Dans la tête de bien des Maliens, le gouvernement a signé un accord pour qu’on renvoie au pays nos concitoyens vivant à l’étranger. Et même le reporter de l’ORTM présent à l’Assemblée nationale le 20 décembre évoquait « la réadmission des Maliens vivant à l’extérieur » lors de l’interpellation des deux ministres concernés. En clair, les Maliens restent divisés au sujet de la collaboration entre l’Union Européenne (UE) et le Mali sur la gestion des flux migratoires d’une jeunesse désespérée vers l’Europe.
Ce qui se passe entre l’UE et le gouvernement malien n’a pourtant pas commencé aujourd’hui. Au plus fort de la crise des réfugiés syriens, l’UE travaillait déjà à convaincre le Mali de s’occuper de ses migrants irréguliers. Mais il ne s’agissait pas que du Mali qui était convié il y a quelques mois au sommet de la Valette(en Italie) sur la gestion des flux migratoires d’Africains vers les côtes européennes.
Les Européens avaient sorti le grand jeu pour ce sommet dont les préparatifs avaient été marqués par une vidéo conférence suivie dans plusieurs capitales africaines dont Bamako. L’UE voulait peut-être éviter le genre de polémique qui enfle actuellement au Mali, mais l’effort de communication n’a pas continué son chemin. C’était sans compter avec la sensibilité des questions migratoires dans un pays comme le Mali.
Les autorités maliennes le savent bien: qui veut gouverner en paix doit publiquement dire qu’il ne signe pas un accord de réadmission. L’ancien président Amadou Toumani Touré l’avait appris à ses dépens lorsqu’on l’avait pris à partie lors d’un de ses déplacements à Paris.
Dès lors, ATT avait été catégorique en refusant de signer cet accord malgré de fortes pressions. Cette décision aurait même jeté un froid profond entre la présidence malienne de l’époque et Nicolas Sarkozy, alors président de la République française.
Aujourd’hui, l’accord de réadmission revient devant la scène avec une polémique plus répandue grâce aux réseaux sociaux. On n’a pas tenté de jeter un projectile sur IBK comme ce fut le cas avec ATT. Mais l’actuel chef d’Etat fait l’objet de commentaires désobligeants sur les réseaux sociaux depuis près d’une semaine.
En attendant, il va falloir composer avec les Européens qui sont dans une logique de s’abriter derrière des barricades à ériger devant les portes de la Méditerranée. Tout va désormais dans ce sens tel que voulu par le sommet de la Valette: de la conception du G5 Sahel à l’investissement dans les terroirs des candidats à la migration.
Soumaila T. Diarra