‘’ Ça nous a rappelé les anciens projets de loi de Debré et de Pasqua. Des projets de loi très durs pour les immigrés. Le projet de loi Eric Besson, au moment où l’Europe est en train de renforcer ses contrôles pour fermer la porte aux étrangers, est vraiment à revoir. ‘’
C’est par ces mots que le président de l’Association malienne des Expulsés (Ame), Ousmane Diarra, s’est expliqué sur le projet du ministre français de l’Immigration et de l’identité nationale, Eric Besson, présenté, mardi dernier, à l’Assemblée nationale française. En effet, la France se signale une fois de plus par un mépris pour les émigrés, par un projet de loi qui durcit les conditions d’entrée et de séjour des étrangers. Il a d’ailleurs soulevé un tollé.
L’opposition française et une bonne frange de la majorité sont montées au créneau pour dénoncer le projet de loi. Pourtant, le texte ne fait, en somme, que reprendre des mesures déjà annoncées par le président français, Nicolas Sarkozy, le 30 juillet dernier, à Grenoble. Ousmane Diarra a fait remarquer que le parlement européen s’est soulevé contre l’expulsion des Roms en France, alors que, a-t-il martelé, ce sont les Africains au sud du Sahara, en l’occurrence, nos compatriotes, qui sont les plus exposés, car beaucoup d’entre eux n’ont pas de papiers. ‘’ C’est très difficile pour nos compatriotes ‘’, a-t-il ajouté. Le président de l’Ame a rappelé les avantages que les Européens, notamment la France, tirent de la main d’œuvre bon marché des émigrés.
Il s’est désolé que l’Europe ait refusé de signer la Déclaration universelle des Droits de l’homme sur l’immigration. Déclaration signée par notre pays et d’autres Etats africains. Pourtant, même les Français, dans une large proportion, ne s’entendent pas sur les conditions draconiennes et humiliantes que l’Hexagone, par ce projet de loi, veut imposer aux émigrés. Parmi ces dures conditions, l’Agence Reuters a retenu que : ‘’ le projet de loi, fort de près de 90 articles sur lesquels ont été déposés 570 amendements, reprend plusieurs des mesures annoncées le 30 juillet dernier à Grenoble par Nicolas Sarkozy, lorsqu’il avait lié immigration et délinquance.
Il propose notamment d’élargir la liste des motifs de déchéance de la nationalité française aux naturalisés depuis moins de dix ans ayant causé la mort d’une personne dépositaire de l’autorité publique…. Il impose, afin de faciliter les procédures d’expulsion, un délai de cinq jours aux sans-papiers avant de pouvoir saisir le Juge des libertés et de la détention et porte de 32 à 45 jours la durée de rétention des Etrangers en phase d’expulsion. ‘’ Parmi d’autres amendements, figurent le principe d’un bannissement obligatoire du territoire pour tout étranger n’ayant pas quitté le sol français alors que cela lui aura été demandé ; les mariages “gris“, fondés sur une tromperie volontaire de l’étranger aux dépens de son conjoint français abusé dans sa bonne foi, passibles d’une peine de sept ans de prison, au lieu de cinq, et d’une amende de 30.000 euros, contre 15.000 actuellement ; l’accès plus difficile à l’aide médicale pour les étrangers sans titre de séjour afin d’éviter un “coût déraisonnable du système de santé français“.
L’un des amendements prévoit que les employeurs de “bonne foi“ ne pourront pas être poursuivis pénalement pour des recrutements illégaux “du seul fait du comportement des salariés concernés”. Vu ces conditions inhumaines, l’Ame monte au créneau pour demander au ministre français de l’Immigration et de l’identité nationale, Eric Besson, et au parlement français de revoir ce projet de loi. Les réactions françaises, aussi, n’ont pas tardé à fuser aussi bien dans le bloc politique de gauche que de droite.
D’après Reuters, le vice-président du groupe PS, Bruno Le Roux, a accusé la majorité de ne jamais se lasser de manipuler la question de l’immigration et de présenter des projets de loi de plus en plus radicaux sur ce sujet. “A chaque fois, une marche est franchie dans l’altération des principes républicains“, a-t-il dit. “Le gouvernement a choisi délibérément un registre de xénophobie, un discours sécuritaire, un discours anti-immigrés pour les élections à venir“, a indiqué Roland Muzeau, porte-parole des députés PC. Même au sein de la majorité, le texte ne fait pas l’unanimité. Le président du groupe du Nouveau Centre (NC), François Sauvadet, s’est déclaré “défavorable“ à l’extension de la déchéance de nationalité. “La nationalité on l’a ou on l’a pas“, a-t-il déclaré. Le président de l’Association malienne des Expulsés (Ame), Ousmane Diarra, a affirmé qu’ils sont en train de voir, en collaboration avec les émigrés, comment réagir contre ce projet de loi
Baba Dembélé