La situation en Côte d’Ivoire préoccupe à plus d’un titre, depuis le départ sur la pointe des pieds, des médiateurs de la Cedeao. En particulier, le Mali qui a une forte colonie en Côte d’Ivoire doit-il assister à la montée crescendo de la violence à Abidjan sans rien faire, notamment venir au secours de ses ressortissants en danger réel? Comment assurer la sécurité des Maliens et de leurs biens dans un climat tendu aux issues incertaines ?
Le Mali de Amadou Toumani Touré s’est beaucoup retenu s’agissant des questions de prise de position à la suite de l’élection présidentielle de novembre dernier en Côte d’Ivoire. Cependant, il y a eu de nombreuses victimes maliennes, et nos compatriotes ont frôlé la catastrophe à la suite de rumeurs sur un présumé appui du Président ATT à son homologue sortant de la Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo.
Les maliens de Côte d’Ivoire sont assurément entre deux feux. Accusés d’être majoritairement pro-Ouattara, ils encourent des représailles du camp Gbagbo. En revanche, la tension montait du côté des forces nouvelles suspectant quelque coup de pouce venant de son voisin du Mali à Laurent Gbagbo. Si gouverner c’est prévoir, le gouvernement n’a-t-il pas eu suffisamment d’indices ou de signaux pour prendre les dispositions à toutes fins utiles, aux fins du rapatriement volontaire des Maliens qui vivent en Côte d’Ivoire ?
Du côté du ministère des Maliens de l’Extérieur et de l’Intégration africaine, la question embarrasse également le ministre Badra Alou Macalou qui a été reçu lundi par le premier Ministre Modibo Sidibé. Au centre de leur entretien, la situation en Côte d’Ivoire et la redynamisation du Comité interministériel qui a fait ses preuves dans les rapatriements volontaires initiés par le gouvernement en 2001. A cette occasion, des milliers de Maliens ont regagné leur pays dans des convois organisés par le gouvernement. Selon nos sources, le premier ministre a instruit la réunion diligente du Comité interministériel composé du ministère des Maliens de l’Extérieur et de l’Intégration africaine, du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, du ministère de la Sécurité intérieure et de la Protection civile, du ministère de l’Administration territoriale et des Collectivités locales, du ministère de l’Economie et des Finances, du ministère de l’Equipement et des Transports. La coordination en est assurée par le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale.
La réunion du Comité interministériel qui était annoncée pour le mardi soir s’est finalement tenue le mercredi matin, indiquent nos sources. Il a discuté de plusieurs questions dont les dispositions à prendre pour l’approvisionnement correct du Mali en denrées dans le cas d’une recrudescence de la crise en Côte d’Ivoire. Les dispositions à prendre pour le rapatriement et pour camper en attendant leur réinsertion sociale, des Maliens retournés après un long séjour en Côte d’Ivoire. Des questions se rapportant à leur retour, tant au niveau des négociations avec les autorités ivoiriennes qu’à celui du transport. Comment assurer le transport des Maliens qui veulent retourner chez eux, en traversant des régions contrôlées par le camp Gbagbo et celles contrôlées par les pro-Ouattara ? Et comment entamer de telles entreprises sans éveiller des susceptibilités de la part des Ivoiriens. Sur ces questions, le gouvernement malien se voulant subtil tombe dans les hésitations au risque de l’inefficacité. « Le rapatriement demande une caution gouvernementale, ce qui est difficile dans le cas de l’existence de deux autorités dans le pays », nous dit une source proche du gouvernement.
Le ministre des Maliens de l’Extérieur et de l’Intégration africaine est en contact permanent avec le Conseil de base des Maliens de Côte d’Ivoire, ainsi que l’Ambassade du Mali en Côte d’Ivoire. La cellule de base est à pied d’œuvre pour recueillir des informations concernant les Maliens et donner des consignes de comportement selon les situations qui se présentent, nous expliquent des sources proches du dossier. C’est ainsi qu’on sait le nombre de Maliens tués ou blessés. Selon ces sources, tous les Maliens qui ne restent pas isolés et qui sont dans des associations sont situées par la cellule de base. Cependant la réunion interministérielle n’a pas pu encore trancher les questions à savoir : faut-il rapatrier les Maliens de Côte d’Ivoire ? Comment aménager le retour ? Faut-il un accompagnement par les forces de l’ordre maliennes ?
B. Daou