Avant de quitter Dakar, le chef de l’Etat a rencontré la communauté malienne vivant au Sénégal dans un amphithéâtre de l’Université Cheick Anta Diop de Dakar. Ce contact direct du président de la République avec nos compatriotes du pays de la Terranga a été l’occasion de débattre des questions brûlantes de l’heure comme la situation à Kidal, la récente mutinerie au camp de Kati, la libération de certains prisonniers des groupes armés du nord, le naufrage d’une pinasse à Koubi dans la commune de Konna, dont le bilan humain définitif est de 72 morts.
Par rapport à la situation de Kidal, Ibrahim Boubacar Kéita a rappelé avoir évoqué la question à la tribune des Nations unies lors de l’Assemblée générale de l’organisation mondiale en septembre passé et au président français François Hollande. Il a réaffirmé qu’il ne saurait y avoir d’autonomie à plus forte raison d’indépendance de cette partie du pays. Le président de la République a expliqué que la décentralisation sera poussée très loin pour que tous les Maliens où qu’ils se trouvent se sentent bien à l’aise y compris la population de Kidal. C’est d’ailleurs l’une des raisons principales de la tenue des Etats généraux de la décentralisation la semaine dernière dans la capitale.
« Nous allons mettre en place un plan de développement accéléré des régions du Nord, singulièrement à Kidal qui a droit aux services de base comme l’eau potable et l’électricité comme toutes les autres parties du pays », a-t-il dit.
Par ailleurs, le chef de l’Etat a dit qu’il fallait prendre des mesures fermes pour « balayer » le camp de Kati. « J’ai fait que ce qu’il fallait faire à Kati. Je ne pouvais pas accepter que des militaires s’agitent pour des histoires de primes et de grades alors que des étrangers sont en train de se battre pour nous dans le Nord », a indiqué Ibrahim Boubacar Keïta. A ce propos, il a raconté que lors de son passage à Kidal pendant la campagne électorale, il a rencontré un soldat sénégalais qui lui a dit qu’il est « venu défendre son pays, le Mali » au prix de sa vie. Son bataillon dormait dans une bergerie dans des conditions très difficiles, a précisé le chef de l’Etat.
Concernant les prisonniers des groupes armés qui ont été libérés par le gouvernement dans le cadre des mesures de confiance pour les négociations, il a expliqué qu’il s’agit de personnes qui n’ont pas commis de crime et ne sont pas impliqués dans les trafics de drogue et d’armes.
Pour Ibrahim Boubacar Keïta, le naufrage de Koubi démontre à suffisance l’effritement de l’Etat. En effet, la pinasse accidentée a été conçue pour prendre 100 personnes mais le jour du naufrage, ce sont plus de 450 personnes qui étaient à son bord. « Je n’ai pas hérité d’un Etat. Le minimum n’existait pas. Tout est à refonder », a-t-il déclaré, avant de réaffirmer sa détermination de remettre de l’ordre dans tout le pays. A commencer par le palais de Koulouba où le trafic d’influence a toujours pignon sur rue.
M. K