Des migrants maliens reviennent de la Lybie : Les rescapés de l’Enfer

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Illustration. Un groupe de travailleurs migrants expulsés (Image d'archives) © AFP/HABIB KOUYATE

Après le rapatriement volontaire de 168 migrants maliens en provenance de la Libye en juin dernier,  ce sont 144 autres qui sont arrivés jeudi dernier  à Bamako.

Leur constat : la Libye, c’est l’enfer.

 

Ils ont été accueillis à l’Aéroport international  Président Modibo Kéita, par M. Moussa Alou Koné, chef de cabinet du ministère des Maliens de l’Extérieur et de l’Intégration Africaine, en présence de M. Bakary Doumbia, représentant de l’OIM (Organisation Internationale de la Migration) au Mali.

A leur descente d’avion, les 144 migrants maliens en provenance de la Lybie ont été conduits au Centre d’accueil de la Protection Civile à Sogoninko pour des formalités d’usage et ont aussi reçu chacun, une dose de vaccin contre la fièvre jaune et des repas.

Selon M. Moussa Alou Koné, chef de cabinet du ministère des Maliens de l’Extérieur et de l’Intégration Africaine, toutes les dispositions sont prises  pour accompagner les 144 migrants nouveaux arrivés volontaires dans leur famille respective et faciliter leur réinsertion socioprofessionnelle.

Cependant, dira M. Alou Koné, il reste beaucoup à faire. « Aujourd’hui encore, il y a environ 10000 maliens qui sont en Lybie. Et, selon les statistiques que nous avons, 5000 vivent à Tripoli. La majorité est dispersée à l’intérieure de ce pays», a-t-il signalé.

Enfin, M. Alou Koné a salué l’accompagnement de l’Organisation Internationale de la Migration (OIM) grâce à qui, nos autorités parviennent à détecter les migrants maliens qui sont en situation difficile.

M. Bakary Doumbia, représentant de l’OIM a pour sa part salué les autorités maliennes pour leur engagement dans la facilitation du retour des 144 migrants. Il  conseille toutefois aux jeunes, de toujours emprunter les voies légales pour s’immigrer.

« La migration est certes importante et a beaucoup d’avantages. Mais, la migration irrégulière a aussi beaucoup d’inconvénients et expose non seulement les migrants eux-mêmes, mais aussi leurs familles et  leur pays d’origine », a conclu M. Doumbia.

Le soulagement d’être chez soi

La plupart des jeunes rapatriés étaient en entente sur le territoire libyen pour tenter de regagner l’Europe.

En situation irrégulière sur le sol libyen, ces migrants sont constamment la cible des milices qui les maltraitent en vue de les extorquer de l’argent.

Le constat est général et quelques migrants interrogés sur place ont confirmé les difficultés et les traitements inhumains qu’ils ont subis sur le sol libyen avant leur rapatriement.

Pour Karim, ce jeune migrant,  la Lybie actuelle, c’est tout simplement un enfer.  « Je suis allé en Lybie en 2015. Au moment où nous nous apprêtions à traverser la Méditerranée, nous avons été interceptés par les milices. Nous étions au nombre d’une cinquantaine. Tous ont été mis  en prison. Il a fallu l’intervention de l’ambassadeur du Mali dans ce pays et l’OIM (que nous saluons ici) pour nous libérer. La Lybie, c’est l’enfer », a conclu Karim.

M. Soukouna Fodé, un autre malien de retour au pays, dit être heureux de regagner Bamako. « J’ai fait 7 mois en prison dans les mains des milices. On avait seulement droit à une tartine dans la journée», commente-t-il.

Cet autre compatriote M. Ibrahim Konaté a tiré une bonne leçon de son aventure : « on mangeait à peine. C’est abominable ! Vraiment, je n’encourage personne d’aller en Lybie  », dit-il.

Rappelons que cette année, 5000 migrants maliens en Lybie sont revenus au bercail. Volontairement.

Djibril Kayentao

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