Dans l’après-midi de lundi 12 novembre, une centaine de Maliens, refoulés de la Libye, ont débarqué à l’aéroport de Sénou. Les refoulés, pour la plupart, malade, suite aux mauvais traitements subis dans les prisons libyennes, sont arrivés dans un dénuement total. Etrangement, tout comme en octobre passé, les autorités maliennes n’ont pas été averties de l’arrivée des refoulés.
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Pour la seconde fois, la Libye a réédité le mode de refoulement du 25 octobre passé, où la Protection civile a accueilli une centaine de Maliens refoulés de la Libye sans que les autorités maliennes ne soient averties de leur arrivée.
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Cette fois-ci, c’est aux environs de 15 heures du soir, dans la journée de lundi 12 novembre, que le sergent-chef Nouhoun Coulibaly de la brigade des sapeurs-pompiers de Sogniko a reçu un coup de téléphone, lui annonçant l’arrivée des Maliens, refoulés de la Libye. Il a aussitôt saisi la Direction de la Protection civile, laquelle a mis à sa disposition des moyens nécessaires pour accueillir les refoulés.
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Sans perdre de temps, il s’est tout de suite rendu à l’aéroport de Sénou. Cela trouvait que le vol spécial, une Boeing 707 affrété par la Libye terminait déjà son atterrissage. Il avait à son bord 103 Maliens qui, malheureusement, n’ont pas eu droit à un accueil digne de ce nom. Pour la simple raison que les autorités maliennes n’ont pas été informées de leur arrivée. Aussi, le Sergent Nouhoun Coulibaly les a conduits à la base des sapeurs-pompiers de Sogoniko à bord de bus.
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Après avoir rempli les formalités officielles, les refoulés ont été hébergés et nourris par les soins de la Protection civile avant d’être acheminés jusqu’à leurs domiciles respectifs aux frais de l’Etat.
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Plus émouvants sont les récits des refoulés des conditions dans lesquelles ils ont été arrêtés et détenus dans des prisons libyennes. L’aspect général de l’écrasante majorité d’entre eux ne reflètent nullement l’image du pays du grand panafricaniste qu’est le leader libyen.
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Hassan Sangaré, 22 ans, originaire de Ségou, raconte que c’est aux environs de 2 heures du matin que les policiers sont venus les arrêter. Ils étaient au nombre de 70 dans le foyer dénommé ‘’Sogojuma’’ à Tripoli. Parmi eux, des Ivoiriens, des Ghanéens et des Guinéens. Mais ceux-ci, au nombre de dix, ont été libérés, dès le lendemain, sur l’intervention de leurs ambassades.
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Les Maliens, quant à eux, soutient Hassan Sangaré, ont été envoyés à la prison de Zouiya, à 40 kilomètres de Tripoli. «Dans cette prison, nous avons été détenus dans des conditions pratiquement inhumaines. Car, ici on ne voyait pas le soleil, on prenait le petit déjeûner vers midi, le déjeûner à 16 heures et ce n’est qu’à minuit que l’on dînait. Et comme si ce traitement n’était pas encore assez, chaque repas s’accompagnait de coups de fouets. Nous avions fait appel à notre ambassade, mais il n’y a pas eu de réaction jusqu’à la journée du lundi, 12 novembre, où les autorités libyennes nous ont mis dans l’avion. Notre malheur, c’est qu’au moment de notre arrestation, personne n’a eu le temps de prendre quoi que ce soit. En plus de mes bagages, j’ai perdu la rondelette somme de 700 dollars plus 230 dinars que j’ai eu à économiser pendant mes deux ans de séjour en Libye».
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Moussa Traoré, 30 ans, originaire de Sikasso, travaillait à la voirie de Tripoli. Il avait déjà passé deux ans six mois à bosser durement et avait réussi à mettre quelques sous de côté.
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Au mois de septembre, il avait été arrêté et détenu dans les mêmes conditions qu’Hassan Sangaré. Moussa Traoré déclare avoir perdu un téléphone portable de marque Nokia, la somme de 2700 dollars, plus son fonds de commerce constitué de 30 paires de chaussure et de cinq complets neufs.
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Macalou Koly, 31 ans, maçon de formation, avait quitté Gadamèze pour aller à Tripoli. C’est au cours de ce voyage qu’il avait été pris, les policiers ont retiré tout ce qu’il avait comme bagages, la somme de 1800 euros et un téléphone portable.
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Traoré Alphonse, quant à lui, ne décolère pas. Il avait été menotté et enchaîné aux pieds. Ses membres supérieurs et inférieurs présentent encore des blessures au niveau des poignets et des jambes. Pour lui, la faute revient au gouvernement malien qui ne fait rien pour ses citoyens. «Les ambassades de Ghana, Côte d’Ivoire et Guinée ont protesté auprès des autorités libyennes, les citoyens de ces pays, qui ont été arrêtés en même temps que nous, n’ont fait qu’une nuit de détention. Mais nous Maliens, nous avons passé deux mois trois jours de prison. Je ne suis pas le seul qui ait été enchaîné et maltraité, beaucoup d’entre nous ont été copieusement battus. Pour mieux se foutre de nous, avant de nous embarquer dans l’avion, ils nous ont fait porter du n’importe quoi, Je porte à mes pieds de chaussures complètement différentes». Questions : quel rôle joue l’ambassade du Mali à Tripoli ? Comment peut-on expliquer qu’un avion quitte la Libye avec des Maliens refoulés et que l’ambassade ne soit pas au courant afin d’avertir les autorités à temps ?
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Cette situation qui ne fait que se répéter interpelle vivement les plus hautes autorités du Mali.
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Pierre Fo’o MEDJO
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