L''Espagne face à un nouveau drame de l''immigration au large des Canaries

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SANTA-CRUZ-DE-TENERIFE (AFP) – jeudi 19 juillet 2007 – 23h30 – Les recherches se poursuivaient jeudi soir pour retrouver une cinquantaine d”Africains portés disparus au large des Canaries après le naufrage de leur embarcation, l”un des pires drames de l”immigration de ces dernières années en Espagne.

"Nous continuons les recherches", a déclaré à l”AFP un porte-parole de la sous-préfecture de Tenerife, île de cet archipel situé dans l”Atlantique, au large de laquelle a eu lieu la catastrophe.

Tôt jeudi matin, un "cayuco" (petit bateau de pêche des côtes ouest de l”Afrique) a chaviré alors qu”il allait être secouru par les navires de la société de secours en mer Salvamento Maritimo. Sur la centaine de personnes à bord, 48 ont pu être récupérées, selon les autorités.

36 de ces rescapés sont arrivés jeudi soir à bord d”un des navires de secours au port de Puerto de los Cristianos sur l”île de Telerife et 12 autres étaient attendus dans la nuit, a constaté une photographe de l”AFP. Leur état général était jugé satisfaisant au moment où ils ont débarqué.

Trois corps ont par ailleurs été retrouvés en mer sur les lieux du drame et amenés sur l”île par un hélicoptère de secours, ont indiqué jeudi soir les autorités locales.

Les conditions de mer au moment du chavirage étaient mauvaises, avec des vents soufflant de 70 à 80 km/heures et des creux de 3 à 5 mètres, selon ces autorités. Mais selon les secours, il est également possible que le navire surchargé se soit retourné sous l”effet des mouvements de ses passagers, épuisés et paniqués.

Une importante opération de recherche a immédiatement été déclenchée, mais sans succès tout au long de le journée.

Quatre navires de Salvamento Maritimo, deux avions, deux hélicoptères, ainsi que plusieurs autres bateaux se trouvant dans les parages ont participé aux recherches, en vain.

Un bâtiment militaire français, présent dans la zone, a également participé à l”opération mais "seuls ont été aperçus des débris flottants (bois, brassières)", a indiqué la préfecture maritime française de l”Atlantique.

Si le bilan se confirmait, il s”agirait d”un des pires drames de l”immigration en Espagne alors que les Canaries constituent l”une des principales portes d”entrée pour les candidats à l”immigration en Europe.

La secrétaire d”Etat à l”Immigration, Consuelo Rumi, a fait part de la "consternation" du gouvernement après cet accident.

De nombreux immigrés, pour la plupart d”origine subsaharienne, débarquent depuis plusieurs années sur les plages des Canaries, où ils sont accueillis dans des centres d”hébergement, puis le plus souvent rapatriés vers leur pays d”origine.

Depuis le début de l”année 2007, plus de 4.700 d”entre eux ont mis le pied sur l”archipel, à un rythme toutefois nettement inférieur à celui de 2006 (31.200 arrivants).

Certains candidats à l”immigration meurent pendant la traversée sans qu”il soit possible d”avancer une estimation fiable, et de plus, régulièrement, des embarcations arrivent à bon port avec un ou plusieurs morts à leur bord.

Après le record de 2006, l”Espagne avait intensifié ses contrôles maritimes autour de l”archipel et convaincu l”Union européenne de renforcer la surveillance au large de l”Afrique de l”Ouest, avec Frontex, l”agence de contrôle des frontières extérieures de l”Union européenne.

L”Espagne fait face à une forte pression migratoire, avec, outre les Canaries, des arrivées régulières de clandestins sur l”archipel méditerranéen des Baléares, sur les côtes andalouses au sud de la péninsule, ou encore sur les enclaves espagnoles en territoire marocain de Ceuta et Melilla.

Ainsi, ce jeudi, une dizaine de clandestins ont été interpellés en débarquant à Majorque aux Baléares, selon les médias.

L”Espagne a connu une véritable explosion de sa population immigrée, avec une augmentation de 300% entre 1996 et 2004. Aujourd”hui, presque 10% des 45 millions de personnes vivant en Espagne sont des étrangers.

AFP

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