En France, ces dernières décennies, les ressortissants subsahariens et notamment les Maliens, sont devenus l’une des figures emblématiques de « l’immigré », dans toutes ses variantes : travailleur non-qualifié, résident de foyer, clandestin… A cette imagerie traditionnelle, si l’on ose dire, attachée à toutes les migrations du passé, sont venus s’agréger quelques traits supplémentaires attribués en propre aux Subsahariens : la polygamie, l’excision, autant de caractéristiques culturelles qu’ils étaient tous plus ou moins censés partager et qui ne pouvaient que freiner, pour ne pas dire empêcher, leur intégration.
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La migration de populations malienne en France est de nos jours une évidence notoire. Leur déplacement vers la France ainsi que leur installation définitive ou quasi-définitive peut s’expliquer par une seule constante : la recherche de moyens de subsistance pour leurs communautés d’origine.
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Les raisons des migrations maliennes sont donc d’un premier point de vue, principalement économiques et sociales. Ce serait donc un exercice infructueux et même dangereux que de vouloir dissocier l’immigration de l’émigration. D’ailleurs les deux s’inter conditionnent, et l’une ne peut être dissocié de l’autre. Ainsi, la présence de plus en plus massive de migrants maliens à Paris ne peut être interprétée en détachement total du contexte économique et social du Mali.
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Le phénomène migratoire est tout un système lié aux rapports de domination qui prévalent à l’échelle internationale. Autrement dit, une espèce de bipolarité qui est la marque du monde actuel, partagé en deux ensembles géopolitiques inégaux : un monde riche, développé, monde d’immigration ; et un monde pauvre, sous-développé, monde de l’émigration. Cette espèce de bipolarité peut être tenue comme condition génératrice du mouvement migratoire. Les rapports de force qui sont ainsi à l’origine de l’immigration se répercutent sur la vie des immigrés, la place et le statut qui leur sont conférés dans le pays d’accueil, en l’occurrence la France.
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L’accès à l’emploi
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Il y a aujourd’hui en France de nouvelles strates migratoires qui se constituent, composées de citadins (les Bamakois) ayant souvent un niveau de formation beaucoup plus élevé par rapport aux vieux clichés de migrants ruraux et analphabètes. Cependant, les travailleurs immigrés maliens restent confinés dans ce « second marché du travail » qui se caractérise par une instabilité organisée de l’emploi, des salaires particulièrement bas et une faible implantation syndicale.
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Dans les cas où les conditions d’embauche sont favorables à la syndicalisation, les migrants maliens sont ostracisés eu égard à leur manque de formation souvent notoire. Pour être syndicat, il faut savoir lire les revendications et les défendre devant le patronat. Or, le taux de scolarisation est pratiquement faible chez les premiers migrants maliens issus des villages soninké de la 1re région du Mali.
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Dans les conditions d’insertion de cette population immigrée malienne, un facteur décisif est la maîtrise de la langue française. En effet, dans la mesure où il n’existe pas de qualification professionnelle, la maîtrise de la langue française constitue une base importante d’évolution et de mobilité dans le marché du travail et au sein de l’entreprise.
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Il faut dire que la maîtrise de la langue française développe les possibilités de communication au sein de l’entreprise, dans l’espace résidentiel et dans le commerce quotidien avec les gens de la rue. Faute d’une maîtrise moyenne de la langue de Molière, le migrant malien reste confiné à son poste d’ouvrier moins qualifié avec la crainte qu’on ne mette fin à son contrat. Il n’existe donc pas, de ce point de vue, une stratégie de mobilité professionnelle, mais de sauvegarde d’une position et d’un salaire qui est le but premier de l’émigration malienne.
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De ce fait, les migrants maliens restent cantonnés dans les emplois les moins qualifiés et resteront en marge du syndicat ouvrier. La plupart d”entre eux vit dans des conditions difficiles, parfois insalubres et s”adonne à des activités qui ne sont pas du tout valorisantes : des petits commerces d”objets d”artisanat, des travaux de nettoyage, du bâtiment, de la voirie, de l”entretien de l”immobilier public, etc.
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En somme, des travaux qui n”intéressent guère les gens du pays. En ce sens, il est difficile de prétendre qu”ils occupent le travail des Français puisque ces derniers délaissent en général la nature de l”activité du Malien. Ils consentent à une telle forme de vie afin de pouvoir apporter une assistance financière à leurs familles qu”ils ont dû quitter pour pouvoir subvenir à leurs besoins.
