Interview de Issa Coulibaly de l’ARTD : Le cri de détresse d’un migrant déboussolé

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Visiblement agité et présentant l’aspect d’une personne démunie, Issa Coulibaly est un migrant malien qui a vécu les affres de la migration clandestine  au Maghreb avant de regagner  son pays où il est membre d’une Association Retour Travail et Dignité (ARTD) qu’il dirige depuis décembre 2005. Après sa tentative infructueuse de se voir un jour en Espagne à partir de 2002, le jeune chauffeur a été fortement secoué par le tourbillon de difficultés pendant plus de 2 ans entre l’Algérie et le Maroc. De retour au bercail, Issa est toujours dans la tourmente en dépit du travail abattu lors de la campagne de sensibilisation sur les risques de la migration clandestine. Fort préoccupé, le Président de l’ARTD nous donne ses impressions sur la gestion des projets de réinsertion des migrants de retour au pays.

Issa Coulibaly, Président de l’ARTD

Pour l’ARTD, quel a été l’impact des  aides de l’Etat en faveur de la réinsertion des migrants maliens rapatriés ou refoulés ?
Issa Coulibaly : Je vous remercie beaucoup pour m’avoir  approché afin de cerner la situation dans laquelle se trouvent  les membres de notre Association. L’ARTD est composée de 419 migrants clandestins, refoulés, expulsés et rapatriés. Certains sont des refoulés de l’Espagne, de la France, de l’Italie, du Gabon, de l’Arabie Saoudite, de la Guinée Equatoriale et de l’Angola. Je dois préciser que parmi eux les plus nombreux proviennent de la Libye et la Côte d’Ivoire. A propos de votre question, je voudrais rappeler que notre Association a bénéficié d’un projet de 11mois en 2009 avec l’appui du CIGEM (Centre d’Information et de Gestion des Migrations). Il était axé sur l’accueil des migrants de retour forcé. Même l’accompagnement à domicile, l’hébergement, la nourriture et la santé y étaient pris en compte.  En plus, certains membres de l’ARTD ont participé à la campagne de sensibilisation sur les risques de la migration.
Avez-vous  eu des cas de satisfaction ?
I.C : Je peux affirmer que nous ne sommes pas satisfaits de la gestion des projets. En fait, le ministère des Maliens de l’Extérieur et de l’Intégration Africaine a décidé à notre place. Au départ, nous avons demandé 120 hectares pour cultiver avec l’appui des partenaires techniques et financiers. Certains membres ont de l’expérience dans le domaine agricole. Il s’agit notamment de 111 jeunes mariés et célibataires qui veulent exploiter la terre. Mais, notre Association n’a reçu qu’un motoculteur, deux moulins et deux machines à coudre (simples). Nous avons eu des difficultés pour procéder au partage de ce matériel de travail. En plus, nous n’avons pas de site indiqué pour travailler.
Dans le montage des projets, quel a été le rôle de l’ARTD ?
I.C : Au niveau de notre Association il y a des menuisiers, des cultivateurs, des mécaniciens et des commerçants. Certains comme moi, sont des chauffeurs. Avec ces diverses  qualifications professionnelles, il serait très difficile d’entreprendre quoi que ce soit à la place des vrais bénéficiaires. Nous ne cessons de manifester notre mécontentement, puisque  l’ARTD n’a pas été impliquée dans le montage des projets.
Avez-vous  des suggestions ?
I.C : Nous souhaitons que l’ARTD travaille en synergie avec le Gouvernement malien. Il s’agira d’identifier nos besoins en formation, en appui logistique et conseil. Il s’agira également de faire en sorte que chaque acteur puisse jouer pleinement sa partition. Il s’agira enfin d’impliquer les vrais acteurs dans la campagne de sensibilisation sur les risques de la migration. En fait, cette initiative a été un échec à cause de la gestion du CIGEM qui a travaillé avec des Associations et ONG ne maîtrisant pas les questions migratoires. Notre lutte consistera à respecter les droits des migrants de retour. Ils doivent avoir droit à l’assistance, à la santé. Il faut aussi  assurer l’accès à l’éducation à leurs enfants.
Quelle est la situation des droits de vos membres ?
I.C : Tout comme la majorité de nos membres, moi en tant que Président, je suis dans la précarité puisque depuis 2005 je n’ai pas eu de travail permanent. Avec 17 membres de notre Association j’ai participé à la campagne de sensibilisation sur les risques de migration à Bamako et à l’intérieur du pays. Notre rôle était de faire des témoignages à travers des  pièces de théâtre. Mais, hélas ! Le 1er août 2008 survint un accident  grave entre Sofara et Mopti en partance pour Gao où devait se dérouler des activités de sensibilisation. En effet, 8 de nos membres ayant subi des cas de blessures graves sont  devenus des handicapés. J’ai été touché au niveau de l’œil droit. Après les premiers soins, j’ai été dans l’obligation de vendre mon véhicule-Golf- pour assurer le reste. J’ai passé plus de 3 ans sans conduire. Jusqu’à présent, nous attendons les dommages et intérêts, mais en vain. On ne sait plus à quel saint se vouer pour avoir réparation. Un de nos membres, j’allais dire Boubacar Traoré, a subi un traumatisme crânien. A cause des troubles de mémoire et des douleurs musculaires, il n’arrive pas à utiliser sa machine à coudre. Tout comme moi, cette personne vulnérable  vogue sur un océan agité tout en poussant des cris de détresse.
Réalisée par M. Maïga 

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4 COMMENTAIRES

  1. Un peu jeune pour un accident vasculaire cerebral mais le diagnostic ne fait aucun doute

    • salut cher frere!
      pouvez vous organiser acec vos collegues des hopitaux virtuels et moyens de communications bases sur le net? Que Dieu vous benisse!
      Les maliens en beneficieront immensement

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