En Afrique, particulièrement au Mali, l’essentiel des programmes sociaux annoncés par différents régimes à l’intention des jeunes, n’ont été en effet que des « cirques » pour embrigader la Jeunesse dans de vrais-faux espoirs. C’est dire finalement que chacun d’eux, d’une manière ou une autre, n’a cherché qu’à exploiter l’ignorance et la misère de ces jeunes gens sans repères qu’il a tenté d’instrumentaliser dans tous les sens. Dans son élan de vouloir coûte que coûte accéder à la magistrature suprême, lorsque le « Kankélentigui » c’est-à-dire « Homme de parole » (Le Président Ibrahim Boubacar Kéita) promettait aux maliens de créer plus de 200.000 (deux cents mille) emplois avec une vie sociale mieux garantie, c’étaient de vibrants espoirs qui naissaient spontanément au sein des populations. Aujourd’hui, après avoir clairement constaté qu’aucune amélioration notable n’eût été enregistrée dans aucun des secteurs vitaux, l’on comprend avec aisance que ces promesses mirobolantes n’étaient qu’un artifice grotesque pour embobiner l’électorat, en particulier la Jeunesse qui paye le plus lourd tribut des mensonges de l’élite actuelle. L’espérance collective, s’étant considérablement amenuisée, une bonne frange de la population active n’a ainsi autre choix que de se rabattre sur la recherche d’un eldorado incertain, car manifestement persuadée de l’incapacité de ce Pouvoir de leur offrir une moindre perspective d’avenir. Les 196 (cent quatre-vingts seize) migrants maliens récemment morts dans le naufrage de la méditerranée, étaient certainement parmi ceux-là qui ne cessaient de moisir dans le précipice du désespoir. Que resterait-il à une jeunesse dont tout l’espoir fut saccagé par des politiques sociales aussi fantaisistes que mortifères ? Et pendant ce temps, l’élite persiste à faire la pluie et le beau temps. Elle continue de mentir sans nul scrupule, comme pour voiler sa suicidaire impuissance tout en jouissant des avantages les plus délictueux d’une administration budgétivore et dont l’insigne médiocrité est devenue désormais une légende. L’école qui en théorie, constitue le principal moyen d’adaptation sociale de l’individu, sa construction en tant que citoyen modèle, a fini par se transformer non seulement en un lieu de perversion par excellence, mais aussi, une réelle machine de confection de chômeurs. Et Comme si cela arrangeait bien les autorités, aucun mécanisme réel n’en a jusque-là été adopté afin de pouvoir prévenir au mieux, l’exode massif de bras valides ou jeunes qualifiés dans d’aussi périlleuses conditions : une vraie ruée mortelle !
Entre vivre et périr, un choix doit absolument s’opérer !
En termes d’approche endogène, tant que les populations n’arriveront pas à se doter de gouvernements dignes de ce nom, parvenir à rassembler de vrais moyens de pression ou d’interpellation et cesser définitivement de confier leur sort au « Destin », à « Dieu » et au « Hasard », elles s’affranchiront très difficilement de la traitrise d’une élite mafieuse aux yeux de qui, leurs vies ne signifient réellement que très peu de choses. Ce faisant, la Jeunesse qui constitue la principale victime d’une mafia bourgeoise aussi inhumaine, a pour options majeures de s’instruire massivement et s’unir derrière un seul idéal. L’Education, instrument intégrateur collectif par excellence, permettra à la jeunesse d’acquérir une pleine connaissance de ses droits tout en sachant mieux les revendiquer et se munir de la lucidité intellectuelle nécessaire pour faire échec à toutes tentatives d’instrumentation de l’élite. L’Union étant le principe cardinal de toute réussite collective, reste également pour les jeunes, une arme décisive pour une meilleure gestion de l’ensemble des processus aboutissant à la prise en compte effective de leurs aspirations. La frange la mieux éclairée doit toujours servir de porte-étendard pour les autres et s’abstenir radicalement de se baigner dans les « eaux malsaines » des gouvernants en voulant s’associer à des politiques homicidaires sans cesse planifiées par eux contre la Jeunesse, surtout quand celle-ci se montre plus consciente et déterminée à prendre en main son propre destin, elle devient sans doute la cible à abattre. Et Albert Einstein nous a bien enseigné cela à travers l’une de ses célèbres pensées : « Les personnes qui ont le privilège de savoir ont le devoir d’agir ». Au Mali, l’un des plus gros malheurs des jeunes, est d’avoir placé à leur tête, des leaders majoritairement corrompus, de vrais suppôts des différents régimes. Ces opportunistes dont la vénalité ne trouve d’équivalent dans aucune unité de mesure, n’ont malheureusement été jusque-là, que de véritables entraves pour l’élan de la Jeunesse malienne, bien que mieux indiqués que quiconque pour identifier ses vrais problèmes et en défendre les intérêts.
Bannir à tout prix les agendas personnels, avoir une conscience résolument bien formée, s’unir et se constituer en bloc compact en sachant élaborer les meilleurs mécanismes de lutte sociale, s’approprier son destin au plus fort prix de sa vie, demeurent pour la Jeunesse, les seuls et réels moyens permettant de barrer le chemin à la duplicité et la traîtrise de l’élite dirigeante dont l’œuvre n’a consisté essentiellement qu’à l’entraîner vers les pires formes de désespoir. Situation qui amena finalement les jeunes à croire que le « vrai bonheur » ne se trouve qu’ailleurs d’où la montée spectaculaire du taux d’immigration, se soldant assez souvent par de plus cruelles désillusions. La Jeunesse de mon pays n’a aucun autre choix que de sortir de sa servile indolence, sa grande ignorance et sa jouissance mondaine pour se battre monts et par vaux contre les tares du système aux fins de s’assurer un avenir digne et une existence responsable.
Modibo Kane DIALLO