La Côte d’Ivoire sort petit à petit de plus de 10 ans de crise socio politique, après la chute de l’ancien dictateur Laurent Gbagbo et de son clan. Cette crise a vu enfin son épilogue le lundi 11 Avril 2011, avec l’arrestation de celui que la presse a nommé « le Machiavel des Lagunes », suite à une intervention musclée des Forces Républicaines appuyées par les Forces impartiales sous mandat de l’ONU. Notre pays, à l’instar des autres pays de la sous région, a une fois de plus payé le prix fort des événements post électoraux avec l’assassinat de plus d’une centaine de nos compatriotes. Devant les tueries, les enlèvements et les persécutions de tous genres, perpétrés par les milices et les mercenaires Pro Gbagbo, plusieurs milliers de nos compatriotes avaient trouvé refuge au rez-de-chaussée de l’Ambassade du Mali en Côte d’Ivoire. Estimé au départ à environ mille, leur nombre connaîtra une augmentation fulgurante, submergeant, du coup les services de la Chancellerie et du Conseil des Maliens de Côte d’Ivoire. Le sacrifice consenti par le Conseil des Maliens de Côte d’Ivoire (CMCI), pour sortir nos compatriotes du bourbier ivoirien, vient d’être reconnu et récompensé par Habib Sylla, Président du Haut Conseil des Malines de l’Extérieur (HCME) par l’octroi d’une enveloppe de 4 millions de francs CFA.
Devant le flux de nos compatriotes fuyant les persécutions des mercenaires à Abobo, Williamsville, etc, l’Ambassadeur a sollicité le Conseil des Maliens de Cote d’Ivoire pour trouver les voies et moyens afin de rapatrier ceux qui le souhaitent vers le Mali. Après plusieurs concertations avec le Gouvernement par l’intermédiaire du Ministère des Maliens de l’Extérieur, il reçoit le quitus avec une partie du budget colossal que l’opération nécessitait (environ 500 millions), vu le nombre de nos compatriotes parmi lesquels des femmes, des enfants, des vieux et des malades de tous les âges. L’opération qui démarra le vendredi 25 Mars 2011 a vu un premier convoi de 10 cars de 70 places prendre la route vers Bamako. Elle nécessita une enveloppe d’un peu plus de 33 millions de nos francs. Le second parti d’Abidjan Mardi 28 Mars 2011, avec uniquement les femmes et les enfants, n’a pas eu la même chance du premier. Car si les 700 passagers du premier convoi ont pu regagner Bamako sans encombre, cela n’a pas été le cas pour le deuxième, qui a été pris dans le tourbillon de la guerre occasionnée par la prise du corridor de Tiébissou et l’avancée des Forces Républicaines de Côte d’Ivoire vers la Capitale Economique Abidjan.
Ce convoi composé de 5 cars avec à son bord 325 personnes est arrivé à Bamako une semaine après avoir quitté Abidjan. Ce deuxième convoi, toujours selon nos sources, a nécessité une enveloppe de 12 millions de nos francs. L’opération a finalement été suspendue le jeudi 31 Mars 2011, face à l’avancée des FRCI. C’est donc environ 1000 personnes qui ont pu regagner Bamako avant l’arrêt de l’opération. Auparavant plus de quinze milles maliens avaient été enregistrés dans les communes pour le rapatriement. Finalement, avec l’arrestation de Laurent Gbagbo qui signe le retour à la normale, ceux qui n’ont pas eu la chance d’être dans les deux convois ont pour la plupart décidé de retourner à la maison. Néanmoins malgré la suspension de l’opération, ils sont plus de 10.000 Maliens vivant en Côte d’ Ivoire qui ont pu regagner le bercail à leurs propres frais.
Cette grande opération conjointement menée par l’Ambassade et le Conseil des Maliens de Côte d’Ivoire, malgré sa suspension, a permis à beaucoup de Maliens vivant dans les zones les plus dangereuses d’Abidjan à se mettre à l’abri au sein de la Maison du Mali. Les corps des deux maliens tués au sein même de l’Ambassade n’ont pu être enlevés que le Jeudi 14 Avril 2011par la Croix Rouge. Quinze jours durant, ces corps gisaient au milieu des 3000 refugiés avec tous les risques que la présence de ces corps en état de putréfaction pouvait entrainer.
La gestion de tout ce monde, plusieurs jours durant, par le Conseil des Maliens, n’a pas échappée à Habib Sylla, Président du HCME qui suit le calvaire de ses protégés depuis Libreville. C’est pourquoi, il a décidé de remettre la somme de quatre millions de Francs au Bureau du Conseil de Base comme appui pour tous les efforts fournis.
De Gildas, correspondant du Républicain à Abidjan