Migrants de retour au Mali : L’AME interroge le dispositif de réinsertion socio-économique

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« La réinsertion des migrants de retour et l’intégration sous régionale : enjeux, évolution et perspectives », est le thème que l’Association malienne des expulsés (AME) a inscrit au centre d’un atelier d’échanges, d’information et de réflexions, le 29 juin 2019, à l’hôtel Massaley.

 

Ousmane Diarra, Président de l’AME, d’entrée de jeu, a tenu à saluer les maliens de la diaspora pour leur engagement en faveur du développement de leur pays. Selon lui, les statistiques de la Banque mondiale ont estimé en 2017 que la contribution de la diaspora malienne au développement socio-économique et culturel du pays, s’élevait à 538 milliards de FCFA.

 

Malgré, cette forte contribution au développement du pays, Ousmane Diarra a regretté le fait que « les migrants maliens font l’objet de retours forcés ». Selon lui, la Direction générale des Maliens de l’extérieur avance le chiffre de 89 000 Maliens qui ont été expulsés entre 2002-2013, dont 90,7 % depuis des pays d’Afrique. Pour mettre un accent sur l’ampleur des expulsions, il dira qu’en 2017, ce sont plus de 3 000 maliens qui été rapatriés de la Libye. Ousmane Diarra a estimé que les années 2018 et 2019 ont été beaucoup marquées par le retour des migrants des pays maghrébins.

 

Pour faire face à la réinsertion de ces nombreux maliens qui rentrent au pays souvent contre leur volonté et en situation de détresse, le Président de l’AME a salué les actions entreprises par l’Etat du Mali, notamment la mise en place d’instruments juridiques, institutionnels et politiques en matière de la gestion de la migration. Mais, il a surtout salué l’adoption de la Politique nationale de Migration (PONAM) pour une meilleure gestion de la migration afin de contribuer à la réduction de la pauvreté et au développement durable du pays.

 

Malgré qu’en 2014, la PONAM a été renforcée par un plan d’action quinquennal de 120 milliards de Francs CFA, Ousmane Diarra pense que dans les fait, il y a lieu maintenant de s’interroger sur la pertinence cette politique, notamment face au défi de réinsertion et de réintégration des migrants de retour.

 

« Nous avons organisé cet atelier avec l’objectif d’attirer davantage l’attention des acteurs sur la problématique de la réinsertion, de la réintégration des migrants et d’intégration dans l’espace CEDEAO », a-t-il déclaré.

 

A cet effet, l’AME a conçu cet atelier dans une démarche participative, où des communications vont introduire des discussions et débats. Et, pour ne pas que les débats aillent dans tous les sens, l’AME a proposé trois sous-thèmes :

 

  • « La Politique Nationale de Migration (PONAM) face au défi de réinsertion et de réintégration des migrants au Mali ». Ce thème a été animé par un expert du Ministère des Maliens de l’Extérieur.
  • « La Politique Nationale de l’Emploi : Quelle stratégie de réinsertion des migrants ? ». Pour ce thème un responsable l’APEJ a été mis à contribution.
  • « Les implications du concept d’intégration dans l’espace CEDEAO et l’état de lieux de son évolution ». Les participants ont été entretenus par un responsable de la Direction Générale de l’Intégration Africaine.

Mme Tangara Nema Guindo, secrétaire général du Ministère des Maliens de l’Extérieur, a rappelé que cette rencontre s’inscrit dans le cadre de la recherche des pistes innovantes pour faciliter la réinsertion sociale des migrants de retour et une bonne intégration de nos compatriotes dans l’espace CEDEAO.

 

Après avoir rappelé la contribution importante de la diaspora à la transformation socio-économique et culturelle de la nation, elle dira que les hautes autorités du Mali la perçoivent comme un levier important du développement. Pour cela, elle dira que le moment est arrivé pour construire des synergies entre les différents acteurs pour transformer cette volonté politique en réalité de tous les jours.  « Notre volonté est d’orienter le flux financiers de la diaspora vers des secteurs productifs capables de créer des emplois durables pour faciliter la réintégration de nos compatriotes de retour », elle-t-elle déclaré.

 

Mais, en attendant, face au retour massif de maliens expulsés, elle dira que le gouvernement a initié des campagnes de sensibilisation. Mais, elle dira aussi qu’en vue de donner des perspectives d’emplois aux migrants de retour,  l’Etat a mis en place des dispositifs d’insertion et de réinsertion. Selon elle, de 2016 à 2018, le Budget Spécial d’investissement  a permis la réinsertion de près de 4000 migrants de retour dans le secteur de l’élevage, la pisciculture, l’aviculture,  le maraichage et aussi  des formations diverses. Selon elle, ce sont environ 495 millions de francs CFA qui été investis pour la période indiqué.

 

Mieux, elle a rappelé que pour favoriser l’accueil des maliens de retour, le gouvernement a construit la cité d’accueil des maliens de l’extérieur qui a couté 1 milliards de FCFA sur le budget national. « Opérationnelle depuis mars 2018, ce sont plus de 6000 maliens qu’y ont déjà séjourné », a-t-elle indiqué. Avant de rappeler que le Mali considère la migration comme un phénomène positif et un facteur de développement. « Mais pour être profitable à tous, elle doit être organisée », a-t-elle déclaré. Et, pour cela, elle a invité les Organisations de la société civile à conjuguer leurs efforts avec ceux du Gouvernement pour combattre la migration irrégulière qui constitue un fléau pour notre pays. « Créer des conditions favorables sur place afin de permettre aux jeunes d’espérer et de rester travailler, est notre objectif », a-t-elle conclu.

Assane Koné

 

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