Rêvant de l’eldorado sud-africain, des Asiatiques échouent au Mozambique

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MAPUTO (AFP) – 19:05 – 12/03/11 – Kazi Jarangir Alam a payé près de 8.000 euros pour atteindre l’Afrique du Sud, à plus de 7.500 kilomètres de son pays, le Bangladesh, pour finalement se retrouver à la case départ après un mois de détention dans un camp de transit au Mozambique.

Comme lui, de plus en plus d’Asiatiques tentent de rallier la première puissance économique d’Afrique en passant par l’ancienne colonie portugaise, aux longues frontières poreuses.

“J’ai quitté le Bangladesh pour des raisons politiques, d’autres partent pour gagner de l’argent”, a expliqué à l’AFP le jeune homme, joint par téléphone dans le camp de Massaca, au sud de la capitale, Maputo.

Responsable d’un petit parti d’opposition, il a payé un réseau de trafiquants pour atteindre l’eldorado sud-africain. “Il y avait des gens, ils ont pris mon argent”, dit-il laconique.

Kazi Jarangir Alam, 28 ans, s’est rendu par avion à Maputo, où il a obtenu un visa de touriste, et s’est ensuite glissé en douce en Afrique du Sud. Mais à son arrivée à Johannesburg, il s’est fait arrêter par la police avant d’avoir le temps de demander le droit d’asile.

Début février, les autorités sud-africaines ont affrété des bus pour renvoyer plus de 400 immigrés illégaux asiatiques chez leur voisin, qui les a placé au camp de Massaca le temps de réunir les fonds pour leur rapatriement.

Le Mozambique, où la majorité de la population vit sous le seuil de pauvreté, a finalement reçu l’assistance d’associations musulmanes, de l’ambassade chinoise et d’autres donateurs et a pu renvoyer ce week-end 268 Bangladais, 124 Pakistanais, 11 Indiens et 41 Chinois dans leur pays.

Durant leur détention, dix avaient tenté de fuir le camp de tentes, élevé au milieu d’une zone poussiéreuse et géré par la Croix Rouge. Mais ils avaient été capturés avant de pouvoir tenter à nouveau l’aventure sud-africaine.

La promesse d’une vie meilleure en Afrique du Sud, la plus grande économie du continent, attire chaque année de nombreux immigrants, principalement originaires d’Afrique (Zimbabwe, Mozambique, Somalie, République démocratique du Congo…).

Mais la police a récemment arrêté de nombreux immigrés originaires d’Asie et soupçonne un réseau de trafiquants d’êtres humains d’être derrière cette nouvelle vague de migration.

Début janvier, 148 Bangladais ont ainsi été interpellés près de l’aéroport de Maputo. Quelques jours plus tard, un fermier a découvert 96 Asiatiques sur son exploitation, à la frontière avec l’Afrique du Sud.

“C’est un nouveau phénomène. Nous n’avons jamais vu rien de tel dans le passé”, a déclaré le porte-parole de la police de la province de Maputo, Joao Machava, lors d’une visite du camp de Massaca.

“C’est une manifestation directe de réseaux criminels”, a-t-il ajouté. “Nous pensons qu’il y a une cellule” sur notre sol.

Ces mafias bénéficient de l’assistance de policiers et d’agents d’immigration corrompus, a ajouté le porte-parole de la police municipale, Arnaldo Chefo, en assurant que plusieurs membres des forces de l’ordre avaient déjà été arrêtés.

Pour lui, la lutte doit s’intensifier: “nous n’avons aucun doute sur le fait que cette afflux de gens peut créer de l’instabilité dans notre pays.”

AFP

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