Migrants subsahariens en Algérie : Silence ! On rafle et on expulse dans des conditions inhumaines

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Des expulsés maliens par l'Algérie (photo RFI)

Selon nos sources, ce sont des milliers de migrants qui ont été lâchés dans le désert entre Tamanrasset, en Algérie et Arlit au Niger, ces derniers jours. Prouvant que la rafle et l’expulsion se poursuivent dans les principales villes d’Algérie, notamment Alger, où ils sont des centaines à avoir été parqués au centre de Zeralda en attendant leur «versement» dans le désert de Tamanrasset, dans le silence total.

 

Aujourd’hui, peu ou plus aucun média, surtout algérien n’évoque les rafles. Pourtant, selon le site d’information Le360 Afrique, elles sont encore plus fréquentes qu’avant et les méthodes demeurent identiques, même si les autorités préfèrent ne plus proférer d’insultes politiques, ceux qui mettraient les opérations d’expulsion au-devant de la scène.

Une autre source, indique que l’Organisation internationale des migrants (OIM) a affirmé avoir secouru un millier de migrants subsahariens dans le désert frontalier avec l’Algérie, au cours du mois de janvier dernier. La même source rapporte que les rafles se poursuivent dans la capitale algérienne. Ainsi, le lundi 12 février, plusieurs centaines de migrants étaient parqués en attendant leur expulsion dans le tristement célèbre centre de Zeralda,  dans la banlieue d’Alger. Toujours, selon cette source, entre janvier et février 2018, c’est 2000 à 3000 personnes qu’Alger a décidé d’expulser. Notons qu’une fois rassemblés à Zeralda ou dans d’autres centres de l’intérieur du pays, les migrants sont conduits dans un des camions militaires vers la ville de Tamanarasset où ils font une brève escale. Ils sont ensuite relâchés à la frontière nigérienne où on leur indique le chemin pour se rendre à Arlit, la première ville de l’espace CEDEAO. D’Arlit, ils doivent rejoindre Agadez ou se trouvent la plupart des ONG qui assistent les candidats à la migration en situation de détresse. Aussi, les témoignages faisant état de traitements inhumains de la part des services de sécurité algériens ou même de citoyens, sont très nombreux. Selon ce site d’information, il y a deux semaines, une subsaharienne mère de famille aurait été sauvagement violée par huit individus armés dans le quartier Les Amandiers à Oran.

 

Plus de 600 Maliens dans le lot

Le président du Conseil Supérieur de la Diaspora Malienne, CSDM, une organisation des Maliens de la Diaspora qui milite aussi pour la cause des migrants, dénonce les conditions d’arrestation et d’expulsion.  Son président, M. Mohamed Cherif Haïdara a, dans une lettre,  tenu à informer encore l’opinion nationale et internationale «qu’à la suite d’une confrontation dans un chantier entre travailleurs algériens et subsahariens qui a fait vingt blessés et cinq morts,  dont un algérien et quatre citoyens d’Afrique subsaharienne, dans le village de Blida, à quelques kilomètres d’Alger, les autorités algériennes ont procédé à des arrestations  arbitraires des ressortissants des pays de l’Afrique noire le 10 février 2018». Encore, aujourd’hui, les gendarmes se promènent de chantier en chantier, d’habitation en habitation menant des opérations d’arrestations.  Il poursuit en affirmant que parmi les détenus,  il se trouve 600 citoyens Maliens qui seraient abandonnés dans le désert, sans aucun moyen et avec peu de chance de survie. Une source indique avoir fait le déplacement pour demander des comptes par rapport à l’arrestation des Maliens. «On m’a promis de me répondre dans un bref délai, mais je suis resté sans aucune réponse. J’ai aussi informé le conseil de l’Ambassade du Mali qui me dit n’avoir pas été saisie  par les autorités algériennes par rapport à ce problème» indique-t-elle.

La source signale que parmi les détenus d’Alger figurent six membres du bureau CSDM disposant de leur carte de membre. Il importe de noter que les arrestations étaient censées se faire à l’endroit des migrants clandestins. Mais, il se trouve que parmi les personnes arrêtées et expulsées depuis,  plusieurs sont en situation régulière. Pourtant l’Algérie a bien conclu un accord notamment avec le Mali et le Niger pour rapatrier leurs ressortissants en situation irrégulière.  «J’ai demandé aux autorités algériennes la libération de nos ressortissants car nous sommes en recensement dans le cadre de l’organisation d’un retour volontaire au pays. Ils ont promis de me répondre mais toujours pas de réponses. J’ai tenu de vous informer de la situation afin que vous puissiez faire quelque chose immédiatement sans quoi  la vie de nos compatriotes est en danger» conclu-t-il.

Notons qu’incompréhension, mécontentement et indignation, avaient étaient les mots face aux expulsions à répétition pratiquées par l’Algérie vers la fin de l’année 2017. Du côté nigérien, on a même officiellement «protesté auprès d’Alger pour les conditions d’expulsion» des migrants.

Aujourd’hui, coté malien, on ne comprend pas l’attitude du gouvernement algérien, à qui l’actuel Premier ministre a réservé sa première sortie à l’étranger, après sa nomination à ce poste. Cela intervient aussi après la réunion mixte de la commission sécuritaire entre les deux pays. Si, Alger veut expulser des Maliens en situation irrégulière de son territoire, il doit le faire en respectant les règles en la matière : les mettre au moins dans un avion pour Bamako et non les envoyer dans le désert. Les autorités maliennes doivent réagir.  Ainsi, le ministre des Maliens de l’extérieur est vivement attendu à Alger pour demander aux autorités de ce pays « frère et ami» d’arrêter de traiter nos compatriotes de la sorte.

Dieudonné Tembely

tembely@journalinfosept.com  

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