L’Association malienne des expulsés (Ame) a 20 ans au service des migrants. La célébration de ce 20ème anniversaire a eu lieu du 5 au 6 novembre 2016 au Musée national. La cérémonie était présidée par le chef de Cabinet du ministère des Maliens de l’extérieur, Moussa Aliou Koné, en présence du président de l’Ame, Ousmane Diarra, et du directeur de Medico international, M. Thomas.
L’Association malienne des expulsés a été créée le 06 octobre 1996 à Bamako à la suite des expulsions massives de migrants maliens d’Afrique, d’Europe et d’Asie. Les migrants, expulsés des pays d’accueil, humiliés, sans ressources et ayant totalement perdu espoir, arrivaient dans leur pays d’origine sans aucun dispositif d’accueil mis en place par les autorités. Ils se réunissaient dans la cour du Haut conseil des Maliens de l’extérieur (Hcme), au quotidien, pour trouver une solution à leurs problèmes, mais sans succès. Et pis, certains étaient tout simplement mis en prison dès leur arrivée dans leur propre pays.
Face à ces multiples injustices (expulsions, emprisonnement, absence d’aide de l’Etat…), les migrants expulsés décidèrent de prendre eux-mêmes leur destin en main. C’est ainsi qu’est née l’idée de créer une Association pour défendre les droits des migrants maliens partout dans le monde. Un collectif de soutien a été mis en place pour mener des actions communes. Il était composé de défenseurs des droits de l’homme comme l’Amdh, de journalistes, de politiques engagés pour la cause des migrants.
20 années après, la question de la migration se pose encore avec presque la même inquiétude et la même vigueur. Les dirigeants du monde en général, et ceux d’Afrique en particulier, n’ont pas toujours trouvé une solution adéquate aux causes profondes de la migration. C’est pour cette raison qu’ils se sont retrouvés à la Valette (Malte) en novembre 2015 pour proposer des solutions, mais qui sont toujours inadéquates.
Selon le président de l’Ame, Ousmane Diarra, une des premières actions significatives de son association fut l’organisation à Bamako en 1997 d’une marche de soutien pour la libération de 77 Maliens expulsés de France par le 36ème Charter Debré et emprisonnés par le gouvernement malien de l’époque. Selon lui, deux semaines après cette marche historique, les expulsés emprisonnés étaient tous remis en liberté. Ousmane Diarra a aussi indiqué que l’Ame a mené des actions de sensibilisation auprès de la population et des migrants à travers des émissions radios, des conférences, des caravanes populaires, des expositions photos et des projections de films.
À ses dires, en 2006, dix années après sa création, l’Association a participé, avec d’autres organisations, au Forum social mondial polycentrique de Bamako, au cours duquel, elle a fait des rencontres fructueuses avec des organisations du Nord et du Sud. Il a en outre rappelé que l’évolution de l’Ame a conduit à l’ouverture de deux antennes dans différentes régions maliennes. À Nioro du Sahel pour accueillir les expulsés de la Mauritanie et à Kidal, pour porter assistance aux refoulés et expulsés du Maghreb.
Par ailleurs, le président de l’Ame a souligné qu’en 2012, à la suite de l’éclatement de la guerre au Mali, des centaines de milliers de populations se sont déplacées à l’intérieur du Mali et dans les pays voisins où son association a apporté l’assistance, à travers un projet intitulé : «Assistance psycho-médicale et insertion socio-économique des filles et femmes déplacées du Nord et victimes des violences».
Pour le chef de Cabinet du ministère des Maliens de l’Extérieur, Moussa Aliou Koné, depuis sa création, l’Ame s’est imposée comme un acteur central de la société civile malienne sur les questions de migration. Il a rappelé que les prises de position de l’Association ont considérablement contribué à l’instauration d’un dialogue pérenne sur la migration. «S’occuper de ceux qui ont perdu tout espoir tel est la mission que l’Ame s’est attachée depuis 20 ans. L’Etat suit avec un intérêt le travail remarquable d’accueil, d’assistance, de protection, de sensibilisation et d’insertion des migrants de retour. Au-delà du Mali, nous suivons avec satisfaction vos contributions positives au dialogue politique avec les autres organisations de la société civile africaines sur le continent. Sans risque de nous tromper, nous pouvons affirmer que l’Association malienne des expulsés mène un combat certes difficile, mais noble pour faire avancer les débats sur les droits fondamentaux des migrants», a-t-il déclaré.
Diango COULIBALY