus de différentes localités du pays avaient embarqué le 3 décembre dans la même pirogue à Bolongne, dans la région de Ziguinchor, en Casamance (sud), à destination des îles Canaries.
"Nous avions l’espoir de rallier l’Espagne sans problème, parce que nous avions des GPS et du matériel d’orientation de qualité qui nous indiquaient le cap à chaque étape", a affirmé Siaka Dieng, qui a arrêté le 25 novembre son petit commerce à Kaolack (centre) pour tenter l’aventure.
"Les intempéries nous ont posé problème à partir des côtes marocaines. Les vagues ont stoppé notre progression et nous ont obligés à rebrousser chemin après plusieurs jours sans provisions", a ajouté le jeune homme, s’exprimant faiblement. "Nous étions obligés de boire l’eau de mer", a-t-il dit.
Atoumane Gaye, 38 ans, pêcheur du quartier de Guet-Ndar, à Saint-Louis, confirme le calvaire vécu pendant la traversée, mais attribue l’échec de leur projet de voyage aux désaccords entre les occupants de la pirogue.
"Ce sont les avis divisés et les altercations des uns et des autres qui nous ont causé le malheur d’aujourd’hui", a accusé le pêcheur, semblant en meilleure forme que les autres.
Aucune information n’était disponible samedi soir sur les 102 personnes portées disparues et une éventuelle opération de recherche les concernant.
Certains rescapés ont indiqué que des passagers étaient "tombés à l’eau" ou avaient été jetés en mer lors de la traversée, mais d’autres ont refuté ces allégations.
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