L’association malienne des expulsés (A.M.E) a organisé dans la journée du samedi 25 septembre 2010 une campagne d’information et de sensibilisation dans la ville de Nioro. Cette activité de l’A.M.E s’inscrit dans le cadre du projet ICMD /052 (améliorer l’accès aux soins de santé mentale des personnes en situation de retour forcé vers le Mali). Il s’agissait pour les responsables de cette association et ses partenaires de donner une visibilité sur les conséquences du retour forcé des migrants et particulièrement celles affectant la santé mentale.
Du préfet en passant par le député, les notabilités de la ville et la jeunesse c’était la grande mobilisation autour de cette campagne de sensibilisation de l’association malienne des expulsés avec une conférence débat dont le thème portait sur les conséquences du retour forcé des migrants, la projection d’un film sur le phénomène de migration et un débat public.
Le préfet du cercle de Nioro, Fallé Tangara, dans son intervention pour la cérémonie d’ouverture de la conférence, a indiqué que cette mobilisation de l’AME pour la cause des migrants est une nécessité dans la ville de Nioro. Selon lui, la gestion de ce phénomène demande une forte implication du sommet de l’Etat jusqu’au plus bas niveau de la société. Selon lui, pour l’année 2009, le cercle de Nioro a enregistré plus de 4835 en provenance de la Mauritanie en situation de retour forcé. 80% de ces personnes sont de la région de Kayes et 15% pour le cercle de Nioro. Cette grande mobilité n’est pas sans conséquence sur cette ville tant sur le plan économique que sécuritaire.
Tout comme le préfet, le président de la jeunesse de Nioro, Djibril Bathily, a expliqué le niveau d’implication de la jeunesse dans la gestion de ce phénomène. Cette implication se traduit par un partenariat entre la jeunesse et certaines ONG et les structures déconcentrés de l’Etat comme l’APEJ avec la création de deux GIE.
Selon les organisateurs, cette campagne de sensibilisation à Nioro du sahel n’est pas inopinée. Ce choix se traduit par la position géographique de cette ville par rapport à la Mauritanie, impliquée depuis un certain temps dans la politique de renvois de l’Union Européenne à travers le dispositif frontex. En plus de sa position géographique, la ville de Nioro joue un rôle important dans l’assistance apportée aux refoulés de la Mauritanie dans la mesure où elle constitue un point de départ pour les migrants.
Le conférencier, Jean Richard Thienou, psychologue de l’A.M.E. a édifié la population de Nioro sur les conséquences du retour forcé des migrants et particulièrement celles affectant la santé mentale. Selon lui, le problème mental serait expliqué par deux facteurs. Il s’agit, d’une part, du parcours difficile des candidats à la migration entre le pays de départ et la destination et d’autre part, le retour forcé souvent dans les conditions inhumaines.
Pour apporter une solution aux conséquences désastreuses pour les victimes du retour forcé, il faut mettre l’accent sur l’assistance mentale et physique. Cette assistance constitue un facteur déterminant dans le processus d’intégration et de réinsertion des migrants dans les pays d’origines.
Le chef de la délégation de l’A.M.E, lors de cette campagne de sensibilisation à Nioro du sahel, Oumar Sidibé, a expliqué que ce projet d’assistance aux expulsés et refoulés vers le Mali est le fruit d’un partenariat entre l’Association malienne des expulsés et Médecins du monde France sur financement du PNUD et de l’UE. A travers ce projet, l’A.M.E veut ancrer plus fortement sa présence dans la région de Kayes en développant notamment un accès aux soins en santé mentale au bénéfice des personnes refoulées.
Nouhoum Dicko
Envoyé spécial à Nioro du sahel