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Dès lors, on peut dire que les retombées financières, malgré la modestie de leur emploi et de leur salaire, en général, de ces migrants sur leur pays d”origine sont considérables. En définitive, la situation des travailleurs maliens de France se dégrade compte tenu d’abord de leur statut juridique (généralement des sans papiers).
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Le foyer comme lieu de persécution policière
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Concernant cette persécution policière voici ce qu’en témoigne le délégué du Foyer de rue Bara. « Des Maliens de France vivent aujourd”hui un véritable calvaire. En plus de la persécution policière contre les sans papier, ils ont de la peine à trouver un logement décent. Au Foyer Bara (situé dans la commune de Montreuil et qui est considéré comme le plus grand foyer de Paris) certains de nos compatriotes de la diaspora vivent dans la promiscuité la plus avilissante. Dans ce grand foyer, il y a une surpopulation qui frise la révolte ».
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Les conséquences sont notoires : les nouveaux venus en France s”entassent comme dans une boîte de sardine. Pour y vivre, affirme un membre du comité de gestion de ce foyer, il suffit d”avoir un lit pliant ou un petit matelas pour pouvoir dormir dans les petits passages des couloirs, les vestibules, les escaliers, les chaises. Certains occupants de ce foyer sous le couvert de l”anonymat nous ont affirmé que la nuit, certains de nos compatriotes, par manque de place disponible, vont jusqu”à dormir dans les toilettes.
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Un haut responsable du comité de gestion du Foyer Bara témoigne : « la vie dans ce foyer est dure ». Selon lui, il faut avoir les reins solides pour tenir tête à l”immigration. A la moindre des choses, dira-t-il, on pète les plombs. Parlant des raisons de cette surpopulation, il nous fera savoir que « les premiers venus qui sont tous partis à la retraite ont fait appel à des remplaçants qui servent de relais ». En clair, les premiers occupants préfèrent transmettre de génération en génération ces places acquises plutôt que de les libérer.
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La question de logement étant cruciale en France, personne n”ose donc s”y opposer. Or, c”est ce foyer qui est connu de tous les Maliens. Les nouveaux arrivants, dès leur descente d”avion, se rendent immédiatement au Foyer Bara pour y trouver refuge. Ceux qui sont déjà installés les reçoivent à bras ouverts car, disent-il, « on ne peut pas dégager nos frères qui viennent du pays ».
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Entre-temps l”insalubrité et le manque d”entretien gagnent du terrain. Ceux qui sont déjà en France ne savent plus à quel saint se vouer. La loi Sarkozy a mis tous les immigrés en cause. Le renouvellement des cartes de séjour aujourd”hui pose un grave problème. Des travailleurs maliens qui ont travaillé des années durant en France et qui sont aujourd”hui à la retraite cherchent désespérément à rentrer au bercail. Faute de moyens, ils se trouvent tous bloqués en France.
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De nombreux ménages maliens sont donc obligés d’accepter les conditions de logement anormalement pénible : sur-occupation, insalubrité, précarité etc.
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Vers la fin des années 1950 et début 1960, l’Etat français met en place différents dispositifs spécifiques pour le logement des immigrés. Parmi ceux-ci, les foyers de travailleurs migrants. Ils sont conçus pour héberger à faible coût une population réduite à sa caractéristique de main-d’œuvre bon marché. Sorte d’enclave coloniale en métropole, cette forme de logement fortement ségréger, va marquer la place des migrants dans la nation française.
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Parcours du combattant
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Lorsque les premiers immigrés maliens s’installent dans les foyers d’hébergement, ils ont laissé au pays une famille entière dont ils assument en grande partie l’entretien économique. C’est d’ailleurs la raison principale de la présence des Maliens en France. Faire vivre par l’envoi régulier de mandats la parenté et aider en même temps la communauté villageoise dont ils sont issus, tel est le projet commun des migrants maliens.
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Pour cela, ils acceptent tout : le déracinement, la séparation d’avec leur famille, la vie au foyer, les emplois les plus difficiles ; et ils subissent le poids de la solitude, du racisme, de l’exclusion, de la discrimination sociale ou religieuse. Leur principal souci, au départ, est de dépenser le moins possible de l’argent qu’ils gagnent pour pouvoir en envoyer le maximum vers le Mali. Ainsi, ils partagent à plusieurs le prix d’une petite chambre de 9 m2, même s’il faut se serrer un peu pour dormir.
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Le foyer a l’immense avantage d’être une structure d’accueil et d’hébergement où vont pouvoir se retisser les liens communautaires, indispensables aux travailleurs maliens pour ne pas se « perdre » dans la société française. Nous reviendrons sur cet aspect du foyer dans nos enquêtes de terrain.
