Immigration : les rescapés du Sahara arrivés à Bamako

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Poussés par l’espoir de faire fortune en Espagne, 47 Africains dont 38 Maliens ont embarqué en Mauritanie avant de se perdre sur la mer. Après cinq jours d’aventures sur les eaux, ils accostent au Maroc d’où ils ont été expulsés vers la Mauritanie. Ces émigrés africains ont finalement regagné le Mali grâce au concours des autorités maliennes. Ils séjournent depuis le 5 septembre à la protection civile de Sogoniko à Bamako où ils ont été accueillis.

Ils sont hébergés sous les hangars du siège de la protection civile à Sogoniko en commune VI où ils mangent aux frais de ce service de l’État.

Ils sont 18 Maliens, 5 Sénégalais, 3 Ivoiriens et 1 Guinéen, tous expulsés du Maroc sur la Mauritanie. Ces aventuriers qui ont été jetés par les forces de sécurité marocaines à deux heures de marche du premier poste mauritanien n’avaient pas d’autres choix que de rallier le territoire mauritanien à pieds. Affaiblis par plusieurs jours d’infortune sur la mer sans nourriture et allégés de leurs bagages pour fuir et échapper aux agents de patrouilles marocains, les émigrés africains ont vite fait de suivre la route qui les conduit en Mauritanie. Le premier poste n’était pas loin mais la fatigue et la faim étaient sur le point d’avoir raison d’eux. Juste à leur arrivée en territoire mauritanien, un d’entre eux qui ne tenait plus après avoir perdu toute sa force tombe et ne se relève plus. Mort. Il s’appelait Marsaille Traoré, un ressortissant de Kolokani.

Selon Balla Kanté, un kaysien de Lambidou Niakaté et compagnon d’infortune de feu Marsaille Traoré, ce dernier est tombé malade quelques jours avant, lors de la longue traversée de la mer. Tout le monde était affamé et fatigué, mais ce compagnon était de surcroît tombé malade. Ses compagnons l’ont aidé à faire le trajet à pied. Après le décès de cet homme le vendredi 1er septembre, les agents mauritaniens ont interdit à ses compagnons de l’enterrer. Ils devaient attendre les services habilités qui ne sont jamais venus. Ce n’est que le lundi, soit trois jours après, qu’il sera inhumé aux environs de 18 heures par les agents de Médecins du Monde et du HCR, selon Balla Kanté.

C’est là qu’ils sont restés pendant une semaine à la charge de ces structures humanitaires. Ils ont bénéficié de rations alimentaires et des couvertures pour se protéger contre le vent violent de cette région désertique par excellence.

C’est de là-bas qu’ils embarqueront à bord de trois véhicules mauritaniens pour Bamako via Nioro-Sahel. A leur départ de Nouadibou en Mauritanie le 17 août 2006, les candidats à l’émigration pour l’Espagne étaient loin de croire que leur aventure allait prendre une telle tournure. A l’origine, ils étaient 58 candidats à l’immigration à cotiser, chacun apportant

800 000 francs Cfa pour l’achat de la pirogue, de deux moteurs et de quelques provisions pour juste trois jours. On leur a fait miroiter l’eldorado au bout d’un voyage qui ne dépassera aucunement trois jours. A bord, un équipage constitué de 5 sénégalais dont le capitaine qui étaient supposés connaître les directions à prendre pour arriver à bon port. Au bout de trois jours de voyage, le capitaine a découvert que son appareil de repérage "GPS" avait pris de l’eau et inopérant. Alors le voyage devenait un pilotage en vue. Cependant ils aperçoivent un navire qu’ils suivront pendant longtemps puis se rendront compte que c’est la patrouille de la marine marocaine. Ils se mettent ensuite à fuir ce navire. Ils accosteront quelque part convaincus qu’ils ont enfin retrouvé la Mauritanie, leur pays de départ. Mais hélas, Nouadibou était à 800 km de là, selon notre interlocuteur.

C’est là à Candar qu’ils ont été appréhendés par des agents marocains qui les déposeront à la frontière avec la Mauritanie.

Selon le commandant Segui Coulibaly, sous-directeur planification des opérations et des secours de la protection civile, l’alerte a été donnée par le secrétaire général des Maliens de l’extérieur, Mamadou Traoré et M. Koumaré du même service. C’était le lundi 4 septembre quand un Véhicule du convoi était tombé en panne. Pendant leur trajet de la Mauritanie au Mali, le convoi a été escorté par les soins du secrétaire à l’Ambassade du Mali en Mauritanie Mahamane Sacko qui les a acheminés jusqu’à Bamako. C’est le mardi à 14 heures 30 que le premier véhicule est arrivé à Sogoniko et le second à 19 heures 30. Selon le commandant Segui Coulibaly, le mouvement des véhicules a été suivi par la protection civile depuis Nioro du Sahel jusqu’à Bamako. A notre passage hier, au siège de la protection civile à Sogoniko, le troisième véhicule n’était pas encore arrivé. Pour les 40 personnes   qui sont arrivés, une fiche d’identification individuelle a été dressée et les soins sont assurés par un médecin jusqu’à leur départ. Les étrangers seront conduits à leurs ambassades respectives tandis que les autres seront conduits chacun dans sa région d’origine. Certains se sont déjà évaporés dans la ville de Bamako. A la question de savoir si cette aventure est à refaire, la réponse de Balla Kanté est sans appel :   "plus jamais ça !"

Boukary Daou

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