Immigration : Retour au Mali sans détour pour Aminata, 19 ans

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Née à Aubervilliers, la jeune fille a grandi en Afrique. Elle était revenue en France l’an passé pour passer le bac. Et était hébergée par son oncle.
 
Sarkozy n’a pas cédé. Aminata Diallo, lycéenne malienne de 19 ans, a été expulsée hier de Roissy vers Bamako (Mali) par le vol Air France 796. Née à Aubervilliers, cette jeune fille a passé son enfance au Mali, avant de revenir en France en août 2005 pour s’inscrire en terminale à Sarreguemines (Moselle) chez son oncle. Sans papiers, elle a été placée le 5 juillet en centre de rétention à Strasbourg. Aussitôt, la mobilisation s’est organisée. Pour le Réseau éducation sans frontières (RESF), Aminata Diallo doit bénéficier de la circulaire Sarkozy du 13 juin qui prévoit la régularisation de certains sans-papiers scolarisés.

Hier, après l’expulsion de la jeune fille, le ministère de l’Intérieur a répondu dans un communiqué qu’Aminata n’est «arrivée dans notre pays qu’en août 2005, sous couvert d’un visa de tourisme qui ne l’autorisait à séjourner en France que pour une période de trois mois. Inscrite dans un lycée, elle s’est maintenue illégalement sur le territoire et, au demeurant, a échoué aux épreuves du baccalauréat».

Soutiens. Depuis son interpellation, les appels à la clémence se sont multipliés. Le 12 juillet, les élus d’Aubervilliers ont organisé un parrainage d’enfants sans papiers scolarisés, dont Aminata. Hier, Marie-George Buffet (PCF) et François Hollande (PS) ont écrit à Sarkozy pour lui demander de «surseoir» à cette expulsion. «Le ministère de l’Intérieur a pris note des interventions de diverses personnalités», répond la Place Beauvau, mais «rien ne s’oppose à ce que, en vertu de la loi, mademoiselle Diallo soit reconduite dans son pays d’origine.»
Jusqu’au bout, les associations ont bataillé pour éviter l’expulsion. Hier, RESF avait donné rendez-vous à ses militants à Roissy pour tenter d’empêcher le départ de l’avion. Egalement présents, des responsables de la CFDT Air France et des militants CGT. Les militants interpellent les voyageurs : «N’attachez pas vos ceintures !» «Allez aux toilettes, n’en sortez plus, et dites que vous avez mal au ventre», conseille un syndicaliste. Les passagers sont plutôt coopératifs, plusieurs laissant leur numéro de portable pour pouvoir raconter ce qui se passe dans l’avion. Un bagagiste affirme à Mouloud Aounit, président du Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples (Mrap), que lui et ses collègues vont tenter de retarder le départ de l’appareil. Le portable d’un syndicaliste sonne : un camarade a parlé au commandant de bord : «Il dit que si c’est le bordel dans l’avion, il sort tout le monde.» Le moral des troupes remonte.
Puis une rumeur se propage : des «gens» rappelleraient aux passagers les sanctions auxquelles ils s’exposent s’ils empêchent le décollage de l’appareil (une lourde amende). Le moral chute. Contactés sur leur portable, certains passagers décrivent un soulèvement dans l’avion. D’autres affirment que la place d’Aminata Diallo est vide.
22000 euros ? L’avion décolle. Les militants s’interrogent : la lycéenne était-elle à bord ? Un responsable de la police de l’air et des frontières le confirme. Coût de l’opération pour le ministère de l’Intérieur, selon les syndicalistes d’Air France : 22 000 euros. Soit 1 500 euros l’aller simple pour Bamako pour chacun des trois expulsés (Aminata Diallo et deux autres), et 2 500 l’aller-retour pour chacun des sept membres de l’escorte.

Par Catherine COROLLER

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