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Sortir du foyer et accéder à un logement relève du parcours du combattant. Non seulement cela suppose une réorientation du projet migratoire qui glisse vers l’installation quasi-définitive. Plus encore, lorsqu’ils deviennent résidents cela comporte un handicap : les municipalités considèrent les foyers d’hébergement comme des enclaves extraterritoriales et leurs résidents, qui font partie des populations « hors-ménage », ne sont pas reconnus comme habitant les communes d’implantation.
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De ce fait, ils perdent toute possibilité d’être considérés comme demandeur prioritaire vu les quotas municipaux. Cela ne relève pas forcément d’une discrimination particulière, mais de la difficulté même du logement en région parisienne. De surcroît, leur situation professionnelle, caractérisées massivement par le statut d’ouvriers non qualifiés, intervient comme discriminant financier avec des revenus ne dépassant pas le SMIC.
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Des formes particulières de précarité juridique
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La précarité dans le logement se combine avec une précarité du statut juridique des immigrés maliens. Les deux sont en liens notamment dans le domaine du regroupement familial où les règles en vigueur prévoient d’avoir un logement relativement grand et normalisé, le conjoint doit parler français, et un test d’ADN est prévu pour éviter les complaisances de parenté.
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Mais ce dernier point a fait couler beaucoup d’encre et de salive au point que son retrait a été demandé et obtenu. En effet, ce test pourrait aboutir à des découvertes fortuites d’enfants adultérins. Les Maliens ont connu et connaissent encore des difficultés à faire venir leur famille, difficultés qui seraient liées, en particulier, leur pratique (réelle ou potentielle) de la polygamie. L’article 147 du code civil français dispose « qu’on ne peut contracter un second mariage avant la dissolution du premier ». Pourtant cette même polygamie demeure légale à Mayotte, territoire français à 80 % musulman.
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La précarité juridique des Maliens, liée à une pratique polygamique qui a longtemps été tolérée par les pouvoirs publics français, est l’une des difficultés d’accès à la nationalité française. La vérité est que les Maliens qui vivent en régime monogamique en France, beaucoup ont une seconde épouse au Mali, restée auprès de la mère pour les tâches domestiques. Une partie des migrants maliens ont peur des velléités d’émancipation de la femme de leur tutelle. En effet, il arrive que des femmes mettent dehors leur mari à l’issue d’une séparation.
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La polygamie, associée à leur situation de migrants irréguliers, se trouve parmi les difficultés rencontrées par les Maliens dans l’accès aux droits sociaux. L’accès aux droits sociaux n’est pas soumis aux conditions de la nationalité française, mais il est lié, d’une part, à des conditions de travail qui permettent à l’immigré de bénéficier des assurances, et aussi à des conditions de résidence qui ouvre droit aux prestations familiales.
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La politique d’aide au retour
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Que s’est-il donc passé pour que les migrants, autrefois sollicités, soient considérés aujourd’hui comme paria de la société française ? Pourquoi la France, à un moment donné, décide d’encourager le retour des migrants vers leur pays d’origine ? S’agit-il d’une réelle volonté d’aider les pays à émigration ou alors est-ce une stratégie savante de se débarrasser de ce surplus de populations immigrées ?
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Le cas malien semble être une priorité du gouvernement français compte tenu du niveau assez élevé du montant d’aide au retour en guise d’incitation. Mais le retour des Maliens se butte assez souvent à un environnement socioculturel peu favorable. Ainsi, le propre de l’émigration malienne est d’être un phénomène structurel et non conjoncturel : psychologique, culturel, politique et économique qui l’ont engendrée.
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Le migrant malien, de retour au Mali, est confronté aux structures inhérentes de la société dont il a été éloigné toutes ces années. Loin de chez lui, il était tributaire de ce que les autres racontaient et il craint la confrontation à la réalité face à l’évolution des conditions de vie au Mali.
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Le migrant qui désire rentrer au Mali a peur de l’échec. Son statut de migrant lui a procuré une référence sociale valorisante dans la société malienne. Il est considéré comme quelqu’un de nanti, dont la famille est privilégiée. La peur de rentrer est liée à la question qu’il se pose constamment, à savoir : sera-t-il en mesure de cultiver ce statut une fois qu’il sera rentré ?
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La pression familiale au niveau des dépenses et des investissements sociaux est énorme. La famille est convaincue que le migrant au retour est riche et il est donc tenu de se comporter comme tel dans la société malienne.
