Pratiques négrières en Arabie Saoudite :rn80 travailleurs Maliens dans l’enfer quotidien d’une société

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Des retards de salaires, coût assez élevé de la vie, interdiction formelle de manifester pour quelque revendication de droits que ce soit, intimidation régulière avec des interventions musclées d’agents de la police, tentative de confiscation fréquence des cartes de séjour, etc. Voici en substance le calvaire quotidien que vivent les 80 travailleurs Maliens recrutés par la société d’exploitation pétrolière « Charia ». L’aventure, qui constituait une lueur d’espoir pour lesdits travailleurs et leurs foyers, s’est vite transformée en cauchemar. Récit.

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Les Maliens seraient-ils indésirables à l’étranger ? On est en droit de se le demander. Au moment où les dirigeants des pays des cinq continents clament la coopération à travers l’intégration, ce sont des centaines de ressortissants des pays en voie de développement qui sont victimes d’expulsions et de maltraitance dans des pays d’accueil. Ceux de notre pays ne font nullement exception à cette règle. Nos compatriotes sont régulièrement violentés, insultés, puis agressés lors des matchs de football comptant pour les éliminatoires des différents tournois (l’exemple du Togo est éloquent) ; ce sont encore eux, par centaines, qui sont portés disparus dans le désert de Nouhadibou en Mauritanie, sur la mer ou dans les enclaves espagnoles à la recherche d’une « vie meilleure ». Comme si cela ne suffisait pas, ce sont régulièrement aussi des vols charters en provenance, dans la plupart des cas, du pays du soi-disant ami  Kadhafi du Mali, ou de l’initiateur du concept « d’immigration choisie ou maîtrisée » (le président français Nicolas Sakozy), qui débarquent à l’aéroport avec à bord des dizaines de nos compatriotes expulsés en violation flagrante des droits humains. Ceux-là même qui arrivent dans notre pays, à la recherche de main d’œuvre performante, qui vient procéder à des recrutements sur la base des contrats dûment signés par les parties, sont malheureusement tout aussi méchants. Nos compatriotes, dans tous les cas, sont soumis à des traitements inhumains dignes du temps de l’esclavage.  L’illustration la plus parfaite de cette expérience regrettable est donnée par ce qui passe en Arabie Saoudite avec le calvaire des 80 jeunes Maliens recrutés comme chauffeurs il y a cinq mois, pour un contrat de deux ans renouvelables, par la société d’exploitation de pétrole « Charia » basée à Damane, un chef-lieu de préfecture. Ici, la colonie de travailleurs maliens a régulièrement maille à partir avec la direction de la société à cause des retards de salaires fréquents et de rapports de travail moyenageux. Les dernières frictions sont celles survenues à la fin du mois d’octobre et qui ont instauré entre la société et ses employés maliens un véritable climat de tension.

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 Désabusés par ce qu’ils qualifient de situation inacceptable, se traduisant par des révoltes après chaque fin de mois pour avoir leur du, les 80 travailleurs maliens de la société ont décidé de taper du poing sur la table en exigeant leur paiement à date. Ce, conformément au contrat qui lie les deux parties. « La restauration, l’hébergement, les soins de santé, le coût non supportable (pour un travailleur de revenus moyens) de la communication, de l’eau et de l’électricité, bref la cherté de la vie, font que quelques jours de retard dans le paiement des salaires, sont vécus comme un enfer » nous explique l’un d’entre eux. Joint au téléphone, ce dernier certifie que la manifestation de la fin d’octobre a suscité une descente musclée de la police de la localité qui ne s’est pas fait prier pour « botter » les manifestants, et confisquer les cartes de séjour. « Nous avons catégoriquement refusé (à nos dépens bien sûr) de leur remettre lesdites cartes sans nos passeports. Car cela est trop compromettant nous dans un pays où l’hospitalité n’existe point dans le vocabulaire » précise notre interlocuteur. Qui ajoute que le quotidien des 80 travailleurs de la société « Charia » s’est véritablement transformé en enfer avec en toile de fond des menaces de licenciement, des intimidations et des propos arrogants pendant les heures  de travail. Désemparés, ils ont en donc décidé de porter l’information à la connaissance des autorités compétentes de notre pays à travers le Consul du Mali en Arabie Saoudite, et l’Ambassade de ce pays à Bamako, un pays avec lequel le Mali entretient des rapports  « excellents » de coopération et de fraternité.

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Issa Fakaba SISSOKO

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