C’est connu, la Côte d’ivoire est le pays qui accueille le plus grand nombre de nos compatriotes à l’étranger avec ses trois millions de Maliens vivant sur son sol. C’est pourquoi, notre pays a toujours payé le lourd tribut des multiples guerres qui ont émaillé la vie sociopolitique de ce voisin du sud. La crise qui a suivi la présidentielle ivoirienne de Novembre 2010 a causé plus de 3000 morts, dont 239 (215 tués et 24 disparus) dans les rangs de la communauté malienne.
On a l’habitude de dire que si la Cote d’Ivoire s’enrhume, le Mali tousse. La proclamation des résultats du second tour de la présidentielle et le refus de l’ancien Président Laurent Gbagbo de quitter le pouvoir a entrainé un conflit armé qui a secouée Abidjan et l’intérieur du pays. Cette guerre que d’aucuns ont qualifiée de « guerre sans visage » ne présentait pas deux belligérants se faisant face, mais elle opposait les composantes de la société ivoirienne dans toute sa profondeur, suite à une instrumentalisation de la jeunesse par une minorité au pouvoir. L’ennemi était partout, comme l’aimait à dire le Président de la Commission Dialogue Vérité Réconciliation, Charles Konan Banny. Mais si les ethnies dioula et baoulé ont payé pour leur soutien à Alassane Dramane Ouattara, le seul candidat qui pouvait détrôner le manitou de la Refondation, les ressortissants de la Cedeao, principalement ceux du Mali et du Burkina Faso, les plus nombreux, étaient les plus visés par rapport au comportement supposé de leurs dirigeants.
Sur cette question, les Maliens de Côte d’Ivoire, à tort ou à raison, ont été beaucoup critiques à l’égard de leur Président ATT qui, selon eux, a soutenu Laurent Gbagbo jusqu’au bout, dans ses errements, même quand il savait la cause de ce denier perdue. Ceci n’expliquait- elle pas la sortie catastrophique du Président ATT à l’Investiture du Président Ouattara le mois dernier à Yamoussoukro ? L’image d’ATT passe actuellement très mal, en effet, dans l’entourage du Président ivoirien qui a du mal à lui pardonner ses prises de position au moment où il ne le fallait pas. Le drame, c’est que ce soutien du Président Malien à Laurent Gbagbo n’a jamais tempéré les ardeurs des miliciens, mercenaires et forces Pro Gbagbo à s’attaquer aux Maliens qui ont été tués sur la route des mosquées, dans les champs, pris dans leurs maisons et brûlés vifs à Yopougon, ou tués par les obus dans les marchés d’Abobo.
Aujourd’hui, le bilan est dramatique. De sources proches du dossier au Conseil des Maliens de Côte d’ Ivoire, on dénombre près de 215 tués, 24 disparus (supposés tués également), 34 blessés et plus de 177 cas de pillages de domicile et de magasins appartenant à nos compatriotes. Lors de sa dernière réunion mensuelle, le Conseil des Maliens a pris acte de l’intention des victimes de la crise ivoirienne de créer un collectif de victimes maliennes pour porter plainte contre Laurent Gbagbo et ses hommes de main afin que justice soit rendue. La création d’une telle structure est très attendue par ceux qui ont tout perdu dans cette crise. En attendant, le Conseil des Maliens de Côte d’Ivoire se prépare à rendre hommage à toutes les victimes maliennes de la crise ivoirienne à travers une cérémonie de prière qui aura lieu le Samedi 23 Juillet 2011prochain.
Une Prière d’hommage aux 215 tués et 24 disparus
Pour rendre hommage à ses morts, la communauté malienne de Côte d’Ivoire projette une grande cérémonie de prière et d’hommage aux victimes maliennes de la crise post électorale en Côte d’ Ivoire. Cette cérémonie à laquelle seront invitées les hautes autorités de l’Etat comme le Président de la Commission Dialogue-Vérité- Réconciliation, Charles Konan Banny, les responsables de la Commission Santé du RHDP, les Ambassadeurs des pays membres de la Cedeao, les présidents des communautés membres de la Cedeao, sera l’occasion pour les uns et les autres de rendre hommage aux 3000 victimes, en général et aux 239 innocents maliens tués pendant cette crise. Le Conseil des Maliens, selon son Président Hamet Diawara, entend demander au Haut Conseil Islamique du Mali d’organiser une prière similaire pour les Maliens tués avant, pendant et après la présidentielle ivoirienne, dont les corps de certains ne seront jamais retrouvés. Le Mali a payé le prix fort de la crise ivoirienne. Rares sont les familles maliennes qui n’ont pas eu leur part de victime dans cette crise. Alors le pays doit cela à ses valeureux fils qui ont quitté le pays pour participer à distance au développement économique et social du Mali.
De Gildas, correspondant du Républicain à Abidjan