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Tandjigora Fodié
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(étudiant Paris)
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M’PALY – Un immigré malien de 38 ans
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Bien souvent, devant ces problèmes qui l’assaillent, le migrant qui désire refaire sa vie se sent seul et souvent incompris.
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« Si je prends l’aide au retour et que je ne réussisse pas… vous voyez ce que ça fait ? Si je prends l’aide au retour et que je retourne, d’abord les parents ne chercheront pas à comprendre ça, ils réclameront de moi tout ce qu’on peut réclamer d’un immigré normal. Donc, je vais m’étouffer sous le poids de cette tradition d’assistance et de gratitude à laquelle on ne peut échapper ».
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Pour les hommes, cela passe par la quasi-obligation de prendre une seconde épouse, d’agrandir la maison familiale, d’habiller la famille en fonction du nouveau statut, de rapporter des cadeaux à tous ceux qui y ont droit, à être généreux envers la famille élargie et le village en général. Or, il est évident que dans l’aide au retour et à la réinsertion, le coût social du retour n’est nullement comptabilisé.
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Si le migrant n’y prend pas garde, c’est tout son projet qui risque d’y passer. Le fait de refuser de se comporter à la manière attendue par la famille en vue de sauver leur projet peut entraîner dans de nombreux cas une rupture définitive avec la famille ou un nouvel exil. Accepter le retour du migrant, comporte, pour la famille, un risque de renoncer à leur statut. La manne mensuel du migrant ne tombera plus de la même manière et la situation économique au Mali est telle que beaucoup de familles ne croient pas que le migrant qui rentre – fut-il dans le cadre d’une insertion socioéconomique – puisse continuer à leur assurer le niveau de vie auquel il les a habituées.
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A côté de la pression familiale, la pression sociale qu’entraîne le statut de « migrant au retour » sera exercée par les voisins, et elle suffit bien souvent à déstabiliser le projet d’insertion. Le migrant au retour devient, dans la famille, dans le village, celui que l’on peut solliciter en cas de besoin, pour acheter des médicaments, participer aux frais d’une hospitalisation, aider à payer la scolarité des enfants, faire cadeau du sac de riz ou des semences nécessaire à la famille. Bien souvent, devant ces problèmes qui l’assaillent, le migrant qui désire refaire sa vie se sent seul et souvent incompris.
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Toute une éducation de la famille et de l’environnement est nécessaire pour faire comprendre aux populations locales, le sens du retour des migrants. Les médias portent à ce niveau une grande responsabilité, des courts-métrages et des articles diffusés peuvent contribuer à légitimer l’aide au retour.
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Image déformée
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Les immigrés qui retournent au Mali chaque été, sont également pour quelque chose dans la déformation de l”image de la France. Les tenues vestimentaires, la voiture, le pouvoir d”achat fort important par rapport à des salariés maliens – les immenses valises pleines de divers objets à offrir qu”ils ramènent à chaque vacance, montrent à l”évidence que travailler en France est une sinécure.
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La vue des travailleurs immigrés dans ces conditions matérielles aisées incitent ceux qui sont dans la nécessité à tenter l”aventure quelle que soit la souffrance qu”elle comporte. En outre, le touriste blanc donne toujours l”image de celui qui est riche : cette richesse ostentatoire n”est pas jugée exceptionnelle, mais comme valable pour tous.
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Dans la mesure où peu de gens savent discriminer en distinguant la nature des phénomènes, on comprend donc que la tentation est facile de croire que tout Blanc est riche et le pays qu”il habite aussi. C’est une erreur incommensurable de penser que tout Blanc est nécessairement riche.
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rnPourtant, les migrants le savent tous, si les affaires pouvaient marcher au Mali, la vie y serait pour eux autrement plus facile qu’en France, et c’est cet espoir de retour qui leur permet de supporter les difficultés qu’ils y rencontrent.
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Le retour et la réinsertion économique du migrant travailleur a une dimension sociale, économique et politique. Les implications du retour s’observent à la fois au sein de structures sociales et de familles ayant connu des changements importants lors de l’absence du migrant. Son repositionnement familial est moins compliqué, mais la perception de pourvoyeur de ressources familiales que la famille a du migrant travailleur ne facilite pas son retour au sein de l’espace familial.
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rnLes migrants ouvriers ne sont pas souvent opérationnels en dehors de l”entreprise au sein de laquelle ils ont été formés en France. Leur expérience ne peut alors être réutilisée dans le contexte local du Mali. En outre, la pression sociale, l’écheveau complexe des rouages administratifs et des contraintes institutionnelles est un obstacle à la réinsertion professionnelle du migrant qui sera – au bout d’un an – seul face à son projet.
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rnT. F.
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