Immigration massive des jeunes : La traîtrise de l’élite !

Dans un pays où les services sociaux de base sont de plus en plus décadents ; où le chômage est presque devenu une seconde « religion » ; où la corruption et le favoritisme ont pris des proportions vertigineuses ; où la jeunesse, dite « Espoir de la Nation » se trouve elle-même désespérée de cette nation ; où de vieux cadres « mourants » refusent de s’en aller au profit de compétences plus neuves ; où l’élite qui, n’ayant véritablement jamais été au service du bas peuple ne fait que l’enfoncer dans une pauvreté aliénante ; en un mot, un pays où le système politique et administratif reste verrouillé en faveur d’un petit groupe d’oligarques, hélas…, l’idée de l’immigration ne pourrait que s’installer de force.

Au mali, la plupart des programmes sociaux annoncés par différents régimes en direction des jeunes, n’ont été en effet que des « cirques » pour embrigader la jeunesse dans de vrais-faux espoirs. C’est dire finalement que chacun d’eux, d’une manière ou d’une autre, n’a cherché qu’à exploiter l’ignorance et la misère de ces jeunes gens sans repères qu’il a tenté d’instrumentaliser dans tous les sens. Dans son élan de vouloir coûte que coûte accéder à la magistrature suprême, lorsque le « Kankélétigui » promettait aux maliens de créer plus de 200.000 (deux cents mille) emplois avec une vie sociale mieux garantie, c’étaient de vibrants espoirs qui naissaient spontanément au sein des populations. Aujourd’hui, après avoir clairement constaté qu’aucune amélioration notable ne fut enregistrée dans aucun des secteurs vitaux, l’on comprend avec aisance que ces promesses mirobolantes n’étaient qu’un artifice grotesque pour embobiner l’électorat, en particulier la jeunesse qui paye le plus lourd tribut des mensonges de l’élite actuelle. L’espérance collective, s’étant considérablement amenuisée, une bonne frange de la population active n’a ainsi autre choix que de se rabattre sur la recherche d’un eldorado incertain, car factuellement persuadée de l’incapacité de ce Pouvoir de leur offrir une moindre perspective d’avenir. Les 50 (cinquante) et quelques compatriotes maliens récemment morts dans les eaux de la méditerranée, étaient certainement parmi ceux-là qui ne cessaient de moisir dans le précipice du désespoir. Et pendant ce temps, l’élite persiste à faire la pluie et le beau temps. Elle continue de mentir sans nul scrupule, comme pour voiler sa suicidaire impuissance tout en jouissant des plus gros avantages d’une administration budgétivore et dont l’insigne médiocrité est devenue désormais une légende. L’école qui en théorie, constitue le principal moyen d’adaptation sociale de l’individu, sa construction en tant que citoyen modèle, a fini par se transformer non seulement en un lieu de perversion par excellence mais aussi une vraie machine de confection de chômeurs. Et Comme si cela arrangeait bien les autorités, aucun mécanisme réel n’y a jusque-là été adopté afin de pouvoir prévenir au mieux, l’exode massif de bras valides ou jeunes qualifiés dans d’aussi périlleuses conditions.

En revanche et en termes d’approche endogène, tant que les populations n’arriveront pas à se doter de gouvernements dignes de ce nom, parvenir à rassembler de vrais moyens de pression ou d’interpellation et cesser définitivement de confier leur sort au destin, à Dieu et au hasard, elles s’affranchiront très difficilement de la traitrise d’une élite mafieuse aux yeux de laquelle leurs vies, en réalité, signifient très peu de choses.

Modibo Kane DIALLO

Commentaires via Facebook :