Après cinq années de coma profond, ATT a enfin décidé de se réveiller pour défendre ses compatriotes installés à l’étranger.
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Décembre 2003. Y. B., un jeune Malien arrivé au Canada 12 ans plus tôt est l’objet d’une dénonciation anonyme aux autorités d’Immigration du Canada. Sans papiers, il est arrêté sur son lieu de travail, menotté comme un vulgaire malfrat et emprisonné au Centre de détention situé dans une banlieue. Il y passera trois semaines. Tous les appels à l’ambassade du Mali au Canada pour une visite au « prisonnier » sont restés vains. Y. B. sera finalement, malade et amaigri, jeté dans un avion en direction du Mali.
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Janvier 2006. A. K., un autre Malien installé légalement en France, est violemment tabassé par la police suite à un contrôle routier. Le bras fracturé, souffrant d’ecchymoses, il sollicite l’aide de l’ambassade malienne à Paris pour le défendre. Il n’aura jamais de réponse.
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Ces deux exemples parmi des milliers d’autres sont une illustration de l’abandon, voire du mépris dont sont l’objet les Maliens installés à l’étranger, eux qui envoient pourtant près de 200 milliards de F CFA par année dans leur pays d’origine. C’est donc avec intérêt que j’aie écouté le discours d’investiture d’Amadou Toumani Touré le 8 juin, à travers Internet.
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Même si, sur le fond, je ne suis pas un adepte du président, loin s’en faut, je ne peux que me réjouir qu’enfin, il ait compris que les Maliens, même s’ils vivent à des milliers de kilomètres de la mère patrie, ont besoin de leurs autorités pour les défendre, défendre leur personne et leurs biens. Car, ce serait actuellement un truisme de dire que le Malien de l’étranger est un orphelin. Le Malien peut être arrêté, humilié, bastonné, emprisonné sans aucune raison légalement justifiable, il ne dispose quasiment d’aucun moyen de se faire entendre.
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Les ambassades du Mali, à de rares exceptions il est vrai, sont les pires ennemis des Maliens. Il suffit juste de franchir le seuil de certaines juridictions consulaires ou diplomatiques pour humer instantanément l’air du mépris dans l’enceinte. Les ambassadeurs, dans la majorité, fuient la communauté, méprisent les immigrés et donnent le mauvais exemple à leurs subalternes.
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Hypocrisies
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Je défie n’importe quel Malien installé à l’étranger de tester nos ambassades : décrochez le téléphone, dites que vous avez un sérieux problème avec les autorités locales et que vous souhaitez parler au consul ou à l’ambassadeur. Vous ne dépasserez jamais le niveau de la réceptionniste.
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Il suffit pourtant aux Maliens de se rendre dans les ambassades du Sénégal, du Maroc, de l’Afrique du Sud ou de la France pour se rendre compte des soins et de l’attention que ces juridictions portent à leurs ressortissants. Dans certaines ambassades installées à Ottawa, les nationaux n’empruntent même pas les mêmes portes que les étrangers !
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Les immigrés maliens ont l’impression de déranger nos autorités quand elles en ont besoin. C’est pourtant l’impôt des Maliens qui paient les ambassadeurs, ministres ou hauts fonctionnaires qui nous regardent de haut et se donnent plus d’importance qu’ils n’en ont. Nous comprenons difficilement que les autorités de pays aussi prestigieux que l’Allemagne ou les Etats-Unis fassent preuve d’humilité devant leurs ressortissants et que des diplomates ou hauts fonctionnaires d’un pays du Tiers-monde en quête de progrès se prennent pour plus importants qu’ils ne le sont. Et il faut le dire, les Maliens ne sont ni solidaires ni sympathiques les uns envers les autres. Il règne souvent, sur de fausses prémisses, une ambiance de suspicion, de dénigrement qui n’honore personne.
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Pouvons-nous vraiment nous attendre à ce que l’engagement d’ATT soit suivi d’effets ? C’est un souhait réel. Reste maintenant à savoir la forme que prendra la transformation de cette promesse en actes concrets. Les Maliens de l’extérieur ne sont ni des enfants braillards ou bébés gâtés à la recherche de sein maternel. Le simple fait de vivre loin de son pays natal est une preuve de force mentale. Mais face à la force d’un autre Etat, ils ont besoin du coup de pouce du leur propre. Cela s’appelle tout simplement, défendre les intérêts du Mali et des Maliens, raisons d’existence fondamentale d’un pays.
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Ousmane Sow
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(journaliste, Montréal